Charlie

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Dans un bruit sourd la porte d'entrée claque et je me retrouve seul dans la maison. Je me rallonge dans mon lit avec mon casque sur les oreilles. Malgré la musique qui me braille dans les oreilles mes pensées ne cessent de se tourner sur Claire et le fait qu'elle ait pu penser que je me joindrais à ce dîner, telle une réunion de familles désespérées.

A peu près une demie après le départ de papa et Laure, je sens mon téléphone portable vibrer dans ma poche. Je le sors pour lire le nom de la personne qui m'appelle : numéro inconnu. Je suis tenté de laisser le répondeur se déclencher mais à la dernière seconde ma curiosité l'emporte.

"Salut Charlie."

Une voix timide se fait entendre et pourtant je la reconnaîs instantanément. Claire.

"Je voulais savoir si tu allais bien et pourquoi tu.
- On sonne à la porte. La coupais-je en mentant. A plus."

Je m'apprête à remettre mon casque quand la sonnerie de la porte d'entrée résonne dans le silence de la maison. Un long soupir m'échappe. Je commence à descendre les escaliers, tandis que la personne derrière la porte sonne une nouvelle fois. L'agacement s'empare de moi. J'ouvre enfin la porte. Un garçon blond se retourne.

"Salut. Owen, enchanté." Se présente-t-il tout sourire.

Il me semble que j'ai déjà vu ce gars quelque part. Mais je n'arrive pas à me rappeller où. En tout cas je ne vois pas du tout ce qu'il peut bien me vouloir et la curiosité l'emporte à nouveau.

"Charlie. Répondis-je.
- Je sais. Je veux dire qu'on va au même lycée.
- D'accord mais qu'est-ce que je peux faire pour toi ? Demandais-je.
- En faite, avec d'autre gars on a monté un groupe il y a un peu plus d'un an mais notre pianiste nous à lâché. On en a besoin d'un autre d'urgence et on t'a souvent entendu jouer dans les salles de répétition du lycée. On vouudrait te faire une proposition." M'annonce-t-il.

Je me rappelle où je l'ai vu. Lui et son groupe participe souvent aux concerts du lycée et même si je n'y suis allé que très rarement ils sont réputés plutôt bon. Mais faire partis d'un groupe, quand on a toujours joué tout seul, ne me tente pas vraiment.
La porte de derrière s'ouvre. En me retournant j'apperçois maman. En la regardant je claque la porte d'entrée sans me retourner sur le gars au pas de la porte. Au claquement de la porte elle lève la tête et me demande :

"Qui c'était ?
- Personne.
- Tu peux me le dire Charlie, je ne vais pas le crier sur tous les toits, tu sais. C'était une fille ? M'intérroge-t-elle après avoir posé son sac sur le plan de travail.
- Depuis quand ma vie t'intérresse ?" Lui répondis-je franchement avant de remonter dans ma chambre.

Ce n'est un secret pour personnes, je me suis éloigné de mon père à la mort de Barbara. Sans vraiment savoir pourquoi. Mais je ne saurais  dire à partir de quand je me suis éloigné de ma mère. Un jour j'ai pris conscience que la seule personne qui comptait vraiment pour elle c'était Barbara. J'ai fait en sorte d'être un grand frère exemplaire, à la hauteur pour Laure, pour la protéger du peu d'amour de notre mère envers nous. Maman m'a laissé faire, bien contente de ne plus avoir sa fille dans les pattes, de voir Laure accourir vers moi à chacun de ses soucis. Au fur et à mesure papa a fini par mettre mon éloignement avec ma mère sur le compte de l'adolescence. Je crois que Barbara a toujours tout su. Depuis sa mort je me dit qu'elle est morte en sachant des choses sur toutes cette famille qu'elle n'a jamais avoué, pour le bien des personnes, ou par manque de temps.

Je me rallonge sur mon lit en replassant mon casque sur mes oreilles. Je monte le son pour oublier la présence de maman en bas. Je finis par m'endormir, réveillé en sursaut au son de mon réveil.

A contre coeur, je me lève et part en direction de la salle de bain. La douche froide me réveile complètement. Après quoi je descends prendre mon petit déjeuner. Ayant sauter le dîner de la veille, je meurs de faim. Laure est déjà là et la pièce est plongé dans ce silence habituel. Je m'installe en face d'elle et commence à me goinfrer. Elle me regarde d'un air dégouté. Je m'arrête de manger. Elle pose son bol sur la table et sors de la cuisine. Je recommence à manger, avant d'entendre la porte d'entrée claquer.

Le jour après la mortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant