L'eau qui coule sur mon corps ne me détend pas suffisamment. Je décale les mèches de cheveux qui me recouvraient le visage et règle le débit du pommeau de douche pour recevoir plus d'eau. J'appuie ensuite mes mains contre la paroi de la douche et ferme les yeux en essayant de chasser les images qui me hantent depuis que j'ai ouvert les yeux.
J'ai rêvé d'Ezequiel. Il y a des nuits où j'oublie son existence et d'autres où je rêve de lui. Parfois, j'ai l'impression que ma mémoire possède sa propre énergie, indépendante de la mienne. Elle agit comme bon lui semble et cette nuit, elle a décidé de me punir.
Ce rêve paraissait terriblement réel. C'était comme si Ezequiel était de retour : j'entendais de manière distincte sa voix, je revoyais ses yeux, je pouvais presque sentir son parfum... Tous ces souvenirs que je me tue à oublier. Une boule se loge dans ma gorge. J'inspire et expire plusieurs fois pour me calmer. Ezequiel fait partie du passé. Je ne dois pas m'accrocher à lui ; tout ce qui se rapproche de lui n'est que douleur et peine.
Après avoir répété plusieurs fois mon petit exercice de respiration, je termine ma douche et m'habille. Je descends ensuite les escaliers avec de la crème solaire. Comme Wakefield n'est toujours pas là, je vais pouvoir bronzer et ranger mon rêve dans un coin de ma tête.
Dehors, je suis encore une fois étouffée par la chaleur qui est moins clémente qu'hier. Il fait plus chaud, mais pas au point de dire que nous sommes en pleine canicule.
Je me mets en maillot de bain et me couvre de crème solaire. Je m'allonge ensuite sur le transat, mes lunettes de soleil sur le nez, et branche mes écouteurs. La musique qui commence à jouer est parfaite pour cette matinée consacrée à mon bronzage : douce et apaisante. Et c'est exactement comme ça que j'imaginais mon séjour ici. Paisible. Enfin, c'était avant qu'on m'impose de cohabiter avec Wakefield. Je peux tout de même espérer avoir un peu de paix. S'il pouvait s'absenter comme ça tous les soirs, je pourrais parfaire mon bronzage et profiter un peu de la maison, en solo, comme j'en avais rêvé.
Trois heures plus tard, Wakefield n'est toujours pas rentré. Pour être honnête, ça m'arrange : j'ai pu me prélasser au soleil pendant un bon moment, et même faire du topless. Résultat, ma peau a un peu pris et c'est homogène.
Il est déjà quatorze heures. Comme mon ventre s'est manifesté, je suis retournée à l'intérieur pour me préparer un en-cas. Étant assez nulle en cuisine – pour ne pas dire catastrophique – j'ai opté pour quelque chose qui ne me demande pas d'effort : un croque-monsieur déjà prêt qui peut être réchauffé au four.
Je mords dans mon croque-monsieur tout en faisant défiler mon fil d'actualité avec mon index. Je m'arrête sur une photo de Bill, qui est accompagné de Raveena, une fille de l'association, et j'esquisse un sourire. J'aime leur photo et recommence à défiler quand j'entends la porte d'entrée s'ouvrir :
– T'es sérieux ? siffle Wakefield.
Je ne sais pas à qui il parle, mais son ton sec ne présage rien de bon. Peu de temps après, il entre dans la cuisine. En voyant son expression, qui ne me dit rien qui vaille, je préfère me taire. Il semble furieux.
– On ne peut pas annuler, on comptait sur toi !
Il retourne et fouille ses poches avec agacement. Lui qui est d'habitude si impénétrable... C'est surprenant de le voir comme ça.
– Allô ? Allô ?
Il éloigne son téléphone pour regarder son écran.
– Il m'a raccroché au nez, commente-t-il avant de jurer.
Wakefield range son portable dans sa poche. Je prends une nouvelle bouchée et mâche en évitant de mettre des miettes partout. Il se retourne, son regard se pose sur moi et son visage se détend.

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Hot-dog [Terminée]
Romance« Un été, c'était assez pour me faire baiser. Dans tous les sens du terme » Max a décroché un nouveau job : House Sitter. Pendant deux mois, elle surveillera la propriété d'un couple riche et sera logée, nourrie, blanchi à moindre frais à Miami. À...