Hot-dog [Terminée]

onze

4 ans auparavant

Max

Je me débarrasse silencieusement de ma veste en jean et la dépose sur le dossier de la chaise. Le regard d'Ezequiel est si intense que je me mets à déglutir contre mon gré. Il va m'engueuler ; je le sais. Malgré son air calme, je ne me laisse pas amadouer.

Avec lui, il faut se méfier de l'eau qui dort. Il peut se transformer en véritable tempête quand il le souhaite. Vu la soirée que je viens d'avoir, mieux vaut pour moi que j'évite ça. Je suis crevée. Je n'ai pas envie de me prendre la tête.

–Tu étais censée faire un tatouage, déclare-t-il en s'asseyant sur le canapé.

– C'est ce que j'ai fait.

J'abaisse mon pantalon pour lui montrer ma hanche où la phrase "Odio y Amo" est fraîchement inscrite.

– Et ça t'a pris toute une nuit pour le faire ?

Je remonte mon pantalon et soupire. Nous y voilà, les remontrances que j'attendais.

– Tu es partie à seize heures et il est midi. Où étais-tu pendant toute la nuit ?

– J'étais chez Gladys.

– Max ! s'exclame-t-il.

Je baisse les yeux sans rien dire. Ma tête cogne ; je veux aller me coucher mais je sais qu'Ezequiel ne me lâchera pas.

– Elle t'a invitée à sa fête et pour ne pas changer, tu y es allée. C'est ça ?

Je ne m'excuse pas. Il déteste ça.

– Oui, c'est ça.

– Tu pouvais pas refuser ?

– C'est pas aussi simple, je...

– Tu crois que ça me plaît, Max ? m'interrompt-il, la voix empreinte de reproches.

Je relève la tête. Il me fixe désormais. Ses yeux brillent et son front est plissé. Il m'en veut.

– Tu crois que ça me rend heureux de te voir rentrer dans cet état là ? Complètement éclatée sans aucun souvenir de la fête ?

Il se lève et je recule instinctivement, toujours sans rien dire. Je mérite sa colère. Il m'avait prévenue. Mais c'est trop dur. Pourquoi ne veut-il pas comprendre ?

– Et si tu choppais une saloperie là-bas ? lance-t-il.

– Ça n'arrivera pas...

– Ça arrivera. Un jour ou l'autre.

Je me plaque au buffet. Ezequiel en profite pour me bloquer contre ce dernier, les sourcils froncés.

– Quand ta mère s'est mariée, l'année dernière, tu m'as dit que tu gérais. Tu m'as dit que la vie continuait et qu'il fallait bien que vos chemins se séparent. Pourtant, t'es plus la même depuis qu'elle est partie. Pourquoi tu te fais ça ? Tu n'as que dix-neuf ans...

Je détourne le regard en me pinçant les lèvres. Parce qu'elle me manque. Parce que j'ai l'impression d'avoir tout gâcher en la laissant partir avec Stan. C'est un type bien, elle le mérite, mais je regrette. Je regrette de ne pas l'avoir retenue.

Je n'ai même pas pu lui dire que j'étais fière d'elle et de tout ce qu'elle avait accompli dans sa vie, pour elle, pour moi, pour nous. Pas une seule fois.