Chapitre 15, partie 1

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Louis.

Harry partirait début Juillet.

Son stage ne commençait pas avant la fin du mois, mais il voulait arriver à Londres quelques semaines en avance pour avoir le temps de bien s'installer. Il allait travailler dans le centre de la capitale, donc il espérait trouver un appartement près d'une station de métro qui ne serait pas affreusement cher, et obtenir un peu d'aide de ses parents. Il n'aurait pas besoin de voiture là bas, et expédierait ainsi la plupart de ses affaires et sa mère et sa sœur allaient venir chercher sa voiture à Manchester et la garder à Holmes Chapel.

Louis savait tout ça de manière clinique, juste des informations s'empilant dans un coin de sa tête qu'il choisissait de ne pas interpréter. Harry lui avait rabâché tout ça un après midi en mangeant un sandwich sur son canapé, et Louis attendit qu'il ait fini de parler puis le plaqua contre le sofa en débouclant sa ceinture et ignora totalement la chose.

C'était la seule sorte de rapport qu'ils partageait maintenant, et cela commençait à être l'unique type de conversation qu'ils échangeaient aussi. Ce n'était pas comme la première fois qu'Harry l'avait embrassé, ou l'expression sur son visage quand il lui avait annoncé qu'il était pris à son stage, ce n'était pas un marqueur défini et tranchant punaisé sur un point de sa vie pour marquer exactement où et quand ça s'était passé. Louis ne pouvait pas choisir un instant précis et affirmé que c'était là que tout s'était brisé. Ils continuaient juste de s'éloigner.

Harry ne restait presque plus jamais dormir avec lui, et Louis ne savait pas qui en avait eu l'idée. Il imaginait qu'il n'avait pas dû sembler très accueillant les dernières semaines, se détachant d'Harry et roulant loin de lui, immédiatement jusqu'à l'extrémité du lit dès qu'ils avaient fini leurs affaires. Donc okay, peut-être qu'il avait commencé, mais quand même. Qu'était-il censé faire ? Laisser Harry le tenir dans ses bras alors qu'ils savaient tous les deux qu'ils ne faisaient que tuer le temps ? Louis ne voulait pas faire comme si tout allait bien, mais ça ne faisait pas de lui le méchant.

Il détestait qu'autant de petits fragments d'Harry lui manquaient. Les mains d'Harry sur sa taille et ses lèvres contre son cou le matin quand il faisait du thé lui manquaient. La stupide voix d'Harry murmurant des trucs incohérents sur la musque pop, l'art et des vinyls à n'importe quelle heure lui manquait. Les lumières féériques sur son plafond et comment c'était quand ils étaient bien ensemble lui manquaient, la façon dont le visage d'Harry s'illuminait quand il le voyait lui manquait. Et il aimerait que rien de tout ça ne lui manque.

Surtout, il aurait souhaité ne jamais s'être laisser s'habituer à tout ça. Ou du moins, aurait aimé ne pas savoir que ça allait se terminer ainsi. Parce qu'il le savait, il ne le savait que trop bien, et maintenant il n'avait pas le droit d'être en colère, parce qu'il était celui qui avait provoqué ce gros bordel. S'il n'avait pas su comment ça allait finir, au moins ça ne l'aurait pas rendu aussi nauséeux à chaque fois qu'il se laissait être indulgent avec lui même quand des choses qu'il savait être éphémères lui manquaient.

Et c'était ce qu'il voulait, pas vrai ? Il voulait que ces choses s'estompent, il voulait qu'Harry le laisse partir. Il voulait avancer, pas vrai ?

Putain. Ce qui lui manquait ou ce qu'il voulait n'avait pas d'importance. Ça n'avait jamais compté. Il était un idiot d'avoir pensé que c'était le cas.

Harry était parti chercher un appart à Londres et ne l'avait pas mentionné à Louis avant de s'y trouver, juste avec un sms depuis Victoria Station lui indiquant qu'il ne serait pas dans le coin ce weekend. Donc voilà, supposa Louis. Il y avait officiellement un futur pour Harry ailleurs, un autre studio tout choisi et signé, et il n'était pas invité. Ça n'était pas une rupture franche, il se dit, mais c'était assez. Ça n'était absolument pas une indication. C'était assez pour que ça pique, et assez pour rendre ça indéniablement réel.

Peu importe. Il avait dormi seul pendant vingt six ans, il pourrait le faire pour les prochaines vingt six années.

Il réalisa qu'il devrait s'y préparer maintenant, le plus possible. La première étape était de nettoyer son appartement. Il n'avait pas à se débarasser de tout ce qui lui rappelait Harry ; il ne pouvait probablement pas le faire sans avoir à foutre le feu à l'appart, de toute manière. Il devait juste se débarrasser des trucs qui lui rappelaient Harry-et-lui.

Il n'y avait pas une immense quantité de trucs concrets, heureusement. Une chose majeure était l'ours. Il avait toujours l'ours en peluche qu'Harry lui avait gagné dans cette foire il y a un million d'années, relégué dans le fond de son armoire, et il ne supportait plus ces yeux de plastique le fixant dès qu'il s'habillait. Il ne pouvait se résoudre à le jeter, cependant. Il avait essayé, mais il ne faisait que de le regarder avec un air accusateur depuis la poubelle.

Son sauveur arriva sous la forme de la venue d'une collecte de jouets à l'école de la part de l'hôpital pour enfants. Plus tôt ce matin, Louis avait trainé l'ours juqu'à l'école et l'avait jeté dans une de ses grosses boîtes colorées en face de la cafétéria. Il donna une caresse à la tête de la peluche avant de s'en aller, puis il se sentit comme un gros enculé. Au moins, personne ne l'avait vu.

Ce sur quoi il n'avait pas compté en revanche, c'était qu'il aurait à marcher jusqu'au labo internet durant son heure de libre, ce qui l'obligeait à passer par la cafétéria. Et Harry avait décidé de l'accompagner.

Il espérait comme un dingue qu'il y avait eu assez de donations pour couvrir l'ours, mais il jura intérieurement quand il repéra que sa tête sortait toujours d'une des boîtes. Harry était en train de critiquer le management minable de l'équipe anglaise de foot quand il l'aperçut.

« Est-ce- » il commença, puis il s'interrompit en milieu de phrase, ralentissant un peu sa vitesse. Il ne s'arrêta pas, cependant, rejoignit juste Louis après quelques secondes et marcha à côté de lui en silence. Ils n'accomplirent que quelques mètres supplémentaires avant que Louis ne puisse continuer d'endurer ça.

« J'me suis dit qu'un enfant malade en ferait meilleur usage que moi. » dit il calmement.

« Ouais, non, c'est sûr. » répondit Harry rapidement. « C'est juste que- non, t'as raison. ». Il resta silencieux le reste de l'heure et quand il repassèrent par la cafétéria sur le chemin du retour, Harry fixa son téléphone tout du long.

Avec un peu de chance, Harry penserait que Louis avait pu donner l'ours parce qu'il ne signifiait pas grand chose pour lui. Avec un peu de chance il ne comprendrait pas que c'était exactement le contraire.

Une fois que son appartement fut libéré de tout objet incriminant, Louis commença à nettoyer le reste de sa vie. Il se mit à vider toute la musique d'Harry de son iTunes, ce qui n'était pas une mince affaire étant donné qu'il y en avait énormément. Il supprima presque tout, parce que même les chansons qu'il aimait vraiment étaient devenues inécoutables car lui rappelaient Harry-et-lui. Il ne pensait pas que ça aurait des conséquences, jusqu'à ce que Harry se retrouve à nouveau dans sa classe durant le temps libre et eut d'un coup envie d'écouter une chanson en particulier.

« Tu peux mettre l'album que je t'ai donné le mois dernier, » dit-il l'air absent « Celui un peu folk avec la chanteuse ? »

Louis savait duquel il parlait. Il tenta d'inventer un mensonge, n'en trouva pas, et abandonna. « Oh, euh. Je ne l'ai plus. »

Harry le regarda avec une expression impénétrable, comme s'il attendait que Louis dise quelque chose d'autre. Mais ce ne fut pas le cas. « Oh, » dit Harry. « Okay. Et l'album d'Ed Sheeran ? »

Louis geignit mentalement, mais il n'y avait rien à faire. « Je l'ai plus non plus. » Il n'allait pas s'excuser.

« Ah. » dit Harry. Et il ne dit plus rien de l'après midi.

Le jour suivant, il ne vint pas dans la salle de Louis du tout durant son temps libre. Louis passa l'heure à s'insulter à chaque fois qu'il lançait un coup d'oeil à la porte, s'attendant à le voir se ruer à l'intérieur avec les joues rosies et balbutiant une excuse pour son retard. Mais ça n'arriva pas.

Il était toujours dans la salle des profs pour le déjeuner, pourtant. Il accueuillait Louis avec une nervosité pauvrement masquée dans les yeux, mais Louis ne posa pas de question. Harry pouvait faire ce qu'il voulait de son temps. C'était okay. Louis devait juste s'y habituer. Il s'était inséré dans sa vie avant qu'ils commencent à coucher ensemble, donc desserrer ces liens allaient prendre du temps. Ça allait.

Si il était honnête avec lui même, cela commençait à être tendu durant ces moments de tout manière. C'était dur à avouer, parce qu'ils étaient devenu amis si rapidement, mais la tension entre eux avait pris son dû, et Louis se retrouvait à endurer des pauses gênantes plus souvent que l'inverse quand ils n'étaient que tous les deux dernièrement, lessivé par les mots qu'il ne pouvait dire à voix haute et gardant tout le reste sous clé. Donc il ne restait plus grand chose à dire, et ça faisait mal, mais c'était comme ça à présent. C'était ce qu'il avait choisi.

Il aurait aimé que ça soit toujours l'hiver et pouvoir tout cacher sous sa veste, que l'air soit frais sur sa peau et qu'il n'aurait pas l'impression de patauger en permanence, mais le temps continuait de défiler et ils étaient mi mai à présent. Dehors tout était plus doux, chaud et ensoleillé et Louis se sentait en décalage avec tout. Il rentrait seul chez lui le soir, s'asseyait sur le sol de sa cuisine en short et vieux t-shirt, le carrelage froid sous ses cuisses et fermait les yeux pour faire fuir les souvenir qui faisaient surface.

Seigneur, il détestait à quel point il n'avait pas envie qu'Harry s'en aille.

Au moins c'était presque fini maintenant. Il n'était peut-être pas capable de laisser partir Harry de lui même, mais au moins il n'aurait bien tôt plus le choix. D'une certaine façon, ça sonnait comme une délivrance, comme s'il pourrait tout abandonner et se détendre dans pas longtemps. Comme mourir de froid. C'était comme s'il mourrait de froid.

These Inconvenient Fireworks (Larry)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant