Chapitre 7, partie 3

280 31 3
                                    

Louis.

C'était le début d'un nouveau trimestre et Louis avait déjà du pain sur la planche. Il n'avait pas arrêté reporter son travail sur les nouvelles leçons pendant toutes les vacances, toujours si épuisé suite à la semaine du spectacle qu'il n'avait pas pris la peine de regarder son calendrier, donc maintenant il fallait qu'il rattrape son retard. Il serait capable de bluffer le premier jour, mais il devait vraiment s'asseoir et réfléchir à ce qu'il allait donner comme cours, parce que les choses allaient rapidement redevenir chargées pour lui.

Il devait tenir les auditions pour la comédie musicale de printemps, ayant choisi Grease cette année. Il l'avait conservé depuis ses début en tant que metteur en scène, étant donné que c'était sa préferée et qu'il ne voulait pas gâcher sa chance de bien faire, mais pour d'étranges raisons, il sentait que c'était la bonne année. Il avait distribué des flyer et punaisé les chansons d'auditions avant les vacances de Noël pour donner aux jeunes assez de temps pour s'entrainer, mais il avait toujours certains détails à régler avant les essais. Poster les feuilles d'inscription, faire des photocopies des scripts, réserver le théâtre.. tout ça devait être fait avant la fin de la semaine.

Donc vraiment, au milieu de tout ça, il n'y avait aucune raison pour lui de se sentir si déçu quand il reçut un message d'Harry le lundi matin disant qu'il ne passerait pas aujourd'hui parce qu'il avait un rendez vous avec un prof. Louis savait qu'il aurait dû être reconnaissant d'avoir son heure de libre pour lui. Mais le fait était qu'il n'avait pas vu Harry depuis une semaine, et que quelque part entre les décors de théâtre et du champagne à 2h du mat, sans compter des coups de téléphones sous une couverture dans le fond du jardin, c'était devenu insupportable. Il ne pensait qu'à ça toute la journée, le fait qu'ils étaient dans la même ville à nouveau et que l'espace entre eux de se rétrécissait à chaque instant.

Finalement, il fut 17h et il en avait fini avec son travail pour la journée, fiches d'inscription postées et plans de leçon enfouis dans le tiroir de son bureau. Il savait qu'il pouvait prendre l'entrée centrale vers le parking et ne jamais passer près du terrain de foot. Il arriverait même plus vite à sa voiture. Il pourrait rentrer à la maison et regarder la télé en passant la soirée avec son chat et un verre de vin, sain et sauf dans son appartement où personne ne faisait rien ressentir à personne. Ça serait si facile.

Si facile, mais impossible. Tandis qu'il verouillait sa salle, il savait que c'était perdu d'avance. Ses pieds le menaient déjà vers la sortie de derrière sans même lui dire. Malpolis.

L'équipe en était à ses dernières minutes d'entrainement quand il arriva. Le lundi, avait appris Louis, était juste consacré à des exercices, donc le coach principal laissait Harry diriger l'entrainement tout seul. Louis s'appuya contre la barrière et observa un moment alors qu'Harry faisaient courir les garçons de long en large sur le terrain.

Il était juste comme Louis s'en souvenait, grand, mince, magnifique et toutes ces choses affolantes auxquelles il n'avait pas pu arrêter de penser depuis la première fois qu'ils s'étaient embrassés. Ça avait été plus facile de repousser toutes ces choses hors de son esprit quand il était pris par son travail ou dans sa préparation acharnée de la fête, mais la semaine à Doncaster, chaque moment sans rien faire avait été une torture. Le souvenir de la lèvre inférieure d'Harry frôlant son torse, la taille de ses mains, chaque détail en mode répétition dans sa tête et rien qu'il ne pouvait faire contre ça. Même à distance, voir Harry en vrai était comme recevoir un coup dans le ventre pas si désagréable.

D'un coup, la situation sembla glauque , il était là, debout à penser aux idiotes lèvres d'Harry et réalisa que pour chaque passant il semblait probablement en train de lorgner sur les joueurs de l'équipe de foot. Jurant désespérément, il aperçut les gradins et allait rapidement se cacher dessous, puis en grogna en remarquant qu'il allait franchement se salir en s'asseyant.

Donc. C'était en train d'arriver. Un adulte se cachant dans la poussière sous les gradins, attendant que son ami-avec-qui-il-couche finisse l'entrainement de foot. Okay.

Louis attendit calmement, ruminant ses propres pensées pathétiques et devenant de plus en plus paniqué quant au coût du nettoyage à sec que nécessitera son pantalon pendant qu'il fixait le vestiaire, juste visible au dessus d'une des rangées de sièges qui le dissimulait. Il avait été là si longtemps qu'il était sur le point d'abandonner pour rentrer chez lui, ce qui serait probablement le plus sage des scénarios, mais le sifflement final retentit et les garçons filèrent finalement se changer. Louis leur laissa assez de temps, attendant que les derniers retardataires furent partis avant de s'échapper de son terrier de la honte et de ses futurs cauchemars de lessives. Il s'arrêta seulement pour s'épousseter brièvement et pour se demander s'il avait complètement perdu le contrôle de sa vie avant d'ouvrir la porte et de se glisser à l'intérieur.

Harry était là, seul avec son sac de ballons, juste en face de lui et réel. Une rapide vérification autour
de lui lui confirma qu'ils étaient seuls, et la lueur dans les yeux d'Harry valait une centaine de factures de nettoyage à sec.

« Salut, » dit Louis.

« Salut, » dit Harry, souriant.

« Salut. » répéta Louis, souriant en retour.

« Déjà dit ça, » fit remarqué Harry doucement. Louis ne s'en souciait pas particulièrement.

Il se tinrent là pendant une minute, rien que tous les deux seuls dans le vestiaire, se souriant, Louis toujours arborant une fine couche de poussière et Harry ayant l'air de 1m90 de soleil. Il avait les bras croisés contre son torse et le dos appuyé contre les casiers, et Louis avaient l'impression que ses os étaient faits de papier.

« Viens par là. » dit enfin Harry, et ce fut tout ce qui lui suffit, il traversa la pièce en un instant.

Quand il s'approcha finalement et embrassa Harry, c'était chaque moment d'anticipation silencieuse depuis Noël qui résonnait à travers lui d'un coup, le faisant se mettre sur la pointe des pieds. Il remonta les épaules et plongea ses mains dans les cheveux d'Harry, qui enveloppa ses bras autour de sa taille et c'était tellement bon de l'embrasser à nouveau, comme cette première grande respiration après être resté sous l'eau trop longtemps.

Il sentit ses pieds quitter le sol un instant, puis Harry le souleva et les fit tourner, pour au final presser le dos de Louis contre les casiers. Ce dernier le laissa faire, laissant sa bouche s'ouvrir pour Harry directement, parce que même si il venait de passer une semaine sans ça il avait clairement bien l'intention de la rattraper, mais Harry prenait son temps. Il fit courir ses mains sur le torse de Louis, le tenant fermement par les pendants de sa veste et l'embrassant lentement, faisant compter chaque pression et trainée, reculant à chaque baiser afin que leurs lèvres ne se frôlent à peine et souriant d'un air satisfait quand Louis avait à tendre son cou pour demander plus. Il embrassait comme s'il n'y avait aucun autre endroit où il aurait dû se trouver, comme si Louis était la seule personne au monde.

Et en fait, Louis était de son côté certain que d'autres personnes en plus d'eux deux existaient. Il était certain qu'il se rappellerait même de certains d'entre eux dans une minute.

Il se retrouva à fixer soudainement le mur opposé quand Harry pencha la tête et commença à presser des baisers tout le long de sa gorge et il laissa sa tête de renverser en arrière et glisser une main derrière le cou d'Harry, plongeant ses doigts dans ce petit creux de son cou, juste sous sa capuche pour sentir les liaisons des os à cet endroit, la chaleur piégée dans cet espace. C'était bon, affectueux, et bon et Louis commençait presque à manquer d'air à cause de la sensation d'être embrassé ainsi, quand Harry abaissa soudainement ses mains sur ses côtes et commença à le chatouiller.

Louis se mit à rire et se tortilla sauvagement alors qu'Harry se contentait de lui sourire à travers ses lèvres rouges et, Seigneur, c'était un enfoiré et Louis n'aurait pas dû être si content que ça soit le cas, mais il l'était.

« Je te déteste. » dit-il quand Harry ralentit finalement mais coupa immédiatement ses propres paroles en attirant à nouveau le plus jeune pour d'autres baisers souriants. Ce dernier noua ses bras autour des hanches de Louis et les fit à nouveau tourner, arrêtant pour se laisser tomber sur un banc et attirer Louis sur ses genoux. Quelques baisers brûlants supplémentaire, et Louis se recula avec un bruit satisfait.

« Ça m'avait manqué ». Tu m'avais manqué.

These Inconvenient Fireworks (Larry)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant