Laure

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Trois jours ont passé depuis que j'ai ouvert la lettre que Barbara m'avait laissé. Trois jours que je ne cesse de me torturer l'esprit pour trouver le moyen de découvrir ce secret. Je sens la fatigue morale me gagner peu à peu au fil du temps. J'essaye de faire bonne figure devant mes amis et surtout devant Charlie. Lui qui semble enfin heureux depuis qu'il a repris la musique et depuis qu'il sort avec Claire. Il mérite ce bonheur et je ne veux pas lui gâcher avec mes problèmes.

"Laure, je ne rentre pas tout de suite, j'ai une répétition avec le groupe. Je te retrouve à la maison. M'informe Charlie en me croisant dans le couloir.

- Ok, à plus tard."

Je le regarde s'éloigner dans le couloir avant de continuer mon chemin pour aller prendre mon bus.

"Salut." Lançais-je en passant la porte d'entrée.

Seul le bruit de la télé me répond. Papa est planté devant. A l'annonce de la maladie de Barbara, il avait décidé d'arrêter de travailler pour ce consacrer plus à ses enfants. On sait tous qu'il souhaitait seulement avoir un regard constant sur sa fille. Depuis sa mort, il n'est toujours pas retourné travailler. Il préfère se morfondre dans son chagrin.

Je passe devant lui et monte dans ma chambre. Je pose mon sac à côté de mon bureau et allume la radio pour tenter de briser ce silence pesant et persistant. Mais cela ne couvre pas assez cette voix dans ma tête qui n'arrête pas de me répéter qu'il faut que je mette un terme à ce secret.

Je fais les cents pas dans ma chambre quand mes yeux se posent sur ma bibliothèque. Plus précisement sur les albums photos que je ne feuillette jamais. Je les sors de mon étagère et les pose sur mon lit. Le premier albums retrace à travers quelques photos la vie de mes parents. Il y a des photos de leurs vacances, puis de la maison qu'ils viennent d'acheter et aussi de leurs mariages. Ils ont l'air amoureux.

Les pages d'après décrivent la première grossesse de maman. Son ventre s'arrondit et son sourire avec. Elle est heureuse. Et puis, elle est là. Barbara.

Le deuxième albums lui est consacré. Maman est aux anges, épanouie. Papa prend toutes les photos qu'il peut. Au fil des pages, Barbara grandit. Le petit bébé a maintenant un an. A côté d'elle, maman a à nouveau le ventre qui s'arrondit. Charlie est déjà en route vers la vie. Trois ou quatre photos plus tard, Charlie est parmi eux. C'est au tour de papa d'être le plus comblé du monde. Il se retrouve avec le choix du roi. Que demander de plus ?

J'en arrive au troisième et dernier albums. Je sens une certaine inquiétude, une boule d'angoisse monter en moi. Et ce sentiment est concrétisé dès les premières photos. Maman est enceinte mais semble tout faire pour le cacher. Il n'y a aucune photo de l'évolution de sa grossesse comme pour les deux autres avant.

La première photo de moi me fait monter les larmes aux yeux. Barbara, toute souriante, est assise dans le canapé et me tient dans ses bras. Charlie est assis à côté d'elle et du haut de ses un an et demi, il est penché sur moi. Sa petite main hésite à caresser le dessus de ma tête comme si il avait peur de me faire mal.

Je continue de feuilletter les pages de l'albums et je ne peux que constater que mon intuition ne fais que se confirmer. En refermant l'albums, je me rends compte que je ne ressens plus aucune angoisse. Je ne suis même pas triste. Non, je suis en colère. C'est maintenant une rage plus forte que jamais qui me porte.

Je récupère un grand sac et commence à y enfouir le plus de choses possibles. J'essaye d'y mettre tous mes vêtements. Je fais attention de bien emporter l'ordinateur de Barbara. Je ne peux pas le laisser ici. Et j'amène avec moi la lettre de Barbara. Sans elle je n'aurais probablement jamais su.

En haut des escaliers, j'entends encore la télé. Pour être la plus discrète possible, je passe par la porte de la cuisine et contourne tout le jardin pour me retrouver dans la rue. Devant l'arrêt de bus, je regarde ma montre. Elle y sera encore, c'est sûr.

Le bus s'arrête juste devant le bâtiment où se situe son travail. Je marche jusqu'aux portes. Je sens en moi la rage monter de plus en plus. C'est un sentiment nouveau pour moi mais qui me pousse à faire ce que j'ai à faire une bonne fois pour toute.

A l'entrée, sa secrétaire m'informe qu'elle est en réunion. Elle me propose donc de m'assoir. Elle va même jusqu'à me proposer quelque chose à boire. Mais la vérité n'attend pas. L'heure a sonnée.

J'ignore complètement la secrétaire et me dirige droit vers les portes de la réunion. D'un geste majestueux, j'ouvre les doubles portes. La salle tombe dans le silence et tout les sièges se tournent vers l'inconnu qui vient de faire irruption contre ses droits.

"Que veux-tu Laure de si urgent pour interrompre cette réunion ? Me demande-t-elle sans perdre son sérieux devant son assemblée.

- La vérité.

- Je suis en plein travail alors on en reparlera ce soir, à la maison.

- On parlera ? La coupais-je. Tu es sérieuse là ? On n'a jamais parlé. Jamais. M'emportais-je. Maintenant dis-le moi maman. Maman ? Mais qu'est-ce que je raconte. Cynthia. Lançais-je de façon dégouté. Dis-le.

- Laure.

- C'est pas grave. Je vais le dire moi. Parce que, oui, ton secret n'en est plus un. Je sais tout. Je sais que je ne suis pas un enfant désiré. Je ne suis qu'une erreur pour toi, qui n'aurait jamais dû voir le jour. Tu étais heureuse avec une merveilleuse petite fille et un adorable petit garçon. Pourquoi venir tout gâcher avec un troisième enfant ? Mais par je ne sais quel moyen, je suis quand même venu au monde. Certes, mais je n'avais aucune chance de gagner ton amour. Tu t'étais mise en tête de me détester et c'est ce que tu as fait. La maladie de Barbara t'as même aidée. Tu as toujours rejeté la faute sur moi. Explosais-je au bord de la crise de nerfs. Tu ne m'as jamais laissée te dire je t'aime. Tu ne m'aimes pas.

- C'est ...

- Ne cherches pas à me contre-dire. Déclarais-je en pointant mon doigt sur elle. Tu n'as qu'à regarder les photos de famille. Il n'y a aucune photo de toi et moi. Aucune. Alors j'ai raison et tu le sais."

L'assemblée entière a les yeux rivés sur nous. Cynthia reste professionnel et ne bouge pas d'un cil. Ce que je viens de lui dire ne semble pas la toucher plus que ça.

"Tu restes ma fille malgré tout. Reprend-t-elle la parole.

- Mais je ne veux pas d'un bout de papier qui me dise que tu es ma mère. L'implorais-je presque. Je veux une mère qui m'aime.

- Ça suffit Laure. Rentre à la maison.

- Non. Tu n'as jamais voulu de moi et bien tu as gagné." Déclarais-je d'une voix claire avant de sortir de cette salle.

Une fois dehors, l'air frais m'appaise un peu. Sans perdre plus de temps, je reprends le bus. Cette fois je m'arrête au cimetière. J'ai besoin d'être au près d'elle. Au près de ma grande soeur. Je retrouve facilement la tombe de Barbara et m'assois devant. Barbara avait raison. Au fond de moi je le savais. Je savais que maman n'avait jamais voulu de moi. Elle portait tout son amour à Barbara et me délaissait. Elle en était parfaitement consciente et ne faisait rien pour changer cela.

Ma vue se brouille et je me cache les yeux. Les larmes coulent sur mes joues sans que je puisse les contrôler. Soudain une main se pose sur mon épaule.

"Je suis désolé ma grande." Dit-il d'une voix emplie de tristesse.

Je me tourne vers papi et tombe dans ses bras. Les sanglots m'emportent.

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C'est bon. Le secret est dévoilé. Qu'est-ce que vous en avez pensé ?

Le jour après la mortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant