Charlie

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A la fin de la répétition avec le COP'S, ma seule envie est de rentrer à la maison et de m'allonger sur mon lit. Je suis exténué. Et pourtant j'ai l'impression d'être possédé par une sorte d'excitation qui me porte. C'est ce que je ressens quand je joue du piano et dans ces moments là, je pourrais ne jamais m'arrêter. Quoi de mieux que de se sentir vivant ?

En rentrant, je monte directement à l'étage. A travers la porte de la chambre de Laure, j'entends de la musique. Je pousse la porte pour la prévenir que je suis rentré. Je commence à lui dire que la répétition a duré plus longtemps que prévu et me stoppe net quand je réalise que la pièce est vide.

Laure n'est pas ici. Mais le plus inquiétant est que son armoire est complètement vide. Ses vêtements ont disparus. Certains tiroirs de son bureau ne sont pas fermés comme si elle avait cherché quelque chose à la hâte et n'avait pas pris le temps de les refermer.

Je sors de la chambre de Laure et me précipite dans la mienne. Je jette mon sac de cours au pied de mon lit et redescend les escaliers en courant. Dans le salon, papa est encore absorbé par la télé. Il n'a surement pas remarqué l'absence de sa fille.

"Où est Laure ? Demandais-je de but en blanc.

- Dans sa chambre. Tu n'entends pas la musique ? Me répond-t-il.

- Elle n'est ni dans sa chambre ni dans la mienne. Tentais-je de rétorquer en restant calme.

- Tu as regardé dans la chambre de ta sœur ?

- Personne ne va dans la chambre de Barbara. Lançais-je d'un ton cassant.

- Laure y va. Sinon comment croit-tu qu'elle a eu toutes ses vidéos la dernière fois."

Je suis sidéré. Pour une fois il n'a pas tord. Je n'avais jamais pensé à cette éventualité. Je ne mettait jamais posé la question de savoir comment Laure avait eu toutes les vidéos que Barbara prenait de moi en train de jouer du piano.

Mais de toute façon son hypothèse ne fonctionne pas. Laure n'a pas pu s'enfermer dans la chambre de Barbara avec l'intégralité de sa garde robe. Derrière moi, la porte de la cuisine s'ouvre sur maman qui rentre du travail. Papa se lève et s'avance vers elle pour l'embrasser furtivement. Maman n'ose pas me regarder dans les yeux et je le sens. Elle sait quelque chose.

"Où est Laure ? Lui demandais-je.

- Elle est partie.

- Où ?

- Je ne sais pas.

- Répond-moi. M'emportais-je.

- Je n'en sais rien, Charlie. Ta sœur est partie, c'est tout."

Elle ne paraît même pas tristesse de nous annoncer cela. Non, elle plutôt l'air exaspéré que je m'obstine à lui parler de sa fille. Papa, lui est retourné devant sa télé. Il ne s'en soucie pas beaucoup non plus visiblement.

"Dis-moi où se trouve ma sœur.

- Elle ne m'a pas dit où elle allait.

- Je ne veux même pas savoir ce qu'il s'est passé entre vous. Une chose est sûr, tu viens de perdre tes deux derniers enfants."

Cynthia garde la tête baissée. Sur le plan de travail entre nous, nos mains sont posés de façon symétrique. Je ne peux m'empêcher de la fusiller du regard. Toute cette excitation qui me portait en arrivant ici, a totalement disparu. Il ne reste plus qu'un grand vide.

Quand elle lève les yeux vers moi, son regard a changé. Il suffit de lui parler de moi ou de Barbara pour que son attitude change complètement. Sa main se pose timidement sur la mienne.

"Tu es mon fils et je t'aime.

- Et Laure est aussi ta fille. Mais cela ne t'empêche pas de la rejeter. A tes yeux seul Barbara ...

- Ne parle pas de ta sœur. Me coupe-t-elle en haussant le ton, ce qui me fige un peu plus.

- Tu vois. Il n'y avait qu'elle qui comptait pour toi. Il n'y a toujours eu qu'elle a tes yeux."

La conversation s'arrête là. Je quitte la pièce avant qu'elle ne puisse me répondre. Je remonte dans ma chambre en escaladant les marches deux par deux. Une fois dans ma chambre, je fais comme Laure, quelques heures plus tôt. Je fais mes valises. J'embarque tous mes vêtements. J'empile mes partitions dans un carton et sors.

Au pas de la porte, je jette un dernier coup d'œil à ma chambre. Je ne sais pas quand est-ce que je remettrais les pieds dans cette pièce.

Une fois dehors, je réalise que je sais où s'est rendue Laure. Elle ne peut être que là-bas. Alors avec mon carton sous le bras et ma valise dans l'autre main, je m'en vais la retrouver.

Devant leurs porte, je sonne et frappe aussitôt à la porte. Henri m'ouvre la porte. Il me scrute de la tête aux pieds. Son regard se pose sur mes affaires. Puis il se décale pour me laisser entrer.

"Fais comme chez toi, fiston. Déclare-t-il.

- Merci papi."

Je pose mes affaires dans l'entrée et m'avance dans la cuisine pour saluer mamie. Elle prépare le dîner. En me voyant approcher, un large sourire se dessine sur son visage. Quand nous étions petits nous passions la plupart de nos vacances ici. Mais quand Barbara est tombé malade, maman ne voulait plus voir personne et elle refusait que l'on aille chez ses parents. Alors je comprends que mamie soit heureuse de nous revoir chez elle. Mamie lâche sa cuillère en bois et me sers dans ses bras.

Posté dans l'embrasure de la porte, papi me conseille de monter ma valise dans la chambre d'ami et d'aller voir ma sœur. Je monte les escaliers et ouvre la porte de la chambre d'ami. Nous dormions à trois dans cette petite pièce et cela nous allait très bien à l'époque. Aujourd'hui nous serons que deux. 

Je referme la porte derrière moi et pose ma valise dans un coin. Je lève les yeux vers le lit superposé. Je monte les trois marches et grimpe sur le lit du haut. Je m'assois à côté d'elle. Elle a les genoux remontés sous son menton. Doucement sa tête vient se poser sur mon épaule.

"Merci d'être là." Murmure-t-elle. 

Je pose ma main sur la sienne.

"Je serais toujours là pour toi, Laure."

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Charlie n'est-il pas le meilleur grand frère au monde ? ^^ Qu'en avez vous pensé ?

Le jour après la mortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant