Laure

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Une fois sortie du self, rouge de honte, je cherche un endroit calme où faire disparaître mon malaise. Au pas de course je m'enferme dans les premiers toilettes que je trouve. Je sens mon coeur battre dans mes oreilles et malgré tout mes efforts il ne veut pas se calmer.

Je sors mon téléphone de de ma poche et compose le numéro de Charlie. Lui saura quoi faire pour m'appaiser. Seulement la voix de son répondeur se déclanche et me laisse un goût amer dans la gorge.

Terrorisée par une accumulation de sentiment je ne me rends même pas compte que je glisse le long de la porte et que je termine assise par terre les deux mains, à plats, sur le carrelage froid. Le noeud dans ma gorge ne desemplie pas et mes yeux se brouillent d'un voile de larmes. Il me serrait facile de les laisser s'échapper, de les laisser couler sur mes joues. Mais depuis la mort de Barbara je me suis jurer de ne pas me laisser aller de la sorte, de ne pas me montrer faible.

Je ravale ma tristesse et me redresse pour sortir de ces toilettes et affronter le vrai monde. C'est ce qu'aurait voulu ma soeur. C'est la seule chose à faire de toute façon.

A peine ai-je mis un pied dans le couloir que la sonnerie retentit. Je me dirige vers ma salle de cours en passant à mon casier pour prendre mes affaires. Je jette un coup d'oeil à tous les garçons que je croise dans les couloirs. D'habitude mon frère passe me voir dans le couloir des secondes. Mais ce midi aucun signe de vie de sa part et le fait qu'il n'ait pas répondu à mon appel m'inquiète. Avant de tourner au coin je jette un dernier regard. A tous les coups il est parti sécher les cours. En me détournant je rentre dans quelque chose de dur. Mes cahiers me tombent un par un des mains. Je me précipite par terre pour les ramasser et masquer ma gêne. Je m'attends a entendre la personne face à moi s'énerver et se foutre de moi. Le rouge me monte instinctivement aux joues et un rire me parvient. Un peu comme ce matin quand j'ai sursauté en entendant la sonnerie. N'osant pas lever les yeux. J'essaye de prendre mon temps pour ramasser mes affaires dans l'espoir qu'après s'être foutu de moi deux fois dans la même journée mon voisin de classe va se décider à partir bien vite. Au lieu de ça il se baisse et me donne un coup de main pour rassembler mes cahiers.

Jules m'adresse un sourire bienveillant en me remettant sur pied. Je commence à piteusement me confondre en excuses. Il m'arrête.

"Non, t'inquiètes pas. Je ne faisais pas attention où j'allais. C'est ma faute.

- Je suis désolée. M'excusais-je quand même.

- Allez-va, il n'y a pas mort d'hommes." Déclare-t-il en m'assomant d'un coup de camaraderie sur l'épaule avant de reprendre son chemin.

Remise de cette busculade je me remets en route vers ma salle de cours.

De retour à la maison, Charlie n'a toujours pas montré signe de vie. J'ai pourtant attendu le deuxième bus mais il n'est pas venu me rejoindre. Impatiente et inquiète qu'il ne réponde pas à mes appels je suis finalement rentrée sans lui en espérant qu'il soit déjà là.

En passant la porte d'entrée la maison est emplie d'une faible lumière et d'une odeur de propre plane dans toutes les pièces. J'en conclus que papa est dans un bon jour, qu'il n'a pas touché à l'alcool et qu'il a passé sa journée à faire le bon père de famille en faisant tout le ménage. Ou qu'il s'est cherché un échapatoir à la tristesse autre qu'en se noyant dans l'alcool.

Malheureusement en dehors de ce ménage bien fait, il n'y a personne. Tout le monde se dit qu'en évitant cet endroit le deuil sera plus facile. Pour moi, tous autant qu'ils sont, mon père, ma mère qui se bourre de travail et même mon frère, cherchent juste à éviter le problème.

Dans la cuisine je me sers un verre de jus d'orange en tentant une nouvelle fois d'appeller Charlie. Toujours aucune réponse.

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Encore un court chapitre je sais mais le prochain sera surement plus long :)
Oubliez pas de me donner votre avis ;)

Le jour après la mortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant