- Zayn Malik.-
Malgré le fait que Harry passait beaucoup de temps chez lui, Zayn devait aussi s'occuper de ses projets d'arts. Alors, il partait le matin en même temps que le bouclé, qui se rendait au café, et restait pratiquement toute la journée à la galerie. Le midi, il prenait son repas en sa compagnie et le raccompagnait à son travail avant de retourner à l'atelier. Et ce, depuis une petite semaine. Il était, bien entendu, retourné chez lui entre deux, souvent dans la soirée quand Maël n'était pas encore rentré. Il y avait passé une nuit. Pour retrouver un peu ses repères et ses habitudes. Aussi, pour ne pas envahir l'espace du métis et de son meilleur ami. Il détestait s'imposer ainsi chez les gens. Mais lorsqu'il y revenait, il faisait toujours en sorte de laisser croire qu'il n'avait encore jamais remis les pieds là. Une semaine, et son copain n'avait donné aucune nouvelle. Aucun message. Aucun coup de fil. Aucune visite au café. D'ailleurs, à part pour venir le chercher un soir, il n'était jamais venu le voir sur son lieu de travail. Zayn lui faisait comprendre qu'il pouvait et devait prendre son temps, qu'il ne devait pas s'inquiétait, que sa porte lui était ouverte, toujours. Et son lit avait bien assez de place pour accueillir une deuxième personne. Il était plus que ravi d'avoir sa présence à ses côtés plus souvent, de pouvoir sentir ses bras autour de lui en s'endormant et son souffle lent dans son cou, le lendemain matin. En somme, ils se retrouvaient à deux dans la maison que dans la soirée. Luke était là aussi, si ce n'était le vendredi soir quand il allait dormir pour le week-end chez son copain. Mais il appréciait également la présence du bouclé. Il faisait en sorte de toujours le mettre à l'aise, comme s'il était chez lui.
Ce Vendredi, Zayn était rentre un peu plus tard de l'atelier. Son projet lui avait pris du temps et il avait tellement plongé dedans qu'il n'avait pas remarqué que l'horloge affichait dix neuf heures. Ce fut donc, carton de dessin sous la main et sac sur l'épaule, qu'il rentra chez lui. Épuisé, mais de bonne humeur. La première chose qu'il remarque fut le bruit de conversation provenant de la cuisine, il posa ses affaires dans l'entrée, retira sa veste et son écharpe avant de rejoindre la pièce. Luke et Harry se trouvaient là, en train de cuisiner, un livre de recette ouvert sur la table, le blond avec un tablier autour de sa taille et le bouclé en train de touiller sa grande cuillère en bois dans une casserole. Ils discutaient ensemble sur la cuisson de la viande, le métis les observa un moment, un sourire amusé sur le visage, avant d'avancer en se raclant la gorge. Les deux garçons arrêtèrent de parler et se tournèrent alors vers lui. Il vint prendre son meilleur ami dans ses bras, qu'il n'avait pas eu le temps de voir ce matin car il commençait le travail tôt. Et, même s'il l'avait accompagné au café ce matin, il ne pouvait s'empêcher d'aller poser ses lèvres rapidement, mais avec douceur, sur la joue rosée du brun.
« J'aidais Harry à préparer le repas de ce soir, il a insisté pour te cuisiner quelque chose. Luke leva les mains au ciel tout en riant, alors qu'il défaisait son tablier. Mais là, j'attendais ton retour pour y aller. Je vais dormir chez Andrew ce soir. »
« Désolé, je suis rentré assez tard, je n'ai pas vu le temps passer. »
« Ne t'inquiète pas. On s'est bien amusés. Au revoir Harry. »
« A bientôt. »
« Je vous laisse, les tourtereaux ! »
« Luke ! Grogna le métis. »
Le concerné rit de plus belle et lui tira la langue, lui faisait comprendre qu'il s'amusait simplement. Cependant, le rougissement sur les joues du bouclé ne lui échappa pas. Zayn râla encore, puis raccompagna son ami jusqu'à la porte, tandis que l'autre garçon finissait de cuisiner tranquillement. Il le laissa prendre son sac et ses affaires puis le serra une dernière fois dans ses bras. Le blond lui sourit et ébouriffa ses cheveux, un peu taquin.
« Profite bien de ta soirée avec ton amoureux. »
« Luke... »
« Mais quoi ? Ne me dis pas qu'il ne ressent pas non plus quelque chose pour toi, après ça. Il a voulu te préparer un repas complet, il t'a dévoré du regard quand il tu es rentré. Tu as vu à quel point ses yeux brillaient ? Non ? Eh bien moi si, même que je pense qu'il voulait que tu l'embrasses et pas seulement sur la joue. »
« Tu n'as pas ton copain qui t'attend ? »
« Mauvaise foi. Le blond leva les yeux au ciel en souriant. En tout cas, ne faîtes pas trop de bêtises ! »
« C'est ça. Passe le bonsoir à Andrew pour moi. »
« Je n'y manquerai pas. »
Et le calme revint dans l'appartement quand le métis referma la porte sur son ami, il revint sans attendre dans la cuisine et observa le bouclé de dos en train de mettre un peu d'épice dans le plat. Discrètement alors, il glissa jusqu'à lui à pas de loup, puis passa ses bras autour de sa taille. Son torse collé à son dos, il lia ses doigts sur le ventre du brun et posa son menton sur son épaule. Il sentait agréablement bon et Zayn aurait pu rester des heures ainsi. Harry tourna légèrement la tête vers lui en souriant, frotta sa joue à son front avec une grande tendresse, ses mains longues et chaudes glissèrent sur les siennes. Tout sa chaleur se répandait dans son corps et pourrait presque le faire fondre d'amour. Il se trouvait sur un vrai nuage, quelque chose pas loin du paradis. Même s'il n'avait pas encore le garçon totalement pour lui, qu'il était encore officiellement en couple avec Maël, il était certain à quatre vingt dix-neuf pourcent que toutes les chances étaient de son côté. Mais voilà, il y avait ce dernier pourcent qui posait problème, qui lui faisait émettre un – assez gros- doute. Il savait qu'il était sincère, qu'il n'était pas du genre à faire des promesses en l'air, que s'il lui disait « j'ai besoin de toi, je te veux, sauve moi. » ce n'était pas pour le repousser ensuite quand tout irait mieux. Parce qu'il fallait se rendre également à l'évidence, les choses ne feraient qu'empirer avec son Maël. Son comportement semblait de plus en plus violent et plus il restait à ses côtés, plus le quitter deviendrait difficile. Retarder ne ferait qu'aggraver la situation. Seulement Zayn était dans cette position où il ne pouvait rien dire ou faire, il devait se contenter d'attendre le verdict.
Ses lèvres se posèrent délicatement sur la peau de son cou, y laissant la trace d'un doux baiser et celle de son affection également. Il sentit le bouclé frissonner son ses gestes et ce fut, lui même, qui se retourna pour venir capturer les lippes du métis des siennes. L'échange ne dura que quelques secondes, dix ou cinq, peu importait et c'était bien assez à leurs yeux. Un simple contact, mais qui voulait tout dire. Absolument tout. Ses longs doigts fins glissèrent sur sa joue métissée, il lui sourit, son regard ancré dans le sien, et il se recula finalement. Zayn fit de même et s'occupa de mettre la table au salon, pendant que le repas finissait de cuire doucement sur le feu. Harry ramena un petit vase remplit d'un bouquet d'une dizaine de roses qu'il posa au milieu, le basané lui jeta un regard amoureux, et le jeune bouclé sentit ses joues s'enflammer. Il repartit rapidement en cuisine vérifier et préparer le plat. Une assiette bien remplie de dinde, de pommes de terre et de différents légumes arriva alors. La télévision avait été allumée sur une chaîne d'information, pendant qu'ils dégustaient ce dîner ils se mirent à discuter de choses à d'autres. Zayn parla de sa galerie, des nouveaux projets qu'il avait en tête, notamment une grande toile qu'il voulait produire sur un paysage. Il écouta ensuite le brun parler de ses photographies, du café et des compliments qu'il avait reçu pour ses muffins aux myrtilles. Tout cela, accompagné de doux sourires, de regards insistants et de doigts qui s'effleuraient timidement.
« Merci pour le repas, pour cette soirée, Harry. C'était excellent. Je me suis régalé. »
« Vraiment ? J'avais l'impression que la dinde était trop cuite. »
« Non, c'était parfait, ne t'en fais pas. »
Les deux jeunes hommes étaient installés dans le canapé, devant un film, l'un contre l'autre. Harry avait sa tête contre l'épaule du basané, sa main sur son torse et lui avec un bras autour de sa taille. Comme un couple banal.
« Tu n'étais pas obligé de faire tout cela pour moi. »
« C'était pour te remercier de m'accueillir chez toi, je me sens mal à l'aise de m'incruster comme ça dans vos vies et... »
« Je t'ai dis que tu étais ici chez toi, tu n'as pas à te sentir mal de venir. »
Harry hocha la tête et se mordit la lèvre quelques secondes avant de poser un baiser, un peu plus long, sur celles du métis. Un merci silencieux. Les gestes étaient parfois plus forts que les mots, ils avaient plus d'impact. Une caresse sur une joue, un regard gêné, des étoiles dans les yeux, une lueur étincelante, des doigts liés, des lèvres qui se cherchaient sans jamais se trouver, des mains timides sur la peau... Zayn avait l'impression de vivre un premier amour, celui qui réveille le corps, réchauffe le coeur et tord agréablement le ventre. Celui qui faisait frissonner au moindre contact, qui emmenait l'autre sur une autre planète pendant un baiser. Se sentir léger, ailleurs, aimé, dérouté, détourné, chamboulé, en sécurité. Ils se regardèrent dans les yeux pendant un long moment, juste avec des sourires sincères. Ils finirent la soirée devant The theory of everything et allèrent se lover dans le lit quand la nuit était déjà bien tombée. Au chaud, sous les couvertures et entre les deux coussins. Leurs nez se touchaient presque, ils respiraient l'air et l'odeur de l'autre. Leurs mains liées contre leurs torses. Zayn, qui aimait animait la conversation, lui racontait des histoires que sa mère lui lisait étant petit. C'était très enfantin, mais cela faisait sourire Harry, et rien n'était plus beau à ses yeux d'homme amoureux.
« Demain, ça te dit qu'on aille au cinéma et manger dehors ? »
« Avec plaisir, mon ange. »
« C'est nouveau ce surnom ? Demanda le bouclé avec un sourire timide et amusé à la fois. »
« Je trouvais que ça te correspondait bien. »
« Je l'adore. »
« Ca ne dérange pas que je l'utilise ? »
« Absolument pas. »
C'était un début. Un grand pas. Le coeur du métis fit un bond, ce fut lui qui se retrouva à rougir comme un adolescent de seize ans. Il se racla la gorge en riant et enfoui sa tête dans le cou du bouclé. Son odeur l'aida à trouver le sommeil et, rapidement, après un dernier baiser, il retrouva les bras de Morphée dans ceux de Harry. Chauds. Près de son coeur dont il ne cessait de se rapprocher.
* * *
Ils sortirent du bâtiment, main dans la main, un grand sourire sur leurs lèvres. Le soleil brillait, mais pas dans le ciel. Dans leurs coeurs. Liés. Le film venait de se terminer au bout de presque deux heures. Un combat de super héros, sans vraiment de grand dialogues ou fondement aux yeux du bouclé, mais il l'avait choisi pour faire plaisir au métis, parce qu'il savait qu'il adorait les Marvel. C'était son week-end. Sa récompense. Son remerciement pour être là, pour l'accueillir, pour l'aider, pour l'aimer assez afin de lui redonner espoir. Ce n'était pas grand-chose, mais ils avaient tous les deux adorés. Une sorte de rendez-vous à la fois amical et romantique. Sans attendre, ils se dirigèrent vers un petit restaurant japonais. Ils avaient prévu de prendre les commandes et les remporter chez eux, chez Zayn, pour manger tranquillement. Ils passèrent la commande de leurs sushis et partirent avec deux sacs dans les mains.
« Encore merci, Harry. »
« Arrête, c'est moi qui devrait te remercier pour tout ce que tu fais. Tu te sacrifie, tu me tends la main, depuis le début. Depuis qu'on se connaît et ça je te le dois à vie. Personne ne m'a jamais accordé autant d'attention. A part ma mère. »
« Je t'ai dis que je t'aiderai et je suis un homme de parole. »
Harry le remercia en lui gratifiant un joli sourire, celui qui creusait ses fossettes et illuminait ses yeux. Une expression sur son visage que le métis ne pourrait jamais se lasser de voir. Il aurait voulu tendre les doigts et caresser ce trou minuscule sur le coin le coin de ses joues, s'y fondre et ne jamais en ressortir. Mais, ses deux mains étaient prises par les sacs. Alors, il hocha simplement la tête et lui rendit un beau sourire. Quelque chose de doux et sincère. Comme toujours. Il voulait lui montrer qu'il pouvait, au moins, compter sur lui s'il venait à tout perdre. Lui prouver qu'il n'avait pas prononcé toutes ses paroles en l'air pour pouvoir profiter de lui ou l'attirer dans son lit. Ce n'était même pas une histoire de sexe, ça ne l'avait jamais été, c'était un état du coeur. Un amour naissant et qui grignotait tout sur son passage. Qui se nourrissait de caresses, des mots doux et suaves murmuré à l'orée du matin ou sous les étoiles, les lèvres qui s'effleuraient, se touchaient à peine, se découvraient, s'apprenaient, se cherchaient et la chaleur des bras de l'autre. Un endroit plus que réconfortant. Un refuge pour l'un et une protection pour l'autre. Un petit coin de paradis où plus rien ne peut nous atteindre, ni la froideur de l'hiver, ni le malheur. Un cocon construit avec du soin, du temps, composé de lien fort. Assez solide pour affronter toutes les tempêtes, tous les affronts, tous les coups. Le méchant loup pourrait alors souffler autant qu'il le voulait, avec tout l'air de ses poumons s'il le souhaitait, parce qu'ils n'étaient pas fait de paille. Ils ne tangueraient pas, ne vacillerait pas. Aucun mouvement. Plus maintenant. Plus maintenant qu'ils étaient là l'un pour l'autre.
La soirée venait de commencer, il était à peine dix-neuf heures, les rues étaient encore animées par les vas et viens de la foule. Ceux qui rentraient du travail, des jeunes qui profitaient de leur week-end. Les enseignes brillantes, les quelques décorations de Noël qui étaient déjà dressées dans les vitrines impeccables des magasins, les phares des voitures... Tout était lumineux. Brillant. Un petit vieil homme qui jouait de l'accordéon, assit sur une chaise, son gros manteau sur les épaules, un bonnet sur la tête, devant un restaurant italien. Les gens ne prenaient même pas le temps ou la peine de le regarder, de l'écouter, de s'arrêter et déposer une insignifiante pièce dans la caisse de son instrument. Mais ce n'était pas si important, cela apportait simplement du rythme à la marche, une animation de rue et lui était content quand il parvenait récolter assez pour s'acheter un sandwich ou une canette de bière.
Seulement, Harry avait le coeur gros. Dans une main, il avait encore son beignet à la framboise qu'il n'avait pas touché, il n'était pas tellement fan de ce fruit, il s'arrêta alors devant l'homme d'une cinquantaine d'année, ce qui fit également se stopper Zayn qui le regardait faire. Le bouclé fouilla dans sa poche et en sortit quelques pièces, il n'avait pas compté, qu'il posa dans la caisse en bois, puis lui tendit son sachet avec un beignet. Le visage de l'homme s'illumina, il lui sourit et le remercia plusieurs fois, venant prendre ses mains en le serrant doucement. Le métis déposa également une bouteille d'eau à côté. Ça, il en avait des tas chez lui. Puis les deux garçons se remirent en route. Le coeur léger.
« C'est vraiment gentil ce que tu as fait pour lui. »
« Tant que je peux aider les autres, je me dis que moi aussi j'aimerai qu'on me donne de l'argent et quelque chose à me mettre dans le ventre si j'étais à la rue. »
« Les gens ne prennent plus le temps d'y penser de nos jours. Ils sont tellement égoïstes et individualistes. Je le vois souvent dans le coin en plus, je suis allé lui donner plusieurs fois de quoi manger. Le pauvre, avec l'hiver qui arrive... »
« Oui. J'ai un repas chaud tous les soirs, un toit au dessus ma tête, un lit ou dormir alors je ne... »
Puis d'un coup, le brun s'arrêta dans sa phrase et dans ses gestes. Coupé brutalement dans ses gestes par quelque chose qui le paralysa. Ou plutôt quelqu'un. Zayn mit deux secondes à relever ses yeux vers lui, observer les siens fixés sur un point et finalement glisser son regard jusqu'à ce qui venait de l'interrompre. Là, il sentit ses muscles se tendre et sa mâchoire de crisper. Sur le trottoir d'en face, à la porte d'un magasin de vêtement de luxe, venait d'en sortit Maël et une femme. Blonde, assez grande, haute perchée sur ses talons en satin rouge, un long manteau beige, un sac de la marque de l'enseigne et un énorme sourire heureux sur ses lèvres maculées de gloss. A peine eurent-ils le temps de se rendre compte, de digérer la nouvelle, qu'elle se jeta au cou du châtain et l'embrassa passionnément. Et lui, rieur et heureux, ne se priva pas pour glisser ses mains sur ses hanches et répondre à ce baiser comme si sa relation avec son copain n'avait jamais réellement existé. Erreur. Trompeur. Menteur. Manipulateur.
Zayn sent Harry défaillir et bouillonner de rage à ses côtés, même sur le point de fondre en larme. Il le savait pourtant, depuis longtemps, que Maël le trompait. Il n'était pas dupe. Mais le voir de ses propres yeux lui avait fais réalisé à quel point la vérité faisait encore plus. Il venait se prendre le bitume de la réalité en plein visage, la joue écrasée sur le goudron caillouteux. L'homme avec qui il avait partagé deux ans de sa vie arrivait à lui donner des coups inconsciemment. Sans le toucher. Dans le côtes, dans le ventre, dans la tête, dans le coeur. S'en était même encore plus douloureux que les vrais. Le métis passa son deuxième sac sur son autre main et prit celle du bouclé dans la sienne, pour le ramener à lui. Pour le faire revenir sur terre. Ils devaient partir, sans se faire voir, ils devaient s'échapper cette vision et retourner dans leurs bulles. Dans ce coin calme et serein, où ils existaient à deux. Sans personne autour. Ce n'était pas le vrai monde, ce n'était pas la réalité, mais ils s'en fichaient. Ils n'avaient pas besoin de plus pour vivre. Pour trouver cette flamme.
« Harry... Viens mon ange, on s'en va. »
Mon ange. Ce surnom lui ramena l'esprit sur terre, il baissa son regard vers celui du métis alors que le nouveau couple s'en allait, main dans la main, vers l'autre côté. Dans le sens inverse d'eux. Les deux jeunes hommes marchaient vers l'appartement sans attendre, sans regarder en arrière, sans parler aussi. Un silence lourd et pensant cette fois, presque gênant. Leurs doigts étaient toujours liés, unis. Un « je suis là, je ne te lâche pas » silencieux. Et c'était le cas. Le métis ne comptait pas le laisser couler, l'abandonner. Il continuerait d'être présent à ses côtés, de le rassurer, plus encore même. Rien ne viendrait gâcher leur soirée. Il ne laisserait sûrement pas un horrible monstre mettre en pause leur bonheur. Il allait le chouchouter, l'aimer, prendre soin de lui comme le ferait un copain digne de ce nom. L'amour était possible, il le savait, il y croyait. Il le voyait vivre, s'enflammer dans les yeux émeraudes du bouclé.
Après quelques minutes, ils arrivèrent dans l'appartement silencieux. Zayn se chargea d'allumer les lumières et disposer les barquettes de sushis devant eux sur la petite table du salon, avec un plateau pour chacun et du vin. Il ne savait pas réellement si c'était un bon mélange, mais il mangeait toujours avec un verre de cette collation. Harry retirait son manteau, ses chaussures avec cette petite mine dépitée et triste, il n'avait plus ce beau sourire et ce visage flamboyant qu'on lui connaissait. Quand Maël approchait, il perdait toutes ses lumières, il s'éteignait. Le jour laissait place à la nuit. Seulement, le métis n'allait pas les choses se passer ainsi. Il était déterminé à lui faire vivre une belle soirée, comme c'était prévu au départ. Même s'il avait cette envie dérangeante, irréfutable, de faire demi-tour, d'aller trouver le châtain et lui donner la raclée qu'il méritait depuis longtemps. Une bonne leçon. Mais, il n'était pas du genre à prendre sa revanche ainsi. Il agissait en silence, dans le noir, un coup de poignard là dans les côtés pendant que le monde dormait.
« Tu veux du wazabi ? »
« Mhh, peu importe. »
Ils venaient de prendre place dans le canapé, devant une série policière clichée. Juste pour laisser un bruit de fond qui cacherait le mal à l'aise, le manque de conversation. Pourtant, il y aurait des choses à dire. Zayn avait des idées à revendre, des phrases à lui avouer, des sentiments à déballer, à coucher sur le tapis, des révélations. Mais ce n'était pas le moment. Pas quand Harry venait de voir son, soit disant, copain dans les bras d'une autre. Alors, ils avaient commencé à manger en silence. Enfin, le bouclé n'avait pas encore touché à un seul sushi, il se contentait de jouer avec ses baguettes et fixait les grains de riz. Au moment où le métis s'apprêtait à prendre la parole, pour rassurer le brun, la voix de celui-ci le coupa dans son élan. Triste et enrouée.
« Pourquoi j'ai mis autant de temps à m'en rendre compte ? »
« Ce n'est pas de ta faute, Harry... »
« Mais je veux dire... J'essayais constamment de me persuader que ce n'était pas vrai, que c'était mon cerveau qui me jouait un tour, qui me faisait sentir ce parfum de femme, qui imaginait tout ça. J'essayais de me conforter dans l'idée que je l'aimais encore, alors que ça fait longtemps que c'est fini. Tout a dérapé à partir du moment où je lui ai demandé pourquoi il avait retiré une photo de nous de sa table de chevet. Il me trompe depuis trop longtemps... Et je croyais que c'était... De ma faute. »
« Ne pense pas ça une seconde. Tu n'as rien à te reprocher dans cette histoire, c'est lui le seul fautif. Il n'est pas à la hauteur, tu ne le mérites pas. Tu mérites mieux. Beaucoup mieux. »
Tu me mérites moi, je ne suis pas peut-être pas le meilleur, mais je peux faire mieux. Je peux te rendre heureux, j'en ai les moyens, suffit que tu me l'autorise. Je prendrais soin de toi, je t'embrassais chaque matin au réveil après avoir détaillé ton visage d'enfant endormi pendant de longues minutes. J'embrasserai chacune de tes blessures de mes lèvres réparatrices, ce sera un beau pansement. Je te répéterai à quel point tu es beau comme ça, comme tu es. A quel point tu es magnifique quand tu vis, quand tu souris, quand tu brilles partout autour de moi. Je te promets de t'aimer mille fois mieux que lui. J'en suis capable. Je suis un homme de parole, tu te souviens ? Laisse moi, une chance. Il aurait voulu lui dire ça, avoir le courage que tout cela sorte, une bonne fois pour toute. Seulement, rien ne franchit la barrière de ses lèvres, même si les mots lui brûlaient la langue et sautillaient dessus en trépignant d'impatience pour s'échapper. Seulement, ce n'était pas convenable de lui jeter ça au visage alors qu'il avait bien d'autres problèmes à régler qu'une affaire de coeur. Harry haussa simplement les épaules, lâcha un petit soupir et porta un premier sushi à ses lèvres. Il posa ses baguettes sur la table et releva, enfin, le visage vers Zayn pour oser affronter son regard. Le sien était sombre, une petite lueur s'y cachait. Une étincelle virevoltante qui présageait un vrai ravage. Maël avait trop longtemps jouait avec le feu, il était temps qu'il s'y frotte, qu'on l'y plonge et qu'il y brûle entièrement.
« Je vais le quitter. Demain, je retourne chez moi, chez lui et je le quitte. Je ne veux plus faire retarder les choses. J'ai bien trop attendu. Je veux le mettre au tapis avant qu'il ne puisse prendre trop le dessus. »
Les mots avait finalement été prononcé. La bombe était lancée. Ce n'était plus qu'une question d'heure. Tous les deux retenaient leurs souffles. Le temps s'était presque suspendu. Zayn hocha la tête, les yeux remplient d'espoir et de milliers d'étoiles. Il y croyait, il le croyait. Il avait en foi en sa promesse, comme lui avait pu faire les siennes. Il ne savait pas qui était le plus ému des deux face à cette initiative. Harry se libérait d'un mal, d'un cauchemar qui l'enfermait dans un enfer depuis trop longtemps. Des coups, des blessures, des insultes, des nuits blanches, des pleurs, de la douleur, de la peur, du mensonge, de la haine, des cris, de l'alcool, de la souffrance. Et le métis pourrait enfin avoir la chance de le voir heureux et en sûreté. Avec lui, peut-être. S'il avait cette opportunité.
« Tu n'as pas mangé de wazabi encore ? Demanda soudainement le bouclé en souriant. »
« Non, pourquoi ? »
Et sans même prendre la peine de lui répondre, Harry vint faire échouer ses lèvres sur celles du métis. Ses mains autour de sa nuque, légèrement tremblantes, l'agrippaient fermement, pour le coller à lui et lui promettre de ne pas le lâcher. Jamais. Reste près de moi. Délivre moi. Sauve moi. Regarde moi. Respire moi. Embrasse moi. Aime moi. Ce n'était pas un je t'aime, c'était bien plus puissant.
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Art & Coffee. || Zarry.
FanfictionIl avait cette habitude de prendre tout ce qui lui semblait magnifique en photo, pas forcément ce qui était important. Aussi bien un paysage hivernal qu'un simple détail, tel qu'un fruit, un pétale de fleur ou bien encore un visage doux et soyeux. L...