Hot-dog [Terminée]

vingt

Sullivan

Un coup d'œil vers l'horloge : il est midi. C'est la seconde fois où je me réveille aussi tard. D'habitude, je suis toujours debout avant neuf heures. Mais là... Là, j'ai passé la nuit avec Max. Et cette grasse matinée en valait largement la peine.

Je ferme les yeux et me passe la main dans les cheveux. Rien qu'en repensant à notre nuit, mon corps entier frissonne. C'était bon. Même plus que bon. C'était tellement puissant que j'avais l'impression de suffoquer. D'avoir le cœur à deux doigts d'exploser. Bordel de Dieu, je n'ai jamais ressenti ça.

Hier, j'ai fait en sorte de tout imprimer dans mon esprit. Je veux me rappeler sa peau contre la mienne, ses jambes nouées dans mon dos, son souffle saccadé, à mesure que je me perdais en elle, ou encore, ses gémissements...

Sans oublier son regard qui était littéralement accroché au mien. Pas une seule fois nous n'avons détourné le regard. Je ne voulais pas. Elle non plus. Je voulais qu'elle lise en moi et découvre toute les émotions qui me secouaient. Je voulais ressentir ce qu'elle ressentait rien qu'en la regardant dans les yeux.

Et ça a plutôt réussi. Nous étions connectés de toutes les manières possibles.

Pendant que Max dormait, j'en ai profité pour allumer mon téléphone, avec une pointe d'appréhension. Sauf qu'il n'y avait rien. Aucun appel de Kate. Pas même un message. Rien.

Juste un message à double-sens d'Eden, qui me souhaitait, je cite, une très, très, très bonne nuit – si j'ai bien compté, il y avait dix "très" en tout. Son message m'a fait sourire mais je ne lui ai pas répondu. Si je le faisais, je prenais le risque de me faire envahir de questions – indiscrètes, il faut bien le dire, c'est du Eden tout craché.

– Ou... ais...

Je sors de mes pensées et me tourne vers Max qui vient de baragouiner, endormie. Elle parle souvent dans son sommeil, mais pas au point de faire des phrases claires et compréhensibles. Elle est plutôt du genre à bafouiller des sons mélangés entre eux, qui ressemblent vaguement à des mots.

Je m'approche puis écarte lentement la mèche qui lui tombait devant les yeux. C'est à cet instant qu'elle se réveille. Je recule tandis qu'elle regarde partout autour d'elle, les yeux dans le vague. Elle bat plusieurs fois des cils et en me voyant, un sourire étire ses lèvres.

– Salut...

Elle parle d'une voix pâteuse, pas totalement réveillée.

– Hey... Bien dormi ? dis-je doucement, pour ne pas la brusquer.

– Oui... Et toi ?

– Plus que bien.

Son sourire s'agrandit à l'entente de ma réponse.

– Heureuse de l'apprendre, commente-t-elle.

Elle enfonce sa tête dans son coussin puis se frotte longuement les yeux. Mes doigts glissent le long de son épaule et elle frémit.

– Hm... Je crois que je commence à déteindre sur toi. C'est la deuxième fois où tu te réveilles aussi tard.

Je suis son regard et remarque qu'elle observe l'horloge de la chambre.

– C'est une exception aujourd'hui. Puis j'avais une bonne raison...

– Et c'est quoi, cette bonne raison ?

Je lui adresse un regard amusé.

– Je dois vraiment te le rappeler ?

Elle me sourit, le visage zébré par les ombres que projette le store. Si j'étais Austin, je pense que j'aurais immortalisé ce moment avec un appareil photo. Le résultat aurait été superbe. Sauf que je ne suis pas lui. Alors je me contente de photographier cette image de Max, enroulée dans le drap, dans ma tête.