Je n'ai pas dormi aussi bien depuis l'annonce de la maladie de Barbara. J'étais en perpétuelle inquiétude, dans l'attente du pire et le pire a finit par nous frapper. Même si Laure m'a blessé en me confrontant à ma vie d'avant, au talent que j'ai au bout des doigts, à celui que j'ai toujours été, je sais qu'elle a bien fait. Je me rends compte avec effroi que je n'étais plus moi même. J'ai toujours été un garçon solitaire. Mais cette rage en moi je la connaissait pas. Laure a raison la vie continue. Je ne me fais pas d'illusions, je ne me pardonnerais surement jamais de ne pas avoir été présent pour Barbara dans les moments les plus durs. En attendant il ne faut pas que je perde à l'esprit que je respire encore, le sang coule toujours dans mes veines, mon cœur n'a pas cessé de battre. Je vis et pour elle je ne peux pas arrêter de me battre.
Je me lève du bon pied et descend rassasier mon estomac. Laure est déjà attablée. A mon arrivé, elle se tourne vers moi toute souriante.
"Qui êtes-vous et qu'avez-vous fait de mon frangin ? Se moque-t-elle.
- Très amusant.
- Plus sérieusement. Comment ça va ?"
Je m'assois à côté d'elle et pose ma main sur son épaule.
"Je vais mieux et c'est grâce à toi alors je t'en remercie."
Assis sur ma chaise devant mon bureau à faire semblant d'écouter le prof de maths expliquer un problème je me mets à penser à des suites de notes, à une mélodie. Je ressent cette sensation au bout de mes doigts, j'ai envie de jouer. Cela faisait longtemps que je n'avais pas composé de musique dans mon esprit pendant un cours. Je crois que je viens de trouver l'endroit parfait pour passer ma pause déjeuner.
Lorsque la sonnerie retentit je ne me précipite pas à la porte. Je préfère rester discret et ne pas attirer l'attention sur moi. Je me dirige vers le couloir réservé aux musiciens. Timidement j'entre dans la salle où si souvent j'ai joué. Rien n'a changé. Tout est encore à sa place. Le piano à queue, majestueux remplie le peu d'espace de la petite pièce.
Je pose mon sac dans un coin et m'avance sans trop d'appréhensions vers le piano. J'ai enfin confiance en moi. Je tire le tabouret et m'y assois. Un sourire tente de faire son apparition sur mes lèvres mais j'essaye de rester concentré. Ce n'est pas encore le moment de savourer cet exploit.
Je pose mes doigts sur les touches et les frôlent délicatement. Je joue une note. Puis un accord. J'enchaîne avec une petite suite d'accord et la musique commence. Je me laisse emporter. C'est comme le vélo ça ne s'oublie pas. J'improvise comme la mélodie me vient en tête et plaque un accord final.
Mes mains tremblent. J'ai réussi. Un trop plein d'émotion me prend à la gorge. Je me sens à la fois soulagé, content et déçu. Je suis déçu de ne pas avoir rejoué plus tôt, déçu de ne pas avoir réussi la seule chose que Barbara m'est demandé de faire avant de partir. Mais une promesse est une promesse même si elle n'est plus là. Je vais tout faire pour y arriver. Entend moi bien Barbara, où que tu sois. Je t'en fais la promesse.
Je me retourne pour récupérer une feuille et un crayon dans mon sac quand je vois Owen à la porte. Je suis persuadé qu'il a tout entendu puisqu'il s'obstine à rester derrière la porte avec un sourire sur les lèvres. Je lui ouvre la porte. Il se met aussitôt à frapper des mains. Ce type n'en finira pas de m'étonner.
"Mec, j'avais raison tu es un virtuose du piano. S'exclame-t-il.
- Arrête tu veux.
- C'est dommage que tu ne fasses pas parti de notre groupe. On aurait vraiment besoin d'un gars comme toi.
- Ta proposition tient toujours ?" Le coupais-je.
Il s'arrête et me regarde fixement. Je me dis que je commence à bien l'apprécier celui là.
"Tu es sérieux ? Bien sûr qu'elle marche toujours Charlie.
- Alors c'est d'accord.
- Oh bordel ! Je vais prévenir les autres."
Et Owen disparaît comme il est apparu. En attendant je prends doucement conscience que je viens de m'engager dans un groupe de musique. Je ne pensais pas en me levant ce matin que j'allais accepter sa proposition. L'idée me plaît et m'effraye en même temps. Je n'ai jamais joué en groupe mais seulement en solo. J'ai un peu d'appréhensions maintenant. Pour l'instant il faut que j'annonce ça à Laure.
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Le jour après la mort
RomanceLes jours après la mort d'un être proche sont les pires de notre existance. Mais ils le sont encore plus quand, avant de mourir, votre soeur s'est mise en tête de réléver au grand jour tous les secrets de chacun. Empris déjà d'un chagrin immense, so...