Chapitre 10

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Le diner passe à une lenteur pas possible.

Je m'ennuie et je le fais bien remarquer à tout le monde.

- Pfff, soupirai-je pour la énième fois, recevant un regard noir de mon père et un regard peiné d'Anne.

Il ne reste plus qu'à manger le dessert, et j'espère qu'ensuite, nous pourrons partir.

- Phoebe, si tu le souhaites, j'ai un jeu d'échec. Ton père m'a dit que tu adorais ce jeu et il se trouve que Julien se débrouille pas mal.

Une façon de le battre sur son territoire ? Pas de soucis !

- Oui, je veux bien, acquiesçai-je.

- Bien, viens dans le salon alors.

Je me lève donc et la suis jusque dans la pièce d'à côté avec Julien et Miranda derrière moi.

Nous prenons place dans des fauteuils opposés et Anne s'approche d'une armoire où elle en retire l'échiquier avec des pièces en verre. Il est magnifique... et si facile à briser !

Elle le pose sur la table basse située entre les deux canapés et nous souhaite une bonne partie avant de quitter la pièce.

-Je prends les blancs, tranchai-je en avançant un pion.

Julien ne proteste pas et avance également un pion de deux cases en débloquant son cavalier.

Je bouge un autre pion, débloquant ainsi ma tour tandis que Julien dégage son fou et sa reine, je l'imite et il fait entrer sa reine en jeu directement.

Alors que les premiers coups étaient rapide, la partie se ralentit un peu, on commence à réfléchir, élaborer une stratégie. On sacrifie des pions pour pouvoir prendre ceux de l'autre.

Il prend mon fou. Je lui prends sa tour.

Qu'importe, mon but est de garder ma reine pour défendre le roi le plus longtemps possible.

Mais mon objectif final n'est pas vraiment de gagner.

Julien déplace ses pions avec réflexion, réfléchissant longtemps à son choix avant. Il approche dangereusement sa reine de mon roi, en murmurant doucement :

- Echec au roi. Tu es en train de perdre, comme tu as perdu ton précédent petit-copain.

Comment peut-il... ?

Je relève lentement la tête vers lui, détachant mon regard du jeu.

Ses yeux bleus me lancent un regard glacial.

J'ignore sa réflexion. Il ne sait rien à mon sujet, il cherche simplement à me déstabiliser. Je reporte mon attention sur les pions, et je prends sa reine grâce à ma tour, qui était restée en retrait et qu'il n'avait pas remarqué.

Il avance alors son cavalier, en me demandant :

- Alors, pourquoi est-ce-que t'as pas su garder ton mec ? T'étais trop chiante ?

Je ne réponds pas et déplace à nouveau ma tour.

Il avance encore son cavalier, ne faisant plus trop attention à son roi, probablement trop absorbé par le mien ou par son monologue.

- Ou bien, peut-être que tu ne lui convenais pas au lit, une surdouée... poursuit-il.

J'abats alors ma reine, en prononçant bien clairement :

- Echec et mat.

Puis je me lève, folle de rage et balance les pièces en verre à travers la pièce, qui se brisent au contact du sol.

Dilemme (EN PAUSE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant