deux

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Quand j'ai embarqué dans l'avion low cost, je n'étais pas très à l'aise. Je n'avais jamais effectué de vol en avion avant et j'ai commencé à angoisser en m'y installant. Lorsque l'avion a décollé, je me souviens m'être cramponnée à mon siège comme si ma vie en dépendait. J'avais les dents tellement serrées que j'ai cru qu'elles exploseraient. Ma réaction était un peu exagérée ; même les enfants étaient plus à l'aise que moi.

Heureusement, j'ai rapidement pris mes marques et mon anxiété s'est fait la malle. Dans l'ensemble, le vol s'est plutôt bien déroulé et je n'ai même pas vu les seize heures de trajet passer.

Je viens d'accoster à Miami, l'une des destinations les plus prisées pour ses plages, ses fêtes et sa diversité culturelle. Je sens déjà que je vais m'y plaire : autant pour son côté hétéroclite que pour son côté festif et ensoleillé. Cette nouvelle ville est très différente de Paisley, et c'est tant mieux.

Après avoir échangé mes livres sterling contre des dollars, je m'achète un plan que je range dans un endroit sûr. Je noue ensuite mon gilet autour de ma taille puis mets des lunettes de Soleil ainsi qu'une casquette qui me mange la moitié du visage. Enfin, j'enfile mon sac à dos et marche jusqu'à la sortie en tirant ma valise.

Dehors, je suis à moitié étouffée par la chaleur. Je n'avais pas imaginé qu'il ferait aussi chaud. Il n'est que dix heures, et pourtant, les rayons du Soleil sont déjà très puissants. Je comprends mieux pourquoi certains passants se baladent carrément en maillot de bain.

Je rejoins rapidement le côté où une file de taxis attend et j'en attrape un. Je lui demande de me déposer à Coral Gables et il se met à rouler, le plus rapidement possible. Sur le chemin, le chauffeur discute avec moi et je ne peux m'empêcher de sourire à chaque fois que j'entends son accent américain. Même si j'y suis habituée – merci les séries – c'est toujours surprenant de l'entendre en personne.

Une vingtaine de minutes plus tard, nous arrivons. Je paye le chauffeur en lui souhaitant une bonne journée et je rejoins le trottoir qui est moyennement bondé. Il y a de tout. Des touristes, des gens locaux, des jeunes, des enfants, des vendeurs, des surfers... C'est fou.

Sans plus attendre, je sors le plan que je me suis procuré tout à l'heure et avance, le nez plongé dedans. D'après l'adresse que j'ai, la maison n'est pas loin du jardin The Kampong.

The Kampong... The Kampong... Où es-tu ?

– Attention !!! hurle une voix masculine.

À peine ai-je le temps de relever la tête qu'un vélo me fonce droit dessus. Je me retrouve violemment projetée en arrière et durant un quart de secondes, j'ai la sensation d'être en train de voler.

J'atterris brutalement au sol en gémissant de surprise ; Dieu merci, mon sac a amorti la chute.

– Aïe... soufflé-je en secouant la tête, à moitié sonnée.

Je me redresse en position assise et remets mes lunettes de soleil en place. Mes yeux papillonnent un peu partout et un attroupement de badauds se crée autour de moi. C'est là que je vois un vélo joncher le sol, non loin d'un homme qui est lui-même étalé par terre.

Je m'empresse de me relever et cours le voir.

–  Tu vas bien ? m'enquiers-je sans pour autant le toucher.

Je parle avec douceur, pour éviter de le braquer. Il se redresse en se tenant la tête, étourdi. Il pousse un long grognement et en croisant son regard, je me retrouve comme paralysée.

Le marron de ses yeux est si foncé, si intense, que j'en tressaille. Il n'a pas le genre de regard dans lequel on se perd, dans lequel on rêve de se plonger pour toujours. Son regard à lui, il est sombre. Farouche. Il met mal à l'aise. Et j'ai eu le malheur de le croiser : il est désormais en train de me mitrailler comme jamais.

Hot-dog [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant