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Nous avons pris notre temps pour discuter, sur le chemin du retour. J'ai appris certaines anecdotes sur Sullivan. Il adore les hot-dogs. Vraiment. Et s'il pouvait en manger tous les jours, il le ferait sans hésiter. C'est aussi un véritable nomade ; enfin, c'est le constat que j'ai fait après notre discussion. Sullivan vient d'une petite ville, dans l'Oregon. Même s'il n'a jamais quitté les Etats-Unis, il a quand même pu visiter différentes villes : Cleveland, Houston, Elgin, Albuquerque, Tulsa... Plus d'une fois, je l'ai envié. J'ai passé vingt-trois ans à Paisley, et ma première expérience aérienne date de moins d'une semaine.

Après ça, je lui ai parlé de moi dans les grandes lignes. Je lui ai dit que j'étais fille unique, comme lui. Je lui ai aussi dit que je venais d'Écosse et il n'a pas eu l'air plus surpris que ça. Il avait déjà deviné que je n'étais pas d'ici grâce à mon accent écossais. « Ça m'a un peu étonné, la première fois que je t'ai entendue. Mais au final, je trouve ton accent charmant » avait-il dit tout en me souriant. 

Je dois l'admettre, je l'ai jugé trop vite à cause de notre accrochage. Finalement, il n'est pas si terrible que ça. Quant à notre colocation, je pense qu'elle peut bien se dérouler.

Je repousse les draps qui me recouvraient puis m'étire pendant un long moment. Il est dix heures passées, j'ai voulu me faire plaisir en traînant un peu au lit mais je crois que ce n'était pas une bonne idée. Je suis ici depuis quatre jours et j'ai l'impression de n'avoir rien fait. C'est décidé, je sors découvrir Miami dès aujourd'hui.

Je quitte mon lit, pleine de conviction, et enfile mes tongs. J'attrape ensuite mon téléphone, que j'enfonce dans ma poche, et m'en vais en bas. Je vais dans la cuisine et prépare mon petit-déjeuner : cette fois-ci, je me sers un verre de jus avec des toasts grillés et de la confiture. Rien de très compliqué.

Quand tout est prêt, je m'installe à table et sors mon téléphone pour effectuer quelques recherches. Bien évidemment, la plupart des activités proposées à Miami sont nautiques, celles dont je peux le moins profiter. Je n'ai rien contre les piscines ou la plage, au contraire, j'adore ces endroits. Le seul petit hic – que dis-je – l'énorme hic, c'est que je ne sais pas nager. Pas du tout.

Ma mère a formellement refusé que je prenne des cours de natation ; elle redoutait la noyade et ne faisait pas confiance aux maîtres-nageurs. Résultat, je suis incapable de flotter par mes propres moyens pendant une trentaine de secondes. Il n'y a pas mort d'homme, je suis d'accord, mais c'est assez handicapant. Je ne pourrais jamais faire de la plongée, par exemple, et pourtant, j'aurais aimé pouvoir visiter les profondeurs marines.

Je verrouille mon téléphone, un tantinet froissée. Je mords par la suite dans mon toast, recouvert de confiture, et vois Sullivan arriver. Ses cheveux sont mouillés tout comme le col de son tee-shirt et j'en déduis qu'il vient tout juste de se doucher. Il s'installe en face de moi et sort naturellement une cigarette. Je me racle bruyamment la gorge pour lui rappeler qu'il doit éviter de fumer en intérieur mais il ne me comprend pas. Il me regarde dans les yeux, avec un air intrigué.

– Oui ?

Je soupire, me lève en prenant mon toast pour éviter qu'il le mange, et pars ouvrir la fenêtre en grand. Là, je retourne m'asseoir et recommence à manger.

– J'avais oublié, désolé, lâche-t-il tout en allumant sa clope avec des gestes robotiques.

– J'avais remarqué.

Il la porte ensuite à ses lèvres et tire une taffe. Est-ce qu'il fume souvent comme ça ? Mes pensées dépassent mes paroles et je lui demande, sans réfléchir :

– Tu fumes beaucoup ?

Il recrache lentement un petit nuage de fumée.

– Seulement quand j'ai besoin de me détendre ou que je suis en colère.

Hot-dog [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant