chapitre treize :

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                                                                                          - Harry Styles. -


Son esprit n'était plus occupé que par les lèvres et le visage du métis. Vingt quatre heures, un jour entier qu'il ne pensait qu'à cela. Ce baiser avait été tellement soudain et inapproprié qu'il l'avait, en fait, adoré. Certes, il se sentait coupable et honteux de faire cela à son copain, mais il ne pouvait s'empêcher de penser que c'était un bon petit acte de vengeance. En quelques mois, jamais Maël ne l'avait embrassé ainsi, ni même embrassé tout court. Ces papillons dans le bas de son ventre, ces frissons qui remontaient dans son échine, ces douces caresses par des mains chaudes sur sa peau, cette douceur. Tout cela lui manquait, l'amour lui manquait. Et c'était d'autant plus flagrant maintenant qu'il avait goûté, de nouveau, à la sensation de lippes contre les siennes. Il ne savait pas réellement quoi penser. Si c'était une erreur ou non, de sa faute ou non, si à cause de ce contact il devait couper les ponts avec le jeune peintre... Les réponses restaient floues. Zayn, après le baiser, s'était éclipsé en lui glissant un « je suis désolé » dans un murmure léger. Comme si c'était lui le vrai coupable de la situation alors que non. Maël était le seul déclencheur de tout cela. Depuis, Harry ne faisait que ressasser ce moment, passer ses doigts sur ses lèvres qu'il pouvait encore sentir picoter, comme si avec ce geste il allait retrouver la sensation qu'il souhaitait encore ressentir. Et il pensait aux mots que le métis n'avait cesser de lui répéter, que ce n'était pas un bon comportement que son petit-ami avait envers lui, qu'il devrait le quitter, mettre fin à ce cauchemar qu'il vivait. Il le savait. Il savait parfaitement, et il comprenait aussi, que cette vie de douleur et de coups n'était supportable pour personne, que ce n'était pas ça l'amour. Mais il ne pouvait pas. Pour toutes les raisons qu'il avait évoqué. Il ne pouvait pas se résigner à le quitter.


D'abord, parce que Maël a tout les droits sur cette maison. Elle a son nom, c'est lui qui a signé les papiers et qu'il l'a acheté, même si le bouclé avait insisté au départ pour lui rembourser au moins la moitié au fil du temps, avec son emploi. Ensuite, il ne se voyait pas aller vivre chez un ami en attendant de trouver un appartement. Cela lui demanderait beaucoup de temps et d'argent. Il avait pensé à aller vivre chez sa mère en attendant de trouver une solution, mais elle habitait bien trop loin, à plusieurs heures de routes, et il ne pouvait pas se permettre de faire deux heures et demi de route chaque matin et chaque soir pour garder son travail au café. Conclusion, s'il décidait de revenir à sa maison familiale, il devrait se contraindre à abandonner son travail, ses amis et ses habitudes. Et ça, il ne pouvait pas. Il ne retrouverait pas un poste si facilement, malgré son ancienneté dans ce petit commerce où il était en ce moment même, et il ne pourrait pas non plus venir assez régulièrement pour rendre visite à Michael. Alors, il se voyait obligé de subir cette relation catastrophique et cauchemardesque. Jusqu'à ce qu'il trouve et rassemble assez d'argent pour s'acheter un petit logement et fuir loin de cet enfer. Il essayerait du moins. Et, si Maël le trompait... Maël le trompait, c'était une évidence, le « si » n'était même plus à inclure. Ce n'était plus une supposition mais un fait réel, un doute qui s'était vu confirmé avec les preuves, les photos, les propos que lui avaient rapportés le basané. Alors, Maël le trompait, depuis longtemps, avec des femmes différentes. Fréquemment. Dans ce cas, il ne voyait pas pourquoi il restait encore avec lui. Alors que depuis longtemps, il aurait pu partir avec une de ces conquêtes, étant donné l'argent qu'il gagnait avec son métier.

Vingt quatre heures qu'il voguait dans la maison, sans rien dire, sans rien faire de spécial. Son copain ne se rendait même pas compte de son état, il préférait rester devant la télévision avec sa bouteille de bière, son joint et son portable. Alors que Harry passait sa journée soit enfermé dans son petit atelier à regarder, trier et tirer des photos ou soit à lire dans la chambre. Mais, il avait besoin de parler. De se livrer à quelqu'un. Pour le moment, à cause de sa douleur aux hanches et de son bleu -qui commençait certes à partir- il ne pouvait pas se rendre au travail avant le Lundi. Donc, encore trois jours. Et là, il se sentait étouffer dans cette maison. Michael était beaucoup occupé par sa relation avec Ashton, par le travail, et il ne se voyait pas en plus lui parler de ses problèmes de coeur. Il y aurait bien trop de choses à dire, trop de points sombres et de mensonges à éclaircir. Pour le moment, il n'en avait pas le courage. Il voulait s'isoler, se changer les idées, s'éloigner du mal, de l'ombre et profiter de ce que la vie pouvait lui donner. Alors, sans réfléchir à deux fois, il saisit son portable et composa le numéro de sa mère. Il l'appelle au moins deux fois par semaine, pour donner des nouvelles, garder contact et savoir comment les choses vont à la maison. Deux intonations, puis elle décroche. Sa voix douce et joyeuse lui réchauffe tout de suite le coeur.


« Oh bonjour mon chéri ! »
« Bonjour maman. »
« Tu vas bien ? Tu n'es pas censé travailler à cette heure-ci ? »
« Si, mais euh... Il hésita, il n'avait pas vraiment prévu d'excuse. J'ai eu une petite semaine de pause, et je me suis dit que... Que je pouvais passer venir vous voir à la maison peut-être ? »
« Avec plaisir Harry ! Tu nous manques beaucoup, tu n'es pas venu depuis cet été. »
« Le temps du week-end. »
« Ton congé a débuté quand ? »
« Mhh hier après-midi. »
« Pourquoi tu ne resterai pas quelques jours de plus dans ce cas ? Ça nous ferait plaisir à papa et moi. »


Au fil de la conversation, malgré l'invitation et la semaine de pause imprévue et totalement inventée, il sentait son coeur se remplir de chaleur et de joie. Chose qu'il n'avait pas ressenti depuis longtemps, peut-être seulement à ce baiser hier. Il avait besoin de changement, de se sentir libre de ses actes, de ses paroles et de penser le temps de quelques jours. Ça ne pourrait lui faire que du bien, de retrouver l'ambiance chaleureuse et aimante de sa famille, de parler avec sa mère, de passer du temps avec son père. Comme quand il était enfant, quand ils restaient des heures dans le garage à réparer la voiture, bricoler. Enfin, surtout son paternel, lui s'occupait de peindre des bouts de bois, de prendre en photo certains objets destinés à la vente. Puis, lorsqu'il pouvait passer une après-midi entière à faire des gâteaux avec sa parente, à préparer un bon repas qui mijotait ensuite sur le feu, alors qu'eux parlaient en attendant la fin de la cuisson. Le bon vieux temps, qu'il voulait retrouver, qu'il regrettait. Peut-être, il se le disait, avait-il quitté le cocon familial bien trop rapidement, pour un amour qu'il pensait éternel et qui avait viré au drame finalement.


« Alors, je prépare mes affaires et je suis là pour... Il regarda l'horloge au salon et reprit ensuite. Vingt heures trente, disons. »
« Très bien mon ange ! Je vais te préparer ton plat préféré dans ce cas ! »
« Tes lasagnes spéciales ? »
« Oui, exactement. »


Harry peut l'entendre sourire à travers le combiné, le sourire réconfortant de sa maman, celui qui fait naître le sien aussi. Après avoir eu une petite conversation avec elle, il raccrocha et alla directement faire son sac. Pas grand-chose. Des vêtements, le strict nécessaire, son portable, son ordinateur, un livre, etc.... Au bout d'une heure, tout fut prêt. Il laissa un mot sur la table du salon à son copain, qui n'allait sûrement pas s'en inquiéter, et envoya un message à Michael juste avant de partir. Il préviendrait Meg de son absence au moins Lundi et Mardi, elle comprendrait, puis vu qu'il ne prenait généralement pas beaucoup de vacances, il avait de nombreux jours de congés à son compte. Donc, le droit de prendre un peu de repos. Le jeune homme éteignit toutes les lumières, ferma la porte et posa son sac sur le siège passager. Puis, aussi rapidement, il se mit en route. Heureux d'enfin pouvoir se détacher de la réalité quelque temps et faire comme s'il revenait deux ans en arrière. Il avait, certes, de la route, mais cela ne l'empêchait pas de se sentir léger et libéré.

Pour accompagner son voyage, il mit un cd d'un nouveau chanteur et chanta au rythme de sa voix. A un feu rouge, à peu près à la moitié de la route, il envoya un message à sa mère pour la prévenir qu'il ne tarderait pas à être là. Il répondit à un autre de Michael qui lui souhaitait un bon week-end et qui lui fit promettre de l'appeler durant celui-ci. Puis, en moins d'une heure, il se retrouva dans son ancien quartier. Une bouffée de nostalgie monta en son être. Il reconnaissait la petite boulangerie où il avait l'habitude d'aller en rentrant du lycée avec son ami de l'époque, ou encore la librairie où il passait beaucoup de temps à simplement feuilleter les ouvrages sans forcément repartir avec un nouveau titre en main. Mais c'était simplement le plaisir de sentir la livre entre ses mains, le papier, et sentir l'odeur qui en émanait. Ou encore ce parc où il se rendait souvent, jadis, avec sa mère le week-end. Ces maisons, ces routes, ces rues, ces commerces.... Tout lui revenait en mémoire, une véritable claque. Une bourrasque. Son enfance, son adolescence. Il avait grandi, évolué ici. Son université, son lycée, son collège, son école primaire. Comme s'il remontait des années en arrière.

Le plus dur, le plus frappant fut quand il arriva chez lui. Devant son ancien domicile. Rien n'avait changé, à part peut-être la façade qui avait été repeinte et le gazon tondu. Tout était comme dans ses souvenirs. Tout était intact. Il se gara rapidement devant, se détacha et saisit son sac avant de sortir. Ça sentait les fleurs, l'herbe et le bonheur. En bien peu de pas, il se retrouva devant la porte, sur le porche. A côté de la fenêtre se tenait toujours leurs trois fauteuil en bois où ils avaient coutume de s'installer l'été, il afficha un petit sourire nostalgique et toqua finalement. De petits bruits se firent entendre puis la porte s'ouvrit sur le visage éblouissant et le sourire ravissant de sa mère, sourire qui se fana quand elle porta le regard sur lui.


« Harry, mon dieu mais... C'est quoi ce bleu sur sa joue ? »
« Oh ça... »


En fait, il n'avait pas vraiment prévu d'expliquer cette blessure à sa mère. Sous la précipitation, il n'y avait même plus pensé. Il tenta de chercher rapidement une excuse valable, crédible, sous les yeux inquiets de sa mère. L'inquiéter était bien son dernier souhait. Évidemment, il comptait un jour tout lui avouer. Sur Maël, sur la violence, sur les insultes, sur les coups... C'était inévitable. De toute manière, il ne pouvait pas mentir très longtemps à sa mère. Mais pas tout de suite, pas maintenant qu'il se sentait heureux de revenir chez lui. Il était venu ici pour se vider l'esprit et non pour se le brouiller avec des idées noires.


« Tu connais ma maladresse légendaire, j'ai voulu attraper un livre en haut de mon étagère et un ou deux me sont tombés sur le visage. J'ai eu de la chance de n'avoir rien à l'oeil d'ailleurs. »
« Oh mon trésor. Tu t'es soigné au moins ? »


Harry exprima un vrai rire et hocha ensuite la tête avant de venir se réfugier dans ses bras. Son sac se retrouva au sol et il enfoui sa tête dans son cou, comme un enfant. Il ne voulait pas la lâcher. Ils restèrent quelques secondes ainsi. Lui, s'imprégna de son parfum rassurant de vanille et profita de ses douces caresses dans son dos. C'était ici, sa place. Il le sentait battre en lui, au fond de son coeur brisé. Se retrouver ici lui faisait un bien fou, il revivait rien qu'en remettant les pieds dans ce quartier. Son père arriva également, après que sa parente lui eu caressé délicatement la joue, il alla le prendre également dans ses bras. Son foyer lui avait tant manqué. Pour commencer, il monta son sac dans son ancienne chambre dont les murs étaient à présent repeins à neuf, sans aucune affiche de festival ou de film, et sans ce cadre géant de photographies. Mais s'en était d'autant plus chaleureux. Son lit avait toujours la même couverture bleutée de l'époque, le bureau se trouvait toujours près de la fenêtre qui donnait une grande source de lumière à la pièce. Il avait l'impression d'avoir encore seize ans.

Le reste de la soirée, il la passa à déguster un bon repas ainsi qu'un gâteau aux côtés de ses parents. Ils parlèrent de tout et de rien, des nouvelles de la famille, du voisinage, du bricolage que faisait toujours son père dans le garage et des rumeurs qui courraient dans le quartier. Durant des heures, il avait tout oublié, il n'avait même pas regardé son portable, préférant le laissé en mode silencieux dans son sac. Et il ne fut même pas surpris quand, à près de minuit, quand il monta se changer pour mettre ses vêtements de la nuit, il ne vit aucun nouveau message. Du moins, de la part de Maël. Simplement un de Michael qui lui souhaitait de bonnes retrouvailles en famille. Peut-être n'était-il même pas encore rentré, ou trouvait-il cela tout à fait normal que le bouclé se fasse un week-end en famille sans donner une seule explication. Il soupira et enfila un nouveau sous-vêtement ainsi qu'un tee-shirt. Sachant qu'il n'allait pas dormir maintenant, il rejoignit sa mère au salon qui feuilletait un magazine dans le canapé. Son géniteur, lui, était déjà couché depuis une bonne demi-heure. Il s'installa à côté d'elle et vint poser sa tête sur son épaule, elle afficha un sourire en coin et déposa ses lèvres sur son front où tombaient quelques boucles brunes.


« Tu n'es pas fatigué ? »
« Pas encore... Je suis en train de penser au fait que ça me manque d'être ici, avec vous. »
« Viens nous voir plus souvent dans ce cas. »
« Je sais que je devrais, mais avec le travail c'est compliqué. Pas que je finis tard, mais je dois m'occuper de la maison, des tâches ménagères et tout. »
« Et Maël ne t'aide pas ? »
« Il rentre tard, il... Il a beaucoup de patients en ce moment. L'hiver approche, les gens tombent plus facilement malade. »
« C'est inconvénient de la vie de couple, parfois, il faut savoir faire des concessions. Regarde, je supporte les ronflements de ton père depuis plus de vingt ans. »


Face à cette phrase, le bouclé se mit à rire de vive voix, accompagnée rapidement par celle de sa mère. Il adorait cette complicité entre eux, ce lien si fort qui les unissait depuis maintenant pas loin de vingt ans. Ils n'avaient quasiment jamais eu de grosses disputes, certes quelques conflits et désaccords, des moments où il venait à presque la détester parce qu'elle ne comprenait pas son comportement d'adolescent. Tous les problèmes que rencontraient chaque enfant, un jour, à un certain âge, avec ses parents. Bien entendu, il était également proche de son père, comme tout garçon, ils partageaient beaucoup de chose et de passions en commun. Mais, toujours quand il devait se confier ou quand il traversait une mauvaise passe, il avait pour habitude de toujours se réfugier vers sa génitrice. Elle trouvait toujours les mots justes, elle possédait toujours les gestes rassurants et ne jugeait jamais ses choix ou sa manière de voir certains points. C'était à elle en premier qu'il avait avoué son attirance pour les hommes et elle lui avait gentiment caressé les cheveux en lui disant qu'elle était fier de lui. Son père ne s'était jamais montré réticent à cela, il n'avait pas d'avis, tant que son fils était heureux. Et Harry savait, qu'en dehors du cauchemar dans lequel il vivait constamment depuis près de deux ans, il pouvait compter sur sa merveilleuse famille. A trois, ils formaient une sacré belle équipe.

Ils discutèrent encore un petit moment dans le canapé, une simple conversation entre mère et fils. Le bouclé adorait cela, se retrouver chez lui, au calme, en sûreté et éloigné de tout. Ici, il pouvait prendre le temps de réfléchir et de se remettre les idées en place. Ce fut vers minuit et demi qu'il remonta dans son ancienne chambre, il ne se sentait pas encore prêt à dormir, alors il prit son portable et envoya un message à son meilleur ami pour savoir s'il pouvait l'appeler. Une fois qu'il eut sa réponse positive, il se leva, ouvrit la porte du petit balcon et sortit au dehors. Pour une fin d'automne, il ne faisait pas encore trop froid, il avait simplement enfilé une veste. Après trois tonalités, le téléphone décrocha à l'autre bout.


« Hey Harry ! »
« Salut, comment ça va ? »
« C'est plutôt à toi que je devrais demander cela, tu n'es pas venu depuis plus de quatre jours. »
« Oui, je suis désolé. Mais, je suis un peu malade. Je suis retourné voir mes parents, je pense revenir Mardi ou Mercredi. »
« Tu as prévenu Meg ? »
« Je vais le faire demain matin. »
« De toutes manières, tu avais beaucoup de vacances à ton compte vu que tu n'en prends jamais ! »
« Oui, puis ça me fait du bien d'être ici. »
« Je veux bien te croire. Profite en tout cas. »
« C'est ce que je fais ! »
« Tant mieux. Il y eut un petit silence. Et sinon, quoi de neuf ? »
« Oh bah... Rien, tu sais. La routine. Et toi ?»
« Pareil, il y a un peu plus de monde au café c'est tout. »
« Et avec Ashton ? »
« C'est... Toujours au même stade, je suppose ? »
« Ne t'en fais pas, il t'adore aussi. »
« Ouais, on verra. Et, Maël est venu avec toi chez tes parents ? »
« Non non, il a pas mal de travail alors je suis parti sans lui. »


Harry haussa les épaules, il ne savait pas quoi dire. S'il devait tout avouer au garçon par rapport aux derniers événements qui étaient survenus dans sa vie, s'il devait se confier à lui, en premier ou d'abord à sa mère. Une chose était certaine, il ne pouvait pas tout garder pour lui, sinon il finirait pas exploser. Il ne savait pas par où commencer, s'il devait se sentir coupable complètement, s'il devait rayer le métis de sa vie, s'il devait rester avec Maël alors qu'il lui faisait clairement du mal, physiquement et mentalement. Son esprit était embrouillé, il ne voyait plus clair. C'était tout de même son meilleur ami au bout du fil, celui avec qui il parlait le plus de ses problèmes, le premier vers qui il allait normalement. Il savait qu'il ne le jugerait pas sur ses choix, mais il avait tout de même peur de le dire à voix haute. D'avouer que le châtain le trompait depuis longtemps, qu'il lui faisait du mal et qu'il avait également embrassé Zayn.


« Michael ? »
« Oui ? »
« Je... Je voudrais te parler d'un truc, mais je préférerai attendre qu'on soit face à face. »
« C'est grave... ? »
« Un peu, mais je veux être de retour et te le dire directement. Ne t'inquiète pas, c'est simplement une longue histoire. »
« D'accord Harry, mais prends soin de toi ok ? »
« Oui merci. Il afficha un petit sourire, que son ami ne pouvait pas voir bien sûr. Il se fait tard, je vais aller me coucher. »
« Bonne nuit, merci d'avoir appelé. »
« Bonne nuit, à bientôt. »


Et il raccrocha avant de revenir à l'intérieur. La chaleur lui réchauffa le corps directement, il retira sa veste et fila sous la couverture. Toujours aucune nouvelle de Maël. Il poussa un soupir et éteignit son portable puis le posa sur la table de chevet à côté. Une main au dessus de la tête et l'autre posée sur son ventre, il fixa le plafond dans le noir avant de fermer les yeux. Et, sans vraiment qu'il ne s'en rende compte, il tomba dans un sommeil lourd et profond. Chose qu'il n'avait connu depuis longtemps.


                                                                                                    * * *

Michael savait, il savait déjà de quoi Harry va lui parler. Du moins, il suppose que le sujet tournera autour de son couple et de Maël. De l'acte d'adultère qu'il subissait depuis trop longtemps. Par contre, il ne sait pas encore comment se sont passés les choses avec Zayn, si c'est également à cause de cela que le bouclé avait décidé de s'éloigner, si le métis lui avait réellement tout avoué. Au fond, même si cela faisait mal, il espérait que oui. Que son ami soit au courant et qu'il se rende compte du mal que son copain lui inflige. Il était content qu'ils aient enfin une discussion à ce propos, parce que le brun restait assez fermé sur le sujet de son couple. Et il trouvait que cela faisait un moment qu'ils n'avaient pas partagé ce lien si fort entre eux, ce lien d'union et de grande amitié. Certes, il n'en doutait pas, loin de là, mais la dernière fois qu'ils s'étaient confiés l'un à l'autre remontaient à un certain temps. Et il avait besoin, lui aussi, de parler à quelqu'un, de libérer un peu le poids qui lui pesait sur les épaules. De lui parler d'Ashton.

Depuis le baiser, qui s'était produit il y a de cela presque une semaine, Michael n'avait eu aucune nouvelle du garçon. Aucun message, aucune visite au café, aucun appel. Rien. Comme si, subitement, il avait disparu de la surface de la terre. Mais ce n'était pas vraiment le cas puisqu'il avait posté sur son facebook deux ou trois photographies d'un graffiti et un cliché d'un couché de soleil sur instagram. Alors, il commençait à croire qu'en fait... Il l'évitait. Michael était en colère, honteux et triste. Trois émotions très noires qui remontaient en lui depuis ce -presque- baiser.

Depuis cette erreur de parcours qu'il avait commise. C'était entièrement de sa faute, il le savait. Il n'aurait jamais du prendre ses rêves pour de la réalité. Tout cela n'avait été qu'une simple balade entre amis, des rendez-vous sans aucun sous entendu. Pourtant, lui avait cru le contraire. Visiblement, il fut le seul. Ashton ne ressentait, apparemment, rien pour lui. Qui plus est, il ne devait sûrement pas être intéressé par les garçons. En désespoir de cause, il avait envoyé un message à Zayn pour en savoir un peu plus. Il avait appris, qu'effectivement, le châtain était sortit avec une fille il y a peu, Zoë. Il était, en fait, attiré par les deux sexes mais tendait un peu plus vers la gente féminine tout de même.

Au départ, après cette nouvelle, il avait tout de suite pensé que rien n'était encore totalement perdu... Mais il avait repensé à ce soir où il avait failli l'embrasser et à la manière dont Ashton s'était reculé et cette peur sur son visage. Et il avait compris qu'il devait sûrement passer à autre chose. Mais c'était plus facile à dire qu'à faire. Tirer un trait sur une personne dont on commençait à doucement tomber amoureux n'était pas aussi simple. Son coeur se serrait douloureusement à chaque fois qu'il pensait aux souvenirs qu'ils avaient en commun. Depuis la fête d'Halloween, peu de temps s'était écoulé, certes, mais il l'avait tout de suite apprécié. Là, il se trouvait tout simplement stupide d'avoir gâché une si belle amitié naissante. Cela aurait pu être quelque chose de beau et de sincère. Mais Michael, comme à son habitude, avait tout gâché. Il poussa un grognement de rage et s'allongea sur son lit. Son réveil affichait une heure du matin et il ne trouvait pas sommeil. Il passait ses journées, quand il revenait du travail, devant son écran d'ordinateur ou de jeux-vidéos à tuer des zombies ou des montres. A côté de cela, il ne sortait plus. Depuis près d'une semaine. Il n'avait plus l'envie et le goût pour s'amuser.

Étendu sur le ventre, uniquement éclairé par la petite lampe de chevet, il saisit son portable et fit un tour sur quelques réseaux sociaux, il regarda de nouvelles vidéos de jeux mises en ligne. Au bout d'un moment, n'ayant plus rien à faire, il termina sur instagram. Les photos défilaient, celles de stars, de youtubeurs, des gens de sa famille, d'amis puis... Une qui serra son coeur. Un cliché publié par Ashon, il apparaissait dessus avec une belle jeune femme blonde, tous deux avec un magnifique sourire. Elle datait d'il y a trois petites heures, la fille était identifiée sous le nom de Zoë. Par curiosité, il alla visiter son profil.

Tout de suite, il comprit pourquoi le châtain était tombé sous son charme, même si Michael était attiré par les garçons, il ne pouvait renier le fait qu'elle était sublime. Elle possédait de belles formes, des yeux marrons brillants, une peau dorée, laiteuse, un visage fin. Sur chaque photographie, elle posait comme un vrai modèle et ça ne l'aurait pas étonné qu'elle soit également dans le milieu de l'art. Il serra les dents et verrouilla son portable avant de le jeter plus loin au sol. Pour ce soir, il ne voulait plus rien savoir. Il ne voulait plus penser à Ashton, il ne voulait pas penser au fait qu'il avait revu son ancienne petite-amie et pour quelles raisons il l'avait fait. Il ne voulait pas penser à la possibilité qu'ils soient ensemble en ce moment. Le garçon éteignit sa lumière et enfoui sa tête dans son coussin en essayant de trouver le sommeil et d'oublier toutes ces mauvaises nouvelles.

Art & Coffee. || Zarry.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant