huit

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C'est dingue comme je suis lente à publier en ce moment. Je suis vraiment désolée, les filles.

Il est bientôt vingt-trois heures et je me prépare en silence, dans la salle de bain. Mes gestes sont fébriles. Une petite voix me souffle que cette sortie est une mauvaise idée ; le risque de croiser des boissons alcoolisées là-bas s'élève à cent pour cent, et je ne suis pas sûre d'être prête à affronter ça.

Cette voix me conseille même de me remettre en pyjama et d'aller me rouler en boule dans ma chambre en feignant une gastro. Je pourrais être convaincante, si j'y mettais un peu du mien...

Non, non, il faut que j'arrête ces conneries. Sullivan n'est pas un idiot. Je ne peux pas lui faire faux bon et le prendre pour un bleu ; je suis le nouveau chaperon, et il compte sur moi. Pour ce qui est de cette histoire d'alcool, je n'aurai qu'à me tourner vers du soda et le tour sera joué.

Je secoue la tête en espérant que ce geste m'aiderait à chasser mes angoisses puis j'inspecte – pour la énième fois – ma tenue. J'ai choisi ma tenue la plus habillée : une combinaison noire à épaules dénudées, avec jambes évasées.

Sullivan frappe soudainement à la porte de la salle de bain, me faisant sursauter.

– Le taxi est arrivé. On décolle dans deux minutes, Max.

– OK, j'arrive.

Je brosse une dernière fois mes cheveux puis sors de la salle de bain après avoir éteint les lumières. Je descends les escaliers sans un bruit et aperçois Sullivan, dos à moi, vêtu de façon simple comme à son habitude. Vu sa position, j'en déduis qu'il doit être perdu dans ses pensées.

Toujours en silence, je le rejoins et me plante derrière lui avant de me racler la gorge. Il a un léger soubresaut, presque imperceptible, et se retourne. En se posant sur moi, ses yeux s'écarquillent brusquement, comme s'il avait vu un fantôme.

Il observe ma tenue pendant un long moment, muet. Et je l'imite : pas un seul son ne s'échappe de mes lèvres. Il reprend finalement ses esprits, secoue la tête et m'adresse un sourire pour s'excuser de m'avoir scrutée de la sorte.

– Ça te va bien.

Je perds déjà le contrôle de ma bouche : un sourire fend mes lèvres.

– Merci.

J'aurais bien ajouté "Toi aussi" mais mon sourire de cruche se suffit à lui-même. Je radote, mais il est vraiment beau. Et plus je m'habitue à notre collocation, plus ce détail chez lui devient frappant.

Il est attirant, c'est indéniable. Sans en faire trop, en plus de ça. Sa chemise et son pantalon ont tout ce qu'il y a de plus banal, mais qu'est-ce que ça rend bien sur lui. Je suis sûre qu'il serait capable de donner de l'allure à un tee-shirt de mauvais goût.

– On y va ?

J'arrête de le contempler bêtement et le suis dehors, tout en coinçant ma pochette sous mon bras. Je me demande s'il se rend compte de l'effet qu'il fait... N'importe qui dirait qu'il a un charme magnétique, moi la première.

Il me fait passer devant. Aucun de nous n'a pris de veste ; vu le temps doux, c'est inutile. Une fois le portail traversé, nous longeons le trottoir jusqu'à atteindre un taxi garé en double file. Sullivan m'ouvre la portière et je le remercie en m'engouffrant dans le véhicule.

– Bonsoir, dis-je à l'intention du chauffeur qui me répond par un hochement de tête.

Sullivan entre à son tour, claque la portière et salue le chauffeur qui répète les mêmes gestes. Il lui énonce l'adresse à laquelle nous devons aller et le taxi démarre.

Hot-dog [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant