**Point de vue d'Alya :**
J'ouvre la porte.
... : Bonjour, j'aimerais parler à votre mère. Est-ce qu'elle est là ?
Alya : À qui ai-je l'honneur ?
... : La DAS. Puis-je entrer ?
Moi : Excusez-moi, mais vous faire entrer briserait l'ambiance familiale ici, donc non !
Elle : S'il vous plaît, mademoiselle, je veux juste m'assurer que vous allez bien, toi et tes frères.
Moi : Comme vous pouvez le voir, je vais très bien, donc... (je m'apprête à fermer la porte quand elle la bloque avec son pied)
Elle : Janna... C'est ça ?
Moi : Écoutez, je n'ai vraiment pas le temps.
... : C'est moi, Janna... Qui êtes-vous ?
Elle : Je suis l'assistante sociale chargée de votre dossier. J'aimerais vérifier que tout va pour le mieux chez vous, mais comme vous le voyez, votre sœur ne veut pas me laisser entrer.
Moi : Je suis là, vous savez ? Et non, vous ne rentrerez pas. Avez-vous un mandat ?
Elle : Je ne suis pas de la police, juste votre assistante sociale.
Janna : C'est bon, allez, laissez-la entrer.
Je lui ouvre la porte en soufflant, et au même moment, ma mère sort de sa chambre accompagnée de Jibril.
Moi à Janna : Toi, tu peux t'occuper d'elle, parce que moi, je ne ferai pas le service de thé.
Ma mère : Ah, Madame Duval, comment allez-vous ? Je vous sers quelque chose à boire ?
L'assistante sociale entre et s'installe sur le canapé comme si elle avait l'habitude de venir ici sans qu'on lui propose de s'asseoir, toute désinvolte.
Elle : Non, merci. Nous devons discuter de choses importantes.
Ma mère : Janna, prends ton frère et allez dans la chambre avec ta sœur.
Je ne vais nulle part. Si c'est une Khalti qui vient discuter avec la daronne, normal que j'aille dans ma chambre, mais celle-là, qui veut nous séparer de ma mère, sérieusement ? Je ne bouge pas !
Janna prend Jibril et va dans la chambre, tandis que moi, je m'installe à côté de Mme Duval.
Ma mère : Alya, s'il te plaît.
Moi : Non, maman, je reste.
Ma mère s'assoit également, et l'autre commence son monologue stupide.
Elle : Je résume votre situation : vous êtes veuve depuis maintenant 2 ans, vous vivez grâce à l'assurance vie de votre mari qui s'épuisera bientôt, vous n'avez pas d'emploi et vous êtes responsable de trois enfants.
Ma mère : Écoutez, je cherche du travail avec acharnement. J'ai un BTS en poche, mais lorsque vous êtes d'origine africaine et que vous vous appelez Aminata, ce n'est pas facile.
Elle : J'ai fait tout mon possible pour vous aider, ma...
Moi : Pas assez, apparemment.
Ma mère : Alya, arrête, s'il te plaît.
L'assistante sociale : Donc, comme je le disais... (elle me regarde d'un mauvais œil) Si votre situation ne s'améliore pas, nous serons obligés de retirer vos enfants.
Moi : Non, mais vous entendez ça !
J'ai une question.
Elle : Oui.
Moi : Vous voyez, j'ai 16 ans.
Elle : Oui.
Moi : Et ma sœur Janna aussi. J'ai entendu dire qu'à partir de 16 ans, si nous vivons une situation difficile, nous avons le droit de demander l'émancipation.
Ma mère : Alya, ma chérie, c'est une décision importante.
Moi : Maman, laisse-moi finir, s'il te plaît.
Duval : Oui, dans des cas précis, définis.
Moi : Dans ce cas-ci, je ne peux pas demander l'émancipation ?
Elle : Non.
Moi : Donc, il n'est absolument pas question de nous séparer de notre mère ?
Elle : Vous êtes encore scolarisées, cette décision ne doit pas être prise à la légère... et...
Moi : Allez-vous m'aider dans les démarches à suivre, ou nous laisser avec notre mère ?
Elle : Je... C'est... fi...
Elle n'a plus les mots, apparemment, même si elle prétend avoir tout fait pour nous aider.
Moi : Je pense que nous avons fini, madame Duval.
Elle : C'est Duval.
Elle se lève, salue ma mère qui n'a pas dit un mot depuis tout à l'heure, et s'en va.
Ma mère ne semble pas d'accord, mais il faut qu'elle le soit, sinon on lui dit au revoir, et je ne veux en aucun cas perdre d'autres membres de ma famille.
Je lui fais un bisou sur le front et lui dis droit dans les yeux : Tu verras, mama, tout s'arrangera. Je lui fais un autre bisou, mais elle ne dit rien.
Je décide d'aller dans la chambre et d'en parler à ma sœur, mais évidemment, elle refuse.
Elle : Nan mais jamais de la vie, t'es folle dans ta tête ou quoi ?
Moi : Mais réfléchis. Le seul moyen d'aider maman, c'est ça, demander l'émancipation et pouvoir l'aider. Sinon, on nous prendra. Tu te sens bien séparée de nous, et maman sera dans une mauvaise situation. Ils vont la virer de la maison.
Elle : Tu n'as pas conscience de toutes les responsabilités que nous aurons sur le dos. Si nous faisons une bêtise, c'est la catastrophe, la zonpri.
Moi : Quelle bêtise as-tu l'intention de faire, espèce d'idiote ? C'est pareil maintenant. Si tu fais une bêtise, tu finis en maison de correction. Si tu ne me suis pas, tant pis, mais moi, j'ai bien l'intention de demander l'émancipation.
Jibril, qui était sur sa PSP depuis tout à l'heure, relève la tête et dit : Alya, j'arrive pas à me concentrer sur mon jeu, et c'est quoi cette émancikhraa ?
Moi : Tu me dis "j'arrive pas à me concentrer sur mon jeu", à moi ? Je le prends et fais mine de le jeter par la fenêtre.
Lui : Ça va, pardon.
Je le repose, il reprend sa PSP et crie : Grosse merde !
Il s'en va en courant en claquant la porte de la chambre.
Janna : Bon, je te suis. Tu as raison, on ne peut pas laisser maman dans cette situation.
Une semaine s'est écoulée, et je jongle entre la salle de boxe et les cours. Janna, quant à elle, est toujours fourrée avec ses amies Kahina et Shaïma. Franchement, j'aime beaucoup Kahina, mais je n'apprécie pas trop Shaïma. On dirait qu'elle joue un jeu ou quelque chose du genre. Bref, il y a une semaine de cela, l'assistante sociale nous a appelées. Elle nous a informées qu'elle avait effectué toutes les démarches pour que Janna et moi puissions être émancipées. Elle a fixé un rendez-vous avec notre mère deux jours plus tard, et tout s'est bien passé. Ma mère a signé les papiers et le juge a accepté notre demande. Désormais, Alya et moi sommes entièrement responsables de nos actes.
Je vais pouvoir commencer à chercher du travail et m'occuper de ma famille pour pouvoir garder la maison et prendre soin de mon petit frère Jibril.
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Chronique De Janna Et Alya: Elle Boxeuse Et Moi Footballeuse [Reprise]
RomanceJe vais te dire un truc que tu sais déjà. Le soleil, les arcs en ciel, c'est pas le monde ! Y'a de vraies tempêtes, de lourdes épreuves aussi grand et fort que tu sois la vie te mettra a genoux et te laissera comme ça en permanence si tu la laisses...