Angelus

2.

Je n'ai pas quitté la maison depuis plusieurs jours maintenant. Ma mère a appelé le lycée pour leur dire que j'ai rencontré quelques complications durant ma transition. Ils n'ont pas cherché à comprendre, Matt et Kate non plus d'ailleurs, aucun des deux ne m'a appelés ou envoyés de message. Je me sens seule et en quelque sorte trahis.

- Mange un peu ma chérie, dit ma mère en déposant le plateau sur mon bureau.

Je détourne les yeux et continue de regarder par la fenêtre. Il fait gris, le bruit du vent claque contre ma fenêtre, les feuilles dehors bougent dans tout les sens, je peux les entendre. Je peux tout entendre, que ce soit l'oiseau qui chante à quelques centaines de mètres derrière ma maison ou que ce soit le battement des ailes d'un papillon.

J'entends tout et le pire de tout c'est que je peux même entendre la pensée des gens autour de moi à moins de dix mètres. Vous pensez que c'est quelques chose de génial de pouvoir entendre et lire dans les pensées des gens mais c'est absolument atroce, j'entend toutes les horrible pensées de mon frère et de mes parents à propos de ce que je suis. Les phrases tel que : "qu'est ce qu'on a fait pour mériter ça ?" Je ne veux pas que les gens sachent quelle est sa vrai nature, j'ai honte d'elle."Je l'aime toujours mais c'est devenue différent." se répètent en boucle dans ma tête.

J'ai envie de tout casser et détruire autour de moi. J'ai ce genre de pulsions parfois. Ma mère m'a dit que c'était une des contraintes d'être une Nigrum, nous avons des pulsions destructrices et parfois meurtrières.

- Chérie, tu as déjà perdu 3 kilos en quelques jours, je veux que tu manges. Elle pose son bras sur mon épaule mais je me décale pour éviter son toucher. Arrête de m'en vouloir chérie, je fais ça pour ton bien, allez manges un peu, tu vas t'affaiblir.

- Je m'en fiche. La coupe-je en me levant du siège devant ma fenêtre pour me diriger vers ma salle de bain.

Je rentre dans ma salle de bain et me regard dans le miroir. J'ai une mine épouvantable. Je sens les larmes me monter et ferme les yeux pour les empêcher de couler. Je ne veux pas pleurer et m'apitoyer sur mon sort. Je met une main sur la bouche pour étouffer un sanglot. Des larmes coulent et je pleure silencieusement.

- Ça va chérie ? Demande ma mère en tapant sur la porte de la salle de bain fermé à clef.

Je ne dis rien. Je baisse mon regard, je ne veux plus me voir, je suis une malédiction, une descendante de Lucifer, je ne mérite pas de vivre.

- Chérie, tu ne fais pas de bêtise j'espère ? Demande-t'elle inquiète.

Je ne répond rien et prend le rasoir de mon frère sous l'évier.

- Chérie, je sais ce que tu ressens, mais ne t'apitoies pas sur ton sort, tu peux apprendre à te contrôler et à vivre normalement, tu n'es pas quelqu'un de monstrueux, je te connais ma fille et tu ne feras jamais de mal à quelqu'un volontairement.

Je rapproche le rasoir de mon bras gauche.

- Chérie ouvre moi s'il te plaît. Sa voix était de plus en plus suppliante.

Je passe la lame sur ma première veine, je saigne légèrement, je passe la lame sur la deuxième. Je mets une serviette dans ma bouche pour éviter de crier de douleur. Une sensation de brûlure envahit mon bras gauche. J'ai envie de continuer.

- Chérie ? Pourquoi ça sent le sang ? Chérie qu'est ce que tu fais ? Je sens la voix de ma mère s'affoler, elle tourne la poignée de toute ses forces et continue à taper contre celle ci.