Chapitre onze :

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                                                                                  - Harry Styles. -



Du Mardi soir.


Deux jours. Deux jours qu'Harry s'était terré dans un silence complet. Il ne parlait que très peu, seulement quand il y était obligé comme au travail. Parce qu'il ne pouvait pas ne pas s'adresser aux clients lorsqu'ils passaient une commande. Mais à part cela, il n'ouvrait pratiquement jamais la bouche. Ce n'était pas pour déplaire à son compagnon qui ne s'était même pas rendu compte de son changement de comportement, il agissait par automatisme depuis ce Dimanche. Il craignait de mettre un pied dehors, de se rendre au café et de croiser Zayn. Il craignait qu'il ne lui pose des tas de questions, qu'il n'essaie de savoir d'où venaient tous ces coups et ces bleus. Mais, par chance, il ne l'avait pas revu. Toutefois, sa présence lui manquait tout de même, il appréciait le fait que quelqu'un s'intéresse à lui et à son art, qu'on puisse le voir. Bien entendu, il y avait Michael, qui d'ailleurs s'était beaucoup inquiété de le voir muet et presque sans sourire, cependant ce n'était pas pareil. Chaque relation était différente et unique à sa manière. L'amitié ne se construit jamais de la même chose, ça Harry le sait bien. Il ne savait même pas s'il pouvait qualifier le métis comme son ami. Ils se connaissaient à peine, pourtant ils étaient passés par beaucoup trop de choses jusqu'ici. Et l'incident de Dimanche lui revenait en mémoire comme si cela s'était passé il y a deux minutes à peine, comme s'il y était encore. La honte, la peur, la colère, la tristesse et le dégoût. Tout ça, contre lui-même. Contre sa faiblesse et son incapacité à se défendre. Avec tout ça, il n'avait pas osé relever les yeux vers le basané pour guetter sa réaction, il ne voulait pas en plus lire de la pitié sur son visage, alors il s'était enfui. Comme un lâche, comme un perdant. Suite à cela, il n'était pas parvenu à fermer l'oeil de la nuit et avait pleuré sans cesse, allongé dans le canapé du salon alors que son petit-ami dormait tranquillement à l'étage. Dans un lit chaud et confortable. Ses larmes ravageant ses joues rougies, son coeur lui faisait mal. Il aurait aimé le retirer de sa poitrine pour faire cesser toute cette douleur qui rongeait son être et le détruisait.

Pourtant, il ne savait pas que le pire était encore à venir. Alors qu'il était rentré du travail depuis deux bonnes heures, enfermé dans son bureau pour développer des photographies, la porte d'entrée s'ouvrit puis se referma sur Maël. Le bouclé, à bout de force de ne pas dormir plus de trois heures par nuit, n'avait rien préparé. Aucun repas. Le lit était encore défait, la machine à laver ne tourner pas, le linge sale encore dans les paniers, et il n'avait pas touché au balais depuis Dimanche. Vu que le châtain rentrait tard c'était à lui, normalement, de s'occuper des tâches ménagères, de laver la maison et de concocter des repas. Repas que généralement son compagnon ne prenait même pas la peine de savourer, il ne le complimentait jamais, ne le remerciait jamais de se tuer à la tâche. Il mangeait, il regardait la télévision avec une bouteille de bière, il prenait sa douche et il allait se coucher. Sans même se soucier de savoir s'il allait bien, s'il n'était pas fatigué. Rien de tout cela. Seul sa petite personne comptait. Il se doutait bien que s'il n'avait rien fait en rentrant, il allait par contre se prendre des reproches, des remarques désobligeante. Maël ne voyait que le mauvais côté, il ne prenait jamais en compte les efforts et les sacrifices, ou seulement quand lui en faisait. D'ailleurs, au bout de quelques minutes, tandis que le bouclé rangeait des clichés dans un album plastifié, il entendit sa voix rauque résonner d'en bas.


« Harry ? T'es où ? »


Il lâcha sa page et ferma l'album avant d'éteindre les lumières pour rejoindre le salon, ses pieds traînaient lourdement sur le sol et les marches de l'escalier. Le châtain était en cuisine, en train de fouiller dans le réfrigérateur pour en sortir une bouteille de bière bien fraîche, il l'y rejoignit et s'appuya contre l'encadrement de la porte qui séparait les deux pièces. Il avait des poches sous les yeux, le regard vide et fatigué, ses cheveux étaient tenu en arrière par un bandeau en tissu noir et gris.


« T'as préparé à manger j'espère ? »


Et voilà, les problèmes commençaient. D'ici, il pouvait sentir que Maël empestait l'alcool et la cigarette, il ne revenait sûrement pas du travail à plus de vingt heures mais plutôt d'un bar où il avait rejoint des amis pour boire un coup. Voir plusieurs même étant donné à quel point l'odeur était pestilentielle. Quand il était ivre, son comportement était encore pire qu'à l'habitude, il s'énervait facilement, il se vexait, il n'hésitait pas à lever la main et on avait du mal à l'arrêter. Et Harry se demandait bien comment il pouvait soigner des patients d'une maladie alors que lui n'était même pas capable de garder une santé saine et stable. Mais ce soir, le bouclé était épuisé, il en avait assez de se laisser faire, de ne rien dire, alors il répondit d'un ton sec.


« Non, je n'ai rien fait. »
« Et je suis censé manger quoi moi alors ? »
« Il reste du gratin de pomme de terres d'hier, tu peux te débrouiller. Il suffit de faire réchauffer, tu n'as plus dix ans. »
« Pardon ?! »


Son ton était plus dure, plus dur, il claqua la porte du réfrigérateur et se tourna vers le plus jeune. Son regard était d'autant plus pétrifiant, ses pupilles étaient sombres et dilatées. Il n'avait sûrement pas consommé que quelques cigarettes et de la bière. Si à presque vint cinq ans, il n'était pas capable de mettre un plat au micro-onde pour le faire réchauffer alors étaient pires que ce qu'elles ne semblaient. Le châtain se rapprocha dangereusement, pourtant Harry ne vacilla pas, il ne recula pas non plus de qu1elques pas pour se retrouver coincer contre un mur, non, il affrontait son regard et restait droit, la tête haute. Il sentait cette adrénaline couler dans ses veines, d'enfin oser aller contre son sens. De ne plus être cette pauvre petite chose soumise qui obéit et se fait baiser comme un moins que rien. Lui aussi est un être humain, comme les autres, et il a besoin d'être aimé et traité comme les autres le sont. Avec respect et égalité.


« J'ai dis... »
« Je sais très bien ce que tu as dis petit con ! Il lui cracha méchamment en lui coupant la parole alors qu'l se rapprochait toujours. Seulement, là, tu vas bouger tes jolies petites fesses et tu vas me préparer une pizza Hawaïenne, parce que j'en ai pas envie de ton putain de gratin. »


Harry avala sa salive de travers, serrant les poings pour ne pas le repousser ou lui coller une gifle. Il n'était pas comme ça, il n'était pas violent, lui. Il savait comment garder son calme et ne pas franchir les limites. Cependant, il sentait les larmes monter à ses yeux, sa gorge se serrer, il détester entendre des mots aussi désagréables. Il n'avait aucune reconnaissance pour ce qu'il faisait, il était lasse de faire des efforts dans le vide. Maël ne remarquait pas même ses efforts, ni ses progrès pour devenir un homme meilleur. Il ne faisait que le redescendre plus bas que terre, sous le sol, chaque jour il prenait sa pelle et rajoutait une couche de terre pour l'enterrer sous un amont de saletés. Il fallait qu'il réagisse, qu'il lui fasse comprendre, avant qu'il n'étouffe.


« Non. »
« Excuse moi ? »
« Non, je n'ai pas envie. Je n'ai pas la force. Tu n'as qu'à commander. »
« Je crois que tu ne comprend pas bien la Styles. Sa mâchoire se serrait, il n'était plus qu'à quelques centimètres de son visage. Je ne te demande pas ton avis, alors tu as intérêt de faire vite. »
« Je suis fatigué Maël.... »
« Eh bien justement, plus tu la prépareras rapidement plus tôt tu pourras aller te coucher. »
« Débrouilles toi. Murmura-t-il à peine. »
« Répètes ça pour voir ! »
« Fais le toi même putain ! S'emporta-t-il d'un coup en posant ses mains sur son torse pour le pousser. Tu sais te servir de tes deux mains pour allumer une cigarette, alors tu peux faire pareil pour prendre le téléphone et passer une commande. »


Là, comme ça, en une seconde à peine, la première gifle claqua contre sa joue. Brutalement, il aurait une marque rouge, il la sentait brûler. Elle était rouge vif, il gardait sa tête sur le côté, un peu baissée, alors qu'il se mordait la lèvre pour ne pas fondre en larme. Ne pas être faible, pas maintenant, pas tout de suite, tiens bon. Il se repassait ses mots dans sa tête, il essayer de ne pas flancher devant lui, sinon le châtain aurait gagné, encore. Harry était bien trop fatigué pour tenir encore debout et lui préparer un repas, il voulait simplement s'allonger, même si cela devait être au sol, et parvenir à dormir une nuit complète. Il ne s'était jamais vraiment rebeller, parce que la plupart du temps son copain parvenait à le calmer par un coup ou une remarque cinglante, mais là... C'était une accumulation de choses, d'événements qui le poussaient à bout. Même s'il l'avait déjà atteint depuis longtemps.


« Je rêve là... T'as vu comment tu me parles ? Tu t'es pris pour qui ? »


Ironie du sort, n'est-ce pas ? Harry se posait lui aussi ses questions, depuis des mois, sans aucune réponse. Son petit ami s'était transformé en son pire cauchemar. Chaque jour, chaque soir, il craignait de rentrer chez lui, il redoutait son arrivée parce qu'il savait qu'il subirait forcément quelque chose. Maël imposait sa puissance, au début ce n'était que des regards noires ou des insultes, puis c'était rapidement, au fur et à mesure des semaines, devenus des coups plus graves. Plus d'impacts et de marques sur son corps. Le plus vieux secoua la tête et lui accorda un regard de dégoût avant de boire une bonne moité de sa bière d'un coup, il partit ensuite au salon, la posant sur la table basse, puis alla fouiller dans la poche de son manteau. Le bouclé suivait ses gestes du regard. Il sortit son briquet et un joint qu'il alluma rapidement, s'en fichant bien de savoir que son compagnon n'aimait pas l'odeur et que ça lui donnait des nausées.


« Tu peux aller fumer ça dehors s'il te plaît Maël, tu sais que... »
« Ferme la, je te préviens. Ne m'énerve pas plus. Il tira une bouffée et passa devant lui pour rejoindre le canapé. Va faire tes photos stupides et fous moi la paix. »
« Qu... Quoi ? »
« T'as bien compris Harry. Il secoua la tête et se mit à rire. Non mais sérieusement tu t'es vu ? T'as cru quelqu'un en avait quelque chose à faire de tes photos ? Tu me fais pitié, elles ressemblent à rien. Reviens à la réalité mon pauvre gars. »


La réplique de trop. Le bouclé acceptait qu'on s'en prenne à son physique, à son caractère, à ses défauts, à ce qu'ils faisaient, mais il refusait qu'on insulte son art. Ses photos représentaient sa vie, son parcours, son existence, ses rêves, une échappatoire qui lui permettait de ne pas flancher. Et qu'en plus ce soit son copain, celui qui était censé le supporter, qui s'y attaquait le rendait sur le point d'éclater en sanglots. Sa lèvre inférieure tremblait, Maël avait déjà tourné son regard vers son portable, fumant toujours son joint comme si rien de ne venait de se passer, comme si ces mots n'avaient jamais été prononcé. Pendant ce temps, le bouclé bouillait de rage, il sentait la colère et la tristesse monter dans ses veines. Son coeur battait fort, à pleine vitesse, et il ne réfléchit pas avant d'ouvrir la bouche pour se défendre.


« Parce que tu te crois mieux que moi peut-être ? Tu es incapable de te faire à manger, de laver ton linge et passer l'aspirateur une fois dans la semaine. Tu rentre presque tous les soirs complètement ivre, tu empeste l'alcool et la drogue. Je ne suis pas bête, tu crois que je ne remarque rien mais j'enregistre tout. Tu me frappes parce que tu n'es pas assez sobre pour aligner trois mots correctement. Je reconnais mes défauts, j'essaie de les changer, mais toi dès qu'on va contre ton avis tu frappes, parce que tu ne sais rien faire d'autre. Alors franchement Maël, je doute que ce soit moi qui fasse le plus pitié de nous deux là. »


Il avait prononcé ces phrases rapidement, la voix tremblante, pour ne pas que le châtain l'interrompt. Ses mains tremblaient, il avait du mal à croire qu'il avait trouvé assez de courage pour faire cela. Mais, en voyant le regard que le châtain lui lança, son corps se crisper et sa mâchoire se serrer, il regretta bien vite de s'être emporté. Maël se leva du canapé, il posa violemment sa bière sur la table et son joint dans la soucoupe fait pour les cigarette, il fumait encore. Il s'avança vers le bouclé assez vite, lui recula pour essayer d'échapper à son emprise, mais il lui saisit brutalement le col et le poussa contre le mur. Son dos percuta le mur tellement brusquement et avec force qu'il s'écroula au sol. Avant même qu'il n'ai eu le temps de se redresser, de reprendre ses esprits, le premier coup de pied frappa sa hanche. Tout près de son estomac. Là, il ne put retenir le gémissement de douleur qui franchit ses lèvres, il ferma les yeux. Ce n'était que le début, il encaissa la douleur et pria tout de même pour que ce soit bientôt terminé. Les coups pleuvait, son ventre, ses jambes, sa tête cogna contre le mur alors que les larmes dévalaient sur ses joues. Un faible restait un faible, quoi qu'il arrive. Cela semblait durer une éternité. Son corps souffrait, il sentait sa peau brûler et ses os craquer sous chaque coup. Quand la torture cessa, il s'apprêtait à souffler, mais au contraire, il sentit une main ferme empoigner son épaule et le tourner sur le dos, il gardait les yeux clos. Il sentit Maël s'accroupir au dessus de lui, son souffle chaud et éreinter au dessus de son visage. Une gifle, puis une autre, un coup de poing sur sa joue. Une douleur forte, qui l'assomme presque.Il avait du mal à respirer, il étouffait réellement.


« Tu vas apprendre à me respecter d'abord ok ? Il se releva après avoir exercé une pression sur ses épaules. Tu vois Harry, si tu m'avais préparé cette pizza, il n'y aurait eu aucun problème. »


Le bouclé n'osait pas ouvrir les yeux, ni même respirer. Il se concentra sur le bruit des mouvements autour de lui, sur l'odeur du joint, sur les vêtements qui se frottent et la porte qui claque puis la voiture qui démarre au dehors dans la rue. Tout était redevenu silencieux, à part ses sanglots qui déchirèrent l'atmosphère.



                                                                                                * * *


Au présent, Samedi matin.


Michael avait bientôt fini son service, pour son plus grand plaisir. Depuis hier soir, il était bien trop impatient d'être en week-end ce midi, pour la simple et bonne raison qu'il avait rendez-vous avec Ashton. Pour la troisième fois, certes, mais il n'en était pas moins heureux. Un sourire niais ornait ses lippes, son visage était rayonnant, éblouissant comme jamais avant. Il était débordant de vie, il exprimait son bonheur au visage de chaque client qui se présentait au comptoir. Là, il s'occupait de nettoyer les dernières tables utilisées par les clients. Plus que dix minutes. A chaque fois que la clochette du café retentit, il lève les yeux pour savoir si le châtain est celui qui franchit la porte ou non. Ses yeux tombent sur Zayn, il a le teint pâle, du moins pas aussi brillant que les autres jours, des cernes assez prononcées sous les yeux et un air grave sur le visage. On aurait pu jurer qu'il venait de voir un fantôme. Il cherchait du regard autour de lui, au comptoir, avant de repérer Michael et avancer vers lui.


« Salut Zayn. »
« Bonjour. Il répondit faiblement avant de se mordre la lèvre. Il faut qu'on parle. »
« Maintenant ? »
« Oui, c'est urgent. Vraiment. Et... A l'écart si possible. »


Son ton n'avait jamais été aussi grave et le garçon aux cheveux rouges n'hésita pas une seconde avant de l'attirer à l'écart des clients qui venaient encore faire la queue ou ceux qui s'installer aux tables. Il l'emmena dans une petite salle réservée aux employés pour prendre une pause, boire un café entre deux. Elle était assez petite et ne possédait qu'une table avec des chaises, une télévision accroché au mur, une machine à café, des gobelets en plastiques et des magazines. Il ferma la porte derrière lui, Meg ne remarquerait même pas son absence, elle était occupée à faire l'inventaire du stock pour le début de la semaine prochaine en cuisine et tous les autres étaient bien trop affairés à leur tâche pour même venir les déranger. Ce qui arrangeait bien le métis, il s'assit sur une des chaises et poussa un soupir, son portable en main qu'il faisait tourner nerveusement dans ses mains. Il semblait stressé et bouleversé aussi.


« Tu as déjà vu plusieurs fois le copain d'Harry, pas vrai ? »
« Oui... Oui, je suis allé chez lui il y a peu pour faire sa connaissance. »
« Tu serais capable de reconnaître son visage dans ce cas ? »
« Euh oui... »


Michael avait du mal à comprendre, il fronça les sourcils et laissa le basané déverrouiller son téléphone, faire glisser son doigt plusieurs fois sur l'écran avant de le poser à plat sur la table de manière à ce qu'il soit tourné vers lui. Il s'approcha et prit place en face de lui sur une chaise, fixant l'image qui apparaissait sur l'écran pixelisé. On y voyait clairement Maël, la main posée sur la cuisse nue d'une femme blonde, à forte poitrine, aux rouge à lèvres pétant et un sourire collé au visage. Il ne savait pas trop comment interpréter ce cliché. Ils semblaient se trouver dans un endroit publique, on pouvait voir d'autres gens autour d'eux, des verres à la main, eux étaient assit sur un canapé en cuir, devant une table basse. Il ne chercha même pas à savoir comment Zayn avait eu cette photo, s'il l'avait prise lui-même, ce n'était pas la question la plus importante. Mais avant qu'il n'ai eut le temps de la poser, le garçon prit les devants.


« J'étais au bar Moonlight, près de chez moi avec Luke et Andrew quand je l'ai vu. J'ai juste entendu sa voix au début, puis j'ai cherché à mettre un visage dessus parce qu'il me semblait la reconnaître. Et là, quand je l'ai aperçut, ça m'a frappé. J'en étais certain à presque cent pourcent. C'est lui... Pas vrai ? »


Aucun doute à émettre. C'était bien Maël. Il reconnaissait son visage, son regard sombre, ses cheveux un peu en bataille et la forme de son visage. On oublie jamais un visage aussi dur et ferme. Et quand bien même il semblait détendu quand il été venu chez Harry, ses traits toujours tendus. Alors, pour répondre à la question, il hocha la tête et regarda le métis pousser un soupir et passer une main sur son visage. Quel était son but ? Cela pouvait très bien être une amie à lui, quoi que la main sur sa cuisse était assez gênante, mais il redoutait le pire.


« Tu... Tu penses qu'il trompe Harry, c'est ça ? »
« Je ne le pense pas, j'en suis certain. »
« Ils sont peut-être juste amis.... »
« Des amis qui se lavent la bouche mutuellement et se caressent ? Tu as une drôle conception de l'amitié Michael. »


Le serveur fronça les sourcils à nouveau tandis que le jeune basané venait étendre son bras pour faire passer aux clichés suivants. On les voyait s'embrasser, se caresser à des endroits pour le moins provocants. Maël, les lèvres posées dans le cou de la blonde, elle qui ferme les yeux et entre-ouvre la bouche, lui sa main qui s'aventure encore plus loin sur sa cuisse. C'est assez gênant à voir d'ailleurs. Il fait défiler encore trois ou quatre photos, toutes plus révélatrices les unes que les autres. Le copain d'Harry le trompe et Michael serre les dents pour ne pas exploser de rage. Il y a peu de temps encore, le châtain osait jouer la comédie devant lui, faire croire que tout allait bien, il avait fait semblant. Et il cachait vraiment bien son jeu.


« J'ai demandé au serveur s'il le connaissait, il m'a dit qu'il venait assez fréquemment et avec des femmes différentes. Rajouta le métis. Ensuite, plus tard, je les ai vu s'éclipser dans les toilettes et ce n'était sûrement pas pour aller refaire son maquillage ou ses besoins. »
« Merde alors... Et il t'as reconnu ? »
« Non, il n'a même pas fait attention à moi. Tout ce qui l'importait c'était décolleté de cette femme. »


Deux informations importantes. Maël trompait Harry, depuis un moment selon le propriétaire du bar, et qui plus est avec des femmes. Deux informations qu'ils avaient du mal à digérer et à comprendre. C'était tout à fait impensable, parce que le bouclé semblait vraiment amoureux de lui et dévoué à cette relation. Vraisemblablement, cela n'allait pas dans les deux sens. Et Zayn n'était pas simplement venu pour lui montrer ce à quoi il avait assisté et ces différentes photos, mais aussi parce qu'il voulait des conseils, savoir si la décision qu'il avait prise depuis hier soir était la bonne ou non. Il y avait beaucoup réfléchit, du moins autant que son cerveau parasité par les verres d'alcool qu'il avait ingurgité le lui avait permis, il ne s'était pas tout de suite endormi. Pendant presque une heure, il était resté allongé dans son lit, vêtu d'un simple caleçon, à regarder les preuves qu'il avait prise et poser des théories, des hypothèses. Des tas de scénarios étaient passés par sa tête, mais aucun ne lui avait semblé aussi bon que celui-là.


« Je pense que tu seras d'accord avec moi, et qu'il n'y a aucun doute là-dessus, Harry ne mérite pas ça. Il ne mérite pas qu'on lui mente. Certes, tu le connais depuis plus longtemps que moi, tu dois savoir plus de choses à son sujet mais je me sens bien trop concerné pour faire comme si je n'avais rien vu. Le métis marqua une pause et poussa un soupir. Je pense aller le voir, chez lui, et lui montrer les photos.... »
« Zayn, je ne suis pas certain que ce soit la meilleure solution. »
« Alors quoi ? Tu en vois une autre ? Dans tous les cas, il sera blessé. Qu'il l'apprenne de notre bouche ou de celle de ce connard. Il a le droit de savoir ce qui se trame dans son dos, je refuse qu'il soit dégradé ainsi et qu'on assiste à cela sans rien dire. »


Michael poussa un soupir et passa une main dans ses cheveux, le métis n'avait pas tord et il ne voyait pas d'autres solutions. Harry serait brisé et triste, plus qu'il ne l'avait semblé ses derniers jours. Mais en tant qu'amis, il ne pouvait se permettre de lui cacher un si gros mensonge. La vérité devait éclater au grand jour pour qu'elle se retourne contre son Maël. Il allait être pris à son propre jeu. Et même si le bouclé allait souffrir, c'était un bien pour un mal. Zayn était déterminé à aller le voir chez lui et lui montrer les clichés, lui expliquer ce à quoi il avait assisté. Avec de la délicatesse bien entendu, il n'allait pas directement aborder le sujet, enfin il essayerait du moins. Parce que annoncer à quelqu'un qu'on avait vu son soit disant petit-ami en compagnie d'une femme, qu'il n'avait pas su se détacher de ses lèvres et qu'ils avaient fini la nuit à se serrer dans les toilettes. L'adultère n'était jamais facile à avouer et encore moins à entendre. Mais ce n'était pas une option.


« Je venais te demander si c'était une bonne idée selon toi, parce que tu restes son meilleur ami. »
« Pour tout te dire, je n'ai jamais vraiment apprécié son copain, même quand je suis chez allé chez eux. Il semblait vraiment faux et assez dur. Mais je n'aurai jamais imaginé une chose pareil. Harry va être dévasté mais... C'est le mieux pour lui, oui. »
« Bien. Je vais sûrement y aller cette après-midi. Tu pourrais me passer son adresse par contre ? »
« Ouais. Michael prit une feuille de son carnet de commande et un stylo pour y marquer l'adresse du bouclé. Et si son copain est là ? »
« J'aviserai. Au moins, il sera pris au piège et il ne pourra pas nier. »


Une fois que Zayn eut le papier en main, il remercia le jeune serveur et lui promit de lui donner des nouvelles dès que possible avant de sortir du café. L'esprit un peu plus occupé, Michael reprit son travail. A l'aide de son torchon, il finit de nettoyer les tables pour les dix minutes qu'il restait à son service. Il ne pouvait s'empêcher d'être stressé et anxieux face à ce qui allait se passer par la suite, à la réaction qu'aurait le bouclé parce qu'il était tout de même en couple depuis assez longtemps avec Maël. Et il se demandait bien ce qui avait pu déclencher un tel mensonge, qui semblait dater de quelques mois tout de même. Toutefois, il n'eut pas le temps de se poser plus de question que la clochette retentit à nouveau, cette fois la porte vitrée s'ouvrit sur Ashton. Ses cheveux châtain bouclés coiffés parfaitement et habillé d'une manière à la fois classe et normale. Michael retira son tablier et s'avança vers lui, alors qu'il le cherchait du regard.


« Salut Mikey. »
« Salut ! J'ai fini mon service dans deux minutes, le temps de tout ranger. Je ne serais pas long. »


Le garçon hocha la tête en affichant un sourire et déjà le serveur se sentait mieux. Il s'éclipsa dans la réserve pour poser son insigne, son tablier avec son petit carnet. Juste avant de partir, il salua le cuisiner, Meg et ses autres collègues. Une fois fini, il rejoignit le garçon à l'entrée, prit sa veste et ils sortirent au dehors. Aujourd'hui, contrairement à leurs autres rendez-vous, ce n'était pas lui qui choisissait le lieux. Ils s'étaient déjà rendu au skate park, mais il ne s'était pas avéré très doué puis il avait simplement choisi cet endroit car il savait que l'artiste peintre savait en faire. Ensuite, ils étaient allés dans un snack pour finir par faire un tour en ville. Rien de très original, pourtant ça restait agréable à chaque fois. Et là, le châtain avait une idée bien précise en tête, vu qu'il savait que Michael était fan de jeu-vidéo, que lui s'y connaissait un peu aussi, il avait décidé de les emmener dans la seule arcade de la ville. Ce n'était pas toujours facile de trouver une sortie qui convenait aux deux personnes, mais là il avait frappé fort et marqué beaucoup de points.

Avant cela, ils étaient allés manger dans une pizzeria du coin, ils avaient discutés de leur quotidien, Ashton de ses projets, de son atelier et de ses études en art et Michael de son travail au café. Rien de bien original, mais ça leur suffisait. Après plus d'une heure de repas, ils se rendirent directement au lieu de rendez-vous et le garçon aux cheveux rouges ne put contenir sa joie bien longtemps en voyant les allées de jeux-vidéos s'étendre dans plusieurs grandes salles. La lumière était assez sombre, dans les teintes rouges et bleues, l'endroit n'était pas trop bondé mais cela était sûrement dû à se grande superficie qui représentait presque celle d'un supermarché. Directement, il choisit de se diriger vers un jeu où le but était de tuer des zombies, le châtain lui laissait le choix des plates-formes qu'ils allaient utiliser, ils prirent chacune une manette et se mirent à jouer. Ce n'était pas un rendez-vous très intime et pourtant jamais aucun d'eux ne s'était autant amusé. Des courses de voitures, des combats de sumos, Pac-Man, Tetris, Space Invaders, Donkey Dong, Super Mario Bros, etc.... Et même une machine attrape-peluche, Michael avait gagné un Yoshi pour Ashton et Ashton un petit Stitch pour lui. Ils étaient restés plus de trois heures, s'accordant une petite pause entre deux pour boire un verre au bar, l'ambiance fut vraiment bonne et détendue. Jamais encore ils ne s'étaient sentis aussi bien.

Finalement, ils prirent la décision de sortir alors que la fin de l'après-midi approchait, ils auraient aimé prolonger cette soirée mais le châtain avait encore des révisions à faire pour ses cours de Lundi et un projet à terminer. Par politesse, et surtout pour passer encore du temps en sa compagnie, il raccompagna tout de même Michael jusqu'à chez lui. Ils sortirent tous les deux de la voiture, le serveur le laissa le suivre jusqu'à la porte et sourit timidement. Le moment fatidique, son corps entier lui criait d'aller chercher les lèvres d'Ashton comme il en avait envie depuis un moment déjà, mais d'un autre côté son esprit lui répétait sans cesse que ce n'était pas forcément la bonne chose à faire, de forcer le destin.


« Merci beaucoup Ash, j'ai vraiment passé un bon moment. »
« Oui, moi aussi. Je me suis beaucoup amusé. »
« On se refera ça un jour, alors ? »
« Pourquoi pas oui, avec plaisir ! »
« D'accord ! Bon... Au revoir alors, bonne soirée. »
« Toi aussi Mikey, à la prochaine. »


Deux secondes, il avait réfléchit deux secondes en voyant que le châtain n'avait pas tout de suite tourné le pas et qu'il fixé son visage. Il saisit alors sa chance et se pencha doucement, rapprochant son visage du sien, pour venir l'embrasser, mais contre toute attente, le garçon se recula de quelques pas rapidement et secoua la tête. Michael venait de se prendre une claque, littéralement, un ouragan énorme en pleine tête. Il voyait bien qu'Ashton le regardait avec regret, qu'il semblait vraiment désolé, navré, mais lui avait honte. Honte d'avoir pensé à gâcher leur amitié une seule minute de plus.


« Michael, je suis désolé, je ne... »
« Je sais oui, excuse moi. Il l'interrompit en secouant la tête. C'est de ma faute, oublie ça, ce n'est pas grave. Bonne soirée Ashton. »


Et en même un regard de plus, le jeune homme aux cheveux rouges ouvrit sa porte et se réfugia à l'intérieur de sa maison. Il s'y adossa et poussa un soupir alors que quelques temps après il entendit la voiture démarrer dans l'allée et le bruit du moteur s'éloigner. Lui qui pensait passer une bonne soirée, en à peine une minute, il avait gâché le meilleur rendez-vous de sa vie.


Art & Coffee. || Zarry.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant