Face contre terre. Mon corps ne répond plus. Je ne ressens rien. Juste, la douleur qui darde mon abdomen de son venin. Quelque chose me barre le dos. J'ai de la poussière dans la bouche. Je tousse, je crache. Mes yeux me piquent, ma lèvre aussi. Où suis-je?
Tout est flou, embrumé. Mon esprit vaque, je ne trouve pas la raison. Si... Explosion.
Tout s'est écroulé sur nous... Sacha! Je pousse sur mes mains pour me relever. Impossible. Ce qui m'écrase est trop lourd. Il faut que je me retourne, mon ventre me fait mal.
On tousse. Une personne tousse. Pas Sacha. Qui, qui d'autre était avec Sacha et moi?
L'homme. Il a essayé de nous sauver. Il était devant nous, peut-être va-t-il bien? Il faut qu'il se relève. Vite! J'ai mal. Ça m'écrase.
Je vois, au milieu de la poussière encore soulevée par le souffle, son corps qui se redresse doucement encore sonné. Il tousse, passe son bras sur son visage.
Je ne veux pas crier à l'aide. Je ne peux pas, ça me fait contracter le ventre. Ça me brûle. La poussière qui s'immisce dans la plaie causé par la balle rend la douleur de plus en plus insupportable à chaque respiration. Je gémis lorsque j'essais une nouvelle fois de me relever mais tombe brutalement à plat ventre, mes bras cédant sous le poids de mon accablement.
L'homme se retourne tout à coup, il chancelle vers moi d'un pas mal assuré. Il s'arrête devant moi, me surplombant de toute sa hauteur maladroite. Je me sens si petite, tellement vulnérable, trop sans défense, inlassablement à sa merci.
Je place mes mains à plat sur le sol, prête à tenter de me relever de nouveau. Je grogne en poussant. Il réagit enfin et se place sur ma droite avant de passer ses bras sous mes aisselles. Non! Je voudrais lui crier. Il va tirer sur ma blessure en faisant ça.
- Debout. souffle-t-il avant de commencer à me tirer contre lui tout en se redressant pour me relever.
La douleur se plante; cisaille. Je cris mais il continue. Mon dos est tordue mais ce qui m'écrasait roule sur le derrière de mes jambes. Je serre les dents. Ils ne doivent pas nous entendre. Il stoppe mais ne me lâche pas. C'est encore sur mes mollets. Il pourrait me poser et l'enlever. Il le sait, mais il ne le fait pas. Il tire d'un coup. Je suis debout, sur mes pieds, libres maintenant. Il me lâche, mes jambes flageole et je ne tiens pas. Je tombe sur les fesses. Je récupère ma respiration que le taillage de ma blessure me fait perdre.
- Où est le petit? demande brusquement l'homme d'une façon agressive.
- Je ne sais pas. je murmure en me relevant doucement.
La peur monte, m'englobe sans que je ne puisse rien faire contre.
- Sacha! je cris une première fois me moquant d'être entendu par qui que ce soit.
Aucune réponse. Il ne peut pas être mort. Ça n'a pas put arriver.
La douleur de mon ventre disparaît aussitôt que je cherche à retrouver Sacha. J'occulte ce qui n'est pas important.
- Sacha... Je souffle en m'avançant vers un tas de gravas... SACHA!! je hurle priant pour un son, un souffle, une parole, un cris.
N'importe quoi tant que cela m'aide... N'importe quoi...
Un crissement. Un cailloux racler sur le sol. Je me fige, immobile comme l'homme qui n'a pas bougé depuis qu'il m'a libéré. Il ne cherche pas.
Le cailloux gratte de nouveau le sol. J'intercepte le son qui dure plus longtemps. Devant moi. Il vient de devant moi, du tas de gravas.
Je fais deux bonds et me laisse tomber à genoux me souciant peu de l'état de mes jambes et de mon corps en général. Je déblais le plus vite possible ce qui couvre le son. Je pousse, j'arrache, je libère.
Ses cheveux blond apparaissent. Un soulagement immense me force à continuer à lui rendre sa totale liberté.
Son visage s'illumine, il sourit lorsqu'il me voit et qu'il peut enfin respirer correctement. Il toussote, brièvement.
Sache est vivant. Sacha vit.
Je continue et rends son torse à l'air libre. Sa main se pose sur mon épaule. Je stoppe tout mouvement. Peut-être a-t-il mal? Je sonde son visage, il déglutit et ses yeux se brouillent.
- Iphigénie. chuchote-t-il en me souriant sans joie, je ne sens plus mes jambes.
Je fronce les sourcils. Non, ce n'est pas possible. Pas ça. Tout, mais pas ça.
Je pousse une pierre qui couvrait son ventre. Elle roule et je la suis du regard. Sa couleur: écarlate.
Sacha grimace. Il s'empêche de crier. Sacha souffre. Je ne veux pas voir ça, mais je m'oblige à regarder sa blessure.
Du sang coule, doucement comme une rivière des plus calme et apaisée. Mes yeux suivent son corps et descendent. Plus rien, un charnier. Un rocher l'écrase à partir de son bassin.
Je ferme mon œil valide aussi vite qu'il a gravé cette image au fond de ma rétine.
Plus beaucoup de temps...
- J'ai mal génie. sourie-t-il en tentant un surnom que je n'avais jamais entendu auparavant.
J'ouvre les yeux sur son visage d'enfant crispé par la douleur et la peur que... Que ce soit déjà finit pour lui. Que sa vie se termine dans ce tunnel menant à la liberté mais qui est empli et encombré de gravas qui auront eu raison de lui.
- Non. je dis simplement voulant réfuter la réalité que pourtant j'accepte d'habitude.
- J'ai trop mal! couine-t-il en fermant les yeux. Fais quelque chose... souffle -t-il désespéré en rouvrant ses grand et magnifique yeux verts brillant dans les miens.
- Je ne peux pas. je proteste en bougeant la tête négativement, je ne peux vraiment pas.
Il lâche mon épaule et sa main vient glisser le long de mes côtes pour trouver le pistolet, toujours accroché à ma ceinture. Comme s'il avait attendu l'inévitable, l'instopable fatalité.
Je ferme les yeux, inspire profondément.
- Fais quelque chose génie, il n'y a que toi qui puisse. supplie-t-il une dernière fois.
La dernière fois
Je me penche au dessus de lui et embrasse son front. Il prend ma main gauche dans la sienne et la serre fort. Si fort.
Avec ma main droite j'ôte la sécurité. Il reste des balles. Sacha garde ses yeux figé dans les miens. Je serre les lèvres, ma gorge se noue si fort que s'en est douloureux. Le contour de mes yeux me piquent de milliers d'aiguilles.
Je pose le canon de l'arme sur sa tempe.
Il n'y a plus rien d'autre à faire.
Sacha sourit brièvement, sans joie. Aucune.
Sa main relâche la mienne, sa tête tourne doucement avant de se poser sur une pierre qui ne semblait attendre que ça. Son visage de détend.
Ses yeux sont encore ouverts mais son regard incandescent s'est éteint.
Jamais ce ne fût si dure de presser ce petit bout de métal.
Je le savais; quelqu'un mourrait aujourd'hui.
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Lumière
AdventureAucune lumière, je n'ai jamais vu aucune lumière qui ne soit pas artificielle. La violence, la violence est omniprésente. La solitude est insoutenable. La nuit, la nuit devient insupportable. Pourtant, il y a un endroit, où tout est plus sim...