Chapitre dix-huit :

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- Harry Styles. -


C'était aujourd'hui. Le jour J. Le moment tant attendu par les deux garçons. Le verdict. Il allait le faire, il était décidé. Maintenant, pas plus tard. Ne plus repousser le moment fatidique. C'était terminé, de passer pour le faible. Le fragile. Celui qui se laissait dominait. Maintenant, Harry avait doucement repris sa vie en main et Maël n'en faisait plus parti. Effacer les maux pour reconstruire des bases solides, pour un futur meilleur. Il ne pouvait plus continuer de vivre ainsi, dans la peur, la tristesse et la douleur. Il finirait par mourir de fatigue, sous les coups, sous l'épuisement. Et, il ne pouvait pas se permettre de gâcher sa vie encore avec un homme qui ne pensait qu'à le faire souffrir et se servir de lui pour le sexe, pour satisfaire ses envies quand il n'avait personne d'autre pour soulager cette chaleur au creux de ses reins. Il n'était pas un objet, plus maintenant. Ses mains jouaient nerveusement le volant, il regarda une dernière fois l'heure sur son portable, presque midi. Le châtain était peut-être encore au travail, mais il allait l'attendre. Même si cela devait prendre toute l'après-midi. Il voulait se débarrasser de ce poids immense sur ses épaules trop faibles. En finir, maintenant. Sans attendre.

Il prit un semblant de courage, inspira un bon coup et sortit de son véhicule. Ses clés en main, il ouvrit la porte fermée. Aucun bruit. Aucune lumière. Le silence total. Le calme plat. Il glissa son trousseau dans sa poche et avança vers le salon. Quelques cadavres de bouteilles de bière se trouvaient sur la table, une de vin rouge également, un bol de chips pas terminé et un paquet de cigarette. L'odeur était pestilentielle, ça sentait un mauvais mélange entre l'alcool et le joint. Un peu de bière était renversée sur le tapis beige en dessous de la table basse, il poussa un soupir. Ce n'était plus son problème de toutes manières, Maël se débrouillerait avec sa main à présent et le capharnaüm qu'il y mettait. Il n'était plus à son service. Le bouclé ne préféra pas aller voir le bazar qui devait régner en cuisine, la vaisselle sale qui devait s'accumuler dans l'évier. Il se dirigea vers leur ancienne chambre, mais manqua de pousser un cri en voyant un corps étendu sur le lit. Un corps qui n'avait pas des formes masculines.

Une femme. Nue. La couverture remontée sur ses hanches, mais la poitrine apparente, des cheveux blonds qui tombaient contre le coussin, son coussin. Ses mains manucurée tenaient le drap, une jambe découverte, les paupières fermées et la respiration lente. Harry regarda cette scène à peine deux secondes mais manquait déjà de vomir son repas de ce matin sur le sol de la chambre. S'écrouler ensuite. Crier. Hurler. Une femme, une inconnue, dans leur maison, dans leur lit. Elle semblait si paisible là, allongée dans un endroit qui n'était pas le sien. Les larmes lui montaient aux yeux, il était tellement bouleversé et en colère. En rage. Il se recula doucement, pour fuir cette pièce et aller trouver l'homme de la maison. Seulement, son dos heurta la porte et elle claqua contre le mur. La jeune femme poussa un petit gémissement et s'étira, se frottant les yeux avant de les ouvrir, Harry resta figé à l'entrée de la pièce.


« Bébé... C'est toi ? »


Elle tourna le regard vers lui, ses grands yeux bleus le fixèrent, elle restait nue, aucunement gênée. La poitrine exposée. Puis, elle aborda un jolie sourire, ces lèvres rosées et fines remontant doucement pour illuminer son visage, sa peau dorée. Elle se tourna sur le ventre pour mieux voir le bouclé, alors que la couverture recouvrait la moitié de ses fesses. Lui, hésitait entre s'enfuir en courant ou pleurer. Ça ne pouvait pas être réel. Cela devait encore un de ces mauvais cauchemars où il se réveillerait finalement dans les bras chauds et réconfortants du métis. Pourtant, il avait beau cligner des yeux, il voyait toujours le corps élancée de cette jeune femme dans leur lit. Comme si elle se trouvait chez elle. C'était lui, l'inconnu.


« Coucou, tu es un ami de Maël ? Tu viens te joindre à nous c'est ça ? »


La bile se coinça plus encore dans sa gorge à l'entente de ses mots, il dû se retenir pour ne pas se laisser tomber au sol. Son coeur faisait un mal de chien, il voyait tout tourner autour de lui. Sa tête se secoua doucement de droite à gauche, il respirait mal et s'appuyait contre la porte pour tenir son équilibre. Au moment où il quitta la pièce, Maël sortit de la salle de bain, simplement vêtu d'un caleçon. Les cheveux en bataille et un suçon bien voyant au creux de son cou. Harry se retenait d'avancer pour lui coller sa main contre sa joue et lui cracher toute sa haine au visage. Il le regarda, s'arrêta dans ses gestes et le détailla de haut en bas, comme un vulgaire objet.


« Qu'est-ce que tu fous là ? »
« Je suis venu pour te parler. »
« Et tu reviens comme ça, du jour au lendemain, sans me prévenir ? »
« Pourquoi ? Tu comptais emménager ici avec ta blondasse dans mon dos ? »
« Maël, mon amour, qu'est-ce que tu... »
« Amanda, reste dans la chambre s'il te plaît. »


La voix du châtain, ferme et dure, s'éleva dans l'air alors qu'il s'approchait de la porte pour la mettre contre. Le bouclé se décala, mais il eut à peine le temps de faire un pas que le garçon saisit son bras et l'emmena au salon, sa poigne lui brûlait la peau. Il se dégagea de son emprise et fronça les sourcils, incapable de retenir sa colère. Il n'allait pas le laisser gagner cette fois. C'était lui, qui allait l'anéantir, pour de bon. Sans ménagement, comme il avait su si bien le faire aussi durant ces longs mois. L'amour pouvait rassembler et unir dans certains cas, mais eux, ça les déchirait.


« J'ai interrompu quelque chose peut-être ? »
« Ne prends pas ce ton avec moi, Styles, je te préviens ! »
« Tu te trompes Maël, je n'ai plus aucun ordre à recevoir de toi, tu ne pourras plus me faire de mal. Et tu sais pourquoi ? »


Maël haussa un sourcil et croisa les bras sur sa poitrine, attendant la suite de sa phrase, prêt à lui rire au visage. Harry respirait vite, plus fort, ce n'était pas non plus quelque chose d'anodin pour lui qui avait aimé cet homme pendant un certain temps. Il avait été naïf et aveugle au point de croire que certains projets étaient possibles, parce qu'à part acheter une maison pour s'y installer ensemble, il n'avait pas entrepris grand-chose à deux. Ils ne sortaient quasiment jamais, ils n'avaient pas fait un seul voyage depuis cinq mois, ils ne se réservaient plus des soirées entre amoureux, simplement autour d'un bon dîner et devant un film, pour finir par s'étreindre chaudement entre les draps. Au début, les premiers mois, il y avait eu tout cela. Du moins, en apparence, son copain avait semblé lui accorder plus d'importance que maintenant. La belle époque. Puis s'était effondré, dégradé, petit à petit, il devenait plus sévère, il ne le touchait plus, ne l'embrassait plus. Les couleurs s'étaient estompées, tout était devenu fade, livide, gris, sombre. Harry ne se souvenait même plus de la dernière fois où il avait échangé un baiser, un vrai.

Dans les livres, il avait souvent lu qu'il n'y avait qu'un pas entre l'amour et la haine. Eux, l'avaient franchi avant même de consommer leurs meilleurs moments. Avant même de commencer à réellement être heureux. Il l'avait aimé, comme un dingue, lors des premiers mois. Tellement aveuglé par ses sentiments qu'il ne s'était pas rendu compte que tout était fini depuis longtemps. Que peut-être Maël n'avait jamais ressenti une once d'amour à son égard, que ce n'était qu'une affaire de sexe pour lui. Mais si ce n'était que cela, il aurait pu le quitter depuis bien longtemps pour une fille comme celle qui se trouvait allongée nue dans leur lit en ce moment. A l'intérieur du foyer où ils avaient commencé à construire des choses, des souvenirs, et la ramener ici revenait à jeter les jeter au sol et les écraser à coup de pieds, de marteau jusqu'à ce qu'il ne reste que des cendres. Harry serra alors les poings et lança finalement les mots à la volée, son coeur battait vite, il ne s'était même pas rendu compte qu'il s'était lancé finalement à l'eau.


« Je te quitte, Maël. »


Un poids énorme venait de se libérer de ses épaules, un poids qu'il ne pouvait plus supporter. Ses chaînes étaient rompues, peu importait la réaction du châtain, la décision était prise. La bombe était lancée, en plein dans son visage. C'était à lui de prendre les éclats et de garder les séquelles, le bouclé en avait fini avec la souffrance et la douleur. Il avait assez saigné. Le passé était, à présent, à bannir. Derrière lui. Zayn était, peut-être, celui qui lui ouvrait les bras pour un futur plus solide et sincère. Du moins, il semblait l'être, il le laissait croire. Et Harry avait envie d'y succomber. Il se sentait fort tout d'un coup, comme si rien ne pouvait plus l'atteindre. Une renaissance. Seulement, sa poussée d'adrénaline redescendit bien bas, presque sous le sol, quand Maël se mit à rire, un rire franc, moqueur et méchant.


« Tu me quittes ? Harry, tu es tellement naïf. C'est fini entre nous depuis longtemps, ça n'a jamais existé même. Je savais que tu étais débile, mais à ce point... Il émit un nouveau rire et secoua la tête. Tu ne me quittes pas, puisque rien n'a jamais commencé. Tu étais simplement un bon coup docile pour le sexe. J'allais te laisser, du jour au lendemain, mais c'était amusant de jouer avec toi. Sans que tu ne dises rien du tout. »
« Et de... Depuis quand tu me trompes ? »
« Depuis le début. »


Harry passa une main dans ses cheveux et semblait être sur le point de s'écrouler au sol, il ne sentait plus son coeur battre tellement le rythme était rapide, trop puissant pour sa poitrine. Le châtain, en face de lui, le regardait avec dédain et fumait sa cigarette sans se soucier de lui ou de ses réactions. Les larmes montaient à ses pupilles émeraude, il voulait hurler de rage et le frapper jusqu'à ce qu'il s'écroule. Lui faire subir le même sort. Mais il n'était pas ainsi, la vengeance n'était pas sa manière de faire. Il se sentait trahi et sale, dégoulinant de crasse depuis trop longtemps. L'homme qu'il avait aimé durant près de deux ans l'avait sali, l'avait dégradé et ôté toute forme d'estime qu'il avait pour lui-même. Et lui ne semblait pas du tout atteint par ce que le bouclé pouvait ressentir qu'il lui dise des paroles aussi blessantes. Il voulait quitter cette maison, rapidement, reprendre ses affaires, remplir ses cartons, aller vivre chez sa mère temporairement et tant pis s'il devait faire l'aller-retour entre son travail et son ancienne demeure. Mais il ne pouvait pas rester et respirer une nuit de plus dans cet endroit où tout ses cauchemars s'étaient formés. Il allait tuer ses démons, une bonne fois pour toute. Sans regards en arrière, sans regrets. A jamais. Effacer tous ces mauvais souvenirs, ces fantômes hurlants qui le maintenaient en arrière à chaque fois. Il devait avancer, faire des pas en avant.


« Alors pourquoi Maël ? Pourquoi tu es resté là, avec moi tout ce temps que tu pouvais tranquillement aller coucher avec toutes les femmes qui tombaient sous ta main ? Explique moi. »


Le garçon, avant de partir définitivement et l'effacer de sa vie, voulait savoir. Connaître les raisons. Comprendre peut-être. Les veines de son cou ressortaient sous la colère, il était prêt à exploser, les poings serrés, là devant lui. Et lui vomir aux pieds, aussi. Pour tout ce qu'il avait subi, avant, pour tous les coups, physiques et psychologiques. Pour tous les maux. Pour lui montrer que non, il n'était pas qu'un objet sexuel, une personne sans sentiments et sans émotions. Mais, il n'allait pas craquer. Pas encore. Plus jamais. Pas face à lui. Il ne méritait pas une telle fierté. La victoire était sienne, pour une fois. Il n'allait pas le laisser avoir cette satisfaction. Il partirait bientôt, d'ici quelques minutes, les épaules hautes et le coeur léger, libéré de ses chaînes. Certes, il avait été traîné à l'usure, roué de coups et pourtant il était toujours là, debout. Résister. Ne pas flancher. Il n'allait plus se taire, il était enfin temps de parler. Peut-être que ça ferait mal, mais il s'en remettrait. Avec l'aide de ses proches, de gens qui l'aimaient réellement.

Maël se mit à rire une fois encore, il écrasa sa cigarette dans le cendrier sur la table basse puis s'appuya sur le dos du canapé. Les bras croisés sur sa poitrine, malsain. Il avait toujours eu cet air de provocation, de méchanceté sur son visage, Harry aurait dû s'en apercevoir plus tôt. Avant que tout ne dérape. Il aurait dû réagir avant, il aurait dû être moins naïf, il aurait dû ne pas se montrer si faible, il aurait dû s'opposer et partir depuis longtemps. Il aurait dû, il aurait dû... Regrets. Erreurs. Des fautes, des ratures qu'il allait gommer. Des trous qu'il allait remplir, des plaies qu'il allait soigner, des fissures qu'il allait recoudre. Une nouvelle histoire qu'il allait écrire, nourrir et raconter.


« Mon pauvre petit, tu es tellement naïf et malléable, c'est si facile de te manipuler. Tu me fais un peu pitié, mais je vais te dire... Il se redressa et le regarda droit dans les yeux, les siens étaient sombres. Si je suis resté avec toi, si je me suis mit avec toi et que j'ai fais semblant d'être tombé aussi amoureux de toi au début, c'est parce que tu as une bonne situation. Du moins tes parents, ils sont plutôt riches, ils ont une grande maison, un grand terrain. Ton père est un notaire renommée, ta mère architecte, ce n'est pas rien. Et je voulais attendre jusqu'à leur mort pour qu'on ai, que j'ai, une succession. Un gros héritage. J'aurai pris l'argent, attendu quelques mois, investi dans un nouveau logis, et je t'aurai quitté. C'est aussi simple que ça. Mais là, je m'en fiche de ton compte. J'ai trouvé mieux, les parents d'Amanda. Ils sont plus riches, tous les deux grands propriétaire d'une entreprise, tu ne connais pas, et elle aussi. Alors non, Styles, pauvre idiot, tu ne me quittes pas. Ça n'a jamais commencé et de toutes manières j'allais t'abandonner d'ici peu, alors je suis content que tu ai pris l'initiative. »


Toutes les insultes du monde fusaient dans l'esprit du bouclé, il ne les retenait plus. Et s'il n'était pas aussi poli et timide, il les aurait toutes sorties sans attendre. Il bouillonnait. Le sang lui montait à la tête, ses mains tremblaient, ses veines étaient sur le point d'exploser à tel point sa colère était puissante, dévastatrice. Les mots de Maël étaient blessants, tranchants, acides. Il crachait de la fumée radioactive, des couteaux qui allaient directement se planter dans la poitrine du bouclé. En plus de le faire souffrir, le châtain s'était servi de lui uniquement parce que ses parents avaient une bonne situation. Pour en tirer partie une fois qu'ils ne seraient plus là. Combien de temps aurait duré ce manège ? Dix ans ? Vingt ans ? Harry n'aurait jamais laissé ça arriver. Et il se sentait d'autant plus sale et violé qu'il n'avait rien vu venir ou suspecté. Il avait été manipulé par un menteur de première, un homme violent qui ne pensait qu'à ses propres bénéfices, ses propres plaisirs. Maintenant, c'était à son tour de penser à lui.

Les larmes aux yeux, il s'approcha de Maël. Leurs regards s'affrontaient, la tension était palpable, l'électricité fusait entre eux. Puis, d'un coup, dans une poussée d'adrénaline, le bouclé fit atterrir sa main sur sa joue. Une claque. Comme un fouet. Sa peau était rouge, sa tête tournée vers le côté et la mâchoire crispée. C'était la première fois que le plus jeune s'opposait à lui ou osait l'affronter, le toucher, autrement que pour le sexe. Et encore, il ne lui avait jamais vraiment autorisé les caresses ou les baisers pendant l'acte. Ou après. Il avait l'habitude de le laisser dans le lit froid, directement après, et se rendre dans la cuisine pour manger, ou au toilette. C'était sale et vexant. Glacial. Satisfaire un besoin, juste cela. Il n'avait jamais été question de « faire l'amour » ou d'apprendre à se découvrir avant. Le sexe, bestial, et c'était tout. Puis, sans même lui laisser le temps de réagir, Harry se recula et se dirigea vers la porte. En marchant dans le couloir, il repéra la jeune femme, la tête entre le mur et la porte, à guetter ce qu'ils pouvaient bien se dire. Un regard froid vers elle, vers Maël ensuite. La main sur la poignée, il se tourna vers lui et cracha ses mots juste avant de partir.


« Je viendrais chercher mes affaires dans la semaine, quand tu seras au travail. C'est terminé. Je m'en vais. Je te laisse dans cette maison pourrie avec ton nouveau jouet. »


La jeune blonde poussa un petit bruit de surprise alors qu'il claquait la porte derrière lui. Il avait encore les clés de la maison, alors il reviendrait dans la semaine pour rassembler ses affaires, les mettre dans des cartons et les porter chez ses parents. Il effacerait tous ces mauvais fantômes, ces mauvais souvenirs pour recommencer. Autrement. Mieux. Sans erreurs, ou moins qu'il n'en avait fais jusqu'à présent du moins. Détruire les mauvaises poutres en vieux bois, celles qui vacillent et manque de tomber à n'importe quel moment, pour en reconstruire des plus solides, en acier ou en béton. Quelque chose qui tiendra malgré les risques, qui restera intact face à la tempête ou autres catastrophes naturelles. Il en avait besoin. De se construire un fort, un espace sécurisé et stable. De sentir qu'il n'était pas seul, qu'il était protégé et qu'un autre moyen de connaître le bonheur était possible. Qu'il y avait une échappatoire à ce cauchemar. Il y croyait. Maintenant, il savait que tout n'était pas perdu. Zayn le lui avait parfaitement montré.

Alors, sans hésiter une seconde, la première chose qu'il fit fut de se rendre à son atelier. Il savait qu'il était là-bas pour travailler un de ses projets, que quand il se retrouvait seul il allait se réfugier dans son art. Harry ne s'était pas trompé. Il était là, assit, dos à lui. Il ne l'avait pas entendu entrer. Quelques personnes visitaient la galerie, le propriétaire, Léon, lui avait gentiment sourit et lui avait montré l'arrière du bâtiment d'un signe de la main. Il le connaissait. Ils étaient déjà venu ici, ensemble, plusieurs fois. Le métis l'avait rapidement introduit dans son univers, il en faisait partie à présent. Durant quelques secondes, il le regarda, penché et concentré sur un dessin, sur une feuille déjà bien colorée. Finalement, pour signaler sa présence, il se racla la gorge. Le jeune artiste releva directement la tête et fit pivoter son tabouret pour se tourner vers lui. Son visage s'illumina et un sourire se dessina sur ses lèvres. Le bouclé posa un sac en carton rempli deux gobelets chauds de cappuccino et deux beignets à la pomme sur un coin de la grande table blanche, parsemée de dessin. Et, sans attendre, vint se réfugier dans les bras de son ami qui s'était levé pour l'accueillir. Leur étreinte était forte, passionnée. Ils ne parvenaient plus à se lâcher. Ils respiraient l'odeur de l'autre. L'un effleurant la peau du cou basané de ses lèvres rosées, l'autre caressant ses cheveux bouclés. Deux minutes passèrent, peut-être plus. Avant qu'ils ne détachent finalement. Le métis prit le visage du brun entre ses mains, ses pouces en caressaient délicatement les joues. Ils se souriaient en retour.


« Alors, comment ça s'est passé mon ange ? »


Après la question de Zayn, le bouclé prit une grande inspiration. Ses doigts s'accrochaient à son pull gris, il cherchait ses mots. Mais le mieux à faire était sûrement de se lancer sans chercher à prendre quatre chemins. Ils s'assirent l'un en face de l'autre, sur les sièges tournants, le basané lui tenait les mains, les caressaient, pour l'apaiser. Pour lui montrer qu'il était là. Et qu'il resterait, contre vents et marais. Alors, il se mit à raconter. D'abord la découverte de cette jeune femme nue dans leur lit puis la conversation avec Maël. Leur dispute, ses paroles tranchantes, égoïstes. Il n'avait eu aucun remords ou aucune honte à lui avouer ce qu'il comptait réellement faire de lui, à quoi il lui avait servi pendant ces presque deux années. Sa vue se brouillait un peu à mesure qu'il racontait les événements, les larmes lui montèrent aux yeux. Il reniflait parfois, mais continuait son récit. Pour se libérer d'un poids. Pour se dire que oui, tout était fini. Qu'il était parvenu à s'échapper, à franchir ce passage étroit vers une autre histoire, un autre début. Un recommencement.

D'un coup, il se mit à craquer. A fondre en larmes. C'était beaucoup de nouvelles en une seule journée, de pression et de colère. Il avait besoin d'extérioriser. Zayn n'attendit pas une seconde et vint passer ses bras autour de lui afin de le serrer aussi fort qu'il le pu, ses mains caressaient son dos. Je suis là, je suis là ne t'en fais pas, mon ange. Je ne te lâche pas. Tu peux crier, ce n'est pas grave. Tu es humain, après tout. Je te sers, je te portes, laisse toi aller. Il lui chuchotait ces mots réconfortants au creux de l'oreille, contre sa peau, contre ses cheveux et le bouclé ne se retenait pas. Il s'accrochait à lui, comme à son dernier espoir. Les poings et les doigts refermés autour de son pull. Il voulait se fondre en lui, s'y loger, s'y blottir, s'y cacher et ne jamais sortir. Au bout de quelques minutes, le métis se détacha de lui, restant tout de même proche, et saisit son visage fatigué et triste entre ses mains. Là, il le regarda comme jamais avant. Avec tellement d'intensité. Une étincelle y brillait.


« Tu es fort Harry, bien plus fort que tu ne le crois. Et je suis tellement, tellement fier de toi. »


Pour appuyer ses propos, il vint déposer ses lèvres délicatement sur chacune de ses joues humides afin d'effacer les larmes qui y coulaient. Son coeur battait rapidement dans sa poitrine, elle semblait sur le point d'exploser. Plus encore après le magnifique sourire qu'il lui offrit. Pour la première fois en vingt et un an, autrement que par la bouche de ses parents, il entendait ces mots. Zayn était fier de lui, Zayn le trouvait fort, Zayn l'aidait et le maintenait en sécurité. Zayn le rendait fort. Ils l'étaient, ensemble.



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Art & Coffee. || Zarry.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant