En voyant notre expression décontenancée, monsieur Kwon se met à rire comme un fou.
– Vous auriez dû voir vos têtes ! s'écrie-t-il en riant à gorge déployée. Je vous ai fait une blague !
Je pousse un léger soupir, soulagée. Il avait vraiment l'air sérieux, sur le coup.
– Oh mon dieu... souffle-t-il, se remettant peu à peu de ses émotions. Ouh... Wow... Ma blague n'a jamais aussi bien fonctionné...
Il reprend son souffle.
– Enfin, c'était surtout du sarcasme. Vous n'avez pas compris la subtilité du message ?
Nous secouons la tête.
– Je suis typé asiatique. Les gens pensent souvent que nous mangeons du chien, ce qui est d'ailleurs complètement stupide comme cliché, d'où le surnom « hot-dog » !
Nous lâchons un long « hun » qui lui arrache un nouvel éclat de rire. Son boxer, dont le pelage est de couleur fauve, se met à aboyer encore une fois. Son maître lui embrasse le haut de la tête.
– Nous ne connaissons toujours pas son prénom, déclare Wakefield en l'observant avec une expression impénétrable.
– Félix. Il s'appelle Félix.
Je m'approche et caresse prudemment le haut de la tête du chien :
– Bonjour Félix.
Il me répond par un aboiement joyeux. Monsieur Kwon lui embrasse à nouveau le haut de la tête.
– Il faudra vérifier les plis de son museau et prendre soin des contours de ses yeux. Pour sa toilette, une serviette ou un chiffon légèrement humide suffira, énonce-t-il en nous regardant tour à tour. Il faut aussi le promener dans le parc, de temps en temps, pour qu'il se dégourdisse. C'est clair ?
– Bien sûr.
Nous retournons à l'intérieur et monsieur Kwon referme la porte coulissante de la baie vitrée. Son chien, qui nous avait suivis, fonce droit dans la salle de séjour où madame Kwon est restée. Cette dernière semble être en pleine conversation téléphonique : elle parle en coréen.
Ne désirant pas la déranger, je décide de monter mes bagages à l'étage. Et bien sûr, il fallait que Wakefield ait la même idée, au même moment.
Nous nous retrouvons donc à deux dans les escaliers, à nous contorsionner dans tous les sens pour ne pas se bousculer.
Après ce qui me paraît une éternité, j'atteins enfin l'étage. Toutefois, ma valise est bloquée entre le mur et celle de Wakefield. Je tire doucement d'abord puis de plus en plus fort pour la dégager, en vain. Je finis par abandonner, lassée.
– Ce n'est pas en t'excitant dessus que tu vas la libérer plus vite, dit Wakefield.
Je roule des yeux et tourne la tête vers lui en prenant l'expression d'une idiote.
– Oh vraiment ? Je n'avais pas remarqué.
Mon petit manège ne le touche même pas : il se contente de hausser un sourcil.
– Laisse-moi faire, fait-il en commençant à se pencher pour soulever ma valise.
– Pas la peine. Je n'ai pas besoin de ton aide.
C'est à son tour de rouler des yeux.
– J'essaie juste d'être poli, siffle-t-il en me jetant un regard en biais, probablement froissé par la froideur dont je fais preuve.
– Comme dans la rue ? Non merci, je passe mon tour.
Tout en prononçant cette phrase, je tire brusquement ma valise qui se dégage enfin du passage. Je manque d'ailleurs de tomber, à cause de la violence de mon geste, mais, heureusement, je me rattrape à temps.

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Hot-dog [Terminée]
Romance« Un été, c'était assez pour me faire baiser. Dans tous les sens du terme » Max a décroché un nouveau job : House Sitter. Pendant deux mois, elle surveillera la propriété d'un couple riche et sera logée, nourrie, blanchi à moindre frais à Miami. À...