CHAPITRE 30: le cri...

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Les mains attachées dans le dos, je ne peux pas empêcher le tissus sale et poussiéreux de retomber sur mon visage. L'odeur acre du sang, le bruit d'un mouvement circulaire dans une solution liquide. Non, appelons ça par son nom, du sang.

La cuve, je ne tarde pas à la voir pour la deuxième fois mais cette fois je ne leur permettrai pas. Non. La sensation de fatigue que produit la ponction de mon hémoglobine en grande quantité est insupportable et me rend plus vulnérable qu'un nouveau né.

Ils me traînent au bout, là où j'étais la première fois. Comme-ci chaque lit était attribué à l'un de leur bétail.

Celui à ma gauche me lâche mais le second me soulève comme-ci je ne pesais rien. Il me lâche lourdement sur le lit.

Je me dis qu'il va me détacher pour avoir accès à la veine de l'articulation de mon coude qui se trouve sous mon corps.

Mais, il prend le fin tube, le parcours jusqu'à trouver l'aiguille qui luit sous la luminosité d'une torche toute proche. Il l'examine un instant et me la plante simplement et douloureusement dans le côté intérieur de mon poignet.

Le piqûre se fait brûlante mais brève, puis le feu s'éteint mais la brûlure persiste.

Toute mon attention est portée sur cet homme, bien rasé, habillé simplement mais de vêtements propres. Ses yeux sont marrons foncés mais son visage paraît presque faux tant ses traits son bien dessinés et ont l'air sage.

On aurait put croire à un homme plein de bonté, mais il est tout autre... Les apparences sont tellement trompeuses.

Il se penche, ramasse une ceinture et l'accroche au morceau restant d'un barreau avant d'y passer ma cheville et de serrer si fort que j'ai l'impression que celle-ci va s'amputer.

Il me regarde, sans expression notable, puis se retourne sur le lit d'à côté où je ne peux apercevoir son occupant et auquel je n'ai pas fais attention.

- Toi, petit, c'est ton dernier tour. dévoile-t-il.

C'est important, je le sens seulement je n'en comprends pas la totale signification mais ce n'est rien de bon, je ne me fais aucune illusion.

Il vérifie la perfusion et resserre les liens.

Je fixe le plafond, rester calme, ne pas attirer l'attention... Il part et quitte la pièce. Le seul qui surveille est à l'entrée et elle est suffisamment loin pour que je me détache sans être entendue.

Je remue le bassin pour que le couteau dans ma poche glisse et ainsi je pourrai espérer l'attraper. Ces idiots ont un générateur alimenté par un enfant sur un vélo mais il n'ont même pas l'intelligence de nous fouiller.

Je répète l'opération plusieurs fois. Mon couteau glisse tombe sur le matelas au niveau de mes côtes. Je me décale et me mets sur le côté non sans la douleur de l'aiguille qui me rappelle que je dois me dépêcher.

Je sens le manche au bout de mes doigts, le ramène vers moi avec ma main gauche et l'attrape. Je le tourne de façon à ce que le côté tranchant de la lame soit contre la corde. Je commence à couper mais elle est épaisse et la perfusion me fait mal, se balade dans ma chair et dans la veine de mon poignet créant une sensation de brûlure et de coupure.

Mais je ne m'arrête pas, je sens la corde se détendre et faciliter de plus en plus sa destruction.

- Iphigénie? j'entends.

Je relève instinctivement le tête en direction du lit à côté du mien.

- Sacha... je souffle n'en croyant pas mes yeux.

Je stoppe tout mouvement pour m'assurer que c'est bien lui et non le sang qui commencerai à sérieusement me manquer.

- Ils vont me tuer. murmure-t-il les larmes au bord des yeux et la voix vibrante de peur. Je vais mourir vite tu crois? demande-t-il espérant du réconfort.

J'aimerais lui dire que oui, mais le souvenirs des cris bestiaux que j'ai entendu me lance une vague de frisson irrépressible. Non, ce sera long et affreusement douloureux. 

- Tu ne vas pas mourir Sacha. je gronde outrée qu'il puisse penser que je vais le laisser mourir ici.

Il semble reprendre un peu espoir et moi je continues de couper la corde en y mettant plus d'énergie.

Son regard ne me lâche pas, il compte sur moi. Mais ses paupières se fermant de plus en plus souvent et de plus en plus longtemps m'indiquent qu'il faut faire vite, il va sombrer et je ne peux pas le porter.

Je coupe et mes poignets se dégage brusquement. Je reste calme mais agis vite. Je jette un coup d'oeil à l'homme qui monte la garde. j'arrache l'aiguille de mon poignet sans aucune délicatesse.

Le sang coule mais je me redresse et tire sur la ceinture pour décrocher ma cheville que je ne sens plus vraiment.

Une fois libre je soulève le bas de mon pantalon pour en voir l'état. Là où la ceinture à serrer, est bleu mais je ne m'attarde pas dessus et me lève. Quand mon pied gauche touche le sol c'est comme-ci j'avais une brique dessous et qu'il ne touchait pas vraiment le sol.

Mais tant pis, j'approche du lit de Sacha en lançant des regards furtif au garde. Je décroche son poignet droit et y enlève la seringue. Son regard vacille un instant et je lui donne une petite claque pour le ramener à la réalité.

Il sursaute légèrement et comprend la situation. Je lui défais les sangle à ses chevilles tandis que lui s'occupe de son poignet gauche.

Quand il lâche la sangle qui maintenait sa main droite la barre du lit retombe et le bruit résonne dans la pièce entière.

Je me baisse par réflexe. Je vois le garde, il tourne la tête vers nous, fronce les sourcils et avance d'un pas assuré.

Sacha panique et me regarde. Par réflexe il ferme les yeux et fait semblant de dormir.

Piètre diversion. Je resserre mon emprise sur mon couteau, je ne dois pas le lâcher.

L'homme arrive de l'autre côté du lit de Sacha. Je ne vois que ses pieds et son ombre qui est si distincte que je le vois soulever un bout de son pull et ouvrir un étui à couteau. Il sort son arme.

La respiration haletante de stress de Sacha l'a trahit.

L'homme soulève son couteau, comme un dernier coup de tambour, pour la crescendo finale, il veut marquer le coup.

Puis un crisretentit tout à coup... 


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