Angelus

27.

La table se mit à trembler légèrement, j'avais l'interdiction d'ouvrir les yeux. La tante de Taylor répétait encore et encore de plus en plus rapidement un sort dans un langage incompréhensible. Je me sentais voler, flotter dans l'air, mon corps se faisait mou mais ma tête lourde. Je me sentais partir, la voix de Josiane ne ressemblait plus qu'à un écho, j'avais soudainement froid et je me sentais seule.

- Ouvres-les yeux. Susurre une voix féminine qui m'était très familière.

J'ouvre les yeux et vis ma grand-mère en face de moi, les bras grand ouvert prête à m'enlacer. Je cours vers elle et me jette dans ses bras, mon emprise se resserre lorsque son odeur d'autrefois chatouille mes narines.

- Tu m'as tellement manqué.

Ma grand mère se décale légèrement et passe sa main sur ma joue droite, d'un geste tendre elle essuya une larme qui perlait le long de ma joue.

- Toi aussi ma chérie, elle fit une pause puis son regard devint alarment, tu dois te dépêcher, tu n'as plus beaucoup de temps et cette ombre peut t'attraper.

Je la fixe en plissant les yeux, je ne comprenais rien à ce qu'elle disait alors elle ajoute :

- Cette ombre, elle te suit, répète-t'elle, tu dois partir vite.

- Je vais où ? Et comment ?

- Tu n'as qu'à suivre le chemin de pierre. Dit-elle en pointant son doigt vers le sol. Cours, vite, il arrive.

Je la regarde une dernière fois, lui fit un dernier baiser sur la joue et me mit à courir vers ce chemin de pierre. Des lampadaires situés de part et d'autre de cette allée était allumés, tout le reste était sombre. Il faisait froid, si froid que de la bouée sortait de ma bouche à chaque fois que j'expirai, le sol glissait et me mains se transformaient petit à petit en glace.

- Shelley. Murmure une voix grave, je me stoppe net et me retourne.

Je ne fais aucun bruit, seule ma respiration comble le silence glacial de cet endroit morbide. Je secoue la tête et me remets à courir.

- Shelley, cours ne t'arrêtes pas, trouves le labyrinthe et sors y en un morceau.

C'était la voix de Josiane. Je décide de l'écouter et de courir de toutes mes forces. Au bout de quelques minutes, l'entrée d'un labyrinthe d'haie se dressait devant moi.

- Cours et ne te retournes pas. Répète Josiane.

J'entre dans ce labyrinthe et me mets à courir dans tout les sens, je vais plusieurs fois à droite et une fois à gauche. Chaque allées se ressemblent, je me sens perdue pourtant je dois continuer à avancer sans regarder derrière. Je ralentis mon rythme en sentant quelque chose couler de mon nez, je touche délicatement avec mon index et vis qu'il s'agissait de sang. La panique s'empare de mon corps, je sens mon corps trembler, incapable de faire un pas de plus, mes jambes cèdent, mes genoux tapent contre le verglas. Je sanglote comme une enfant à bout de souffle. Une présence derrière moi ricane légèrement, je sais que c'est cette ombre et qu'elle est là pour moi.

- Relève-toi.

Harold.

Je toune la tête dans tout les sens, c'est sa voix que j'ai entendu. Il est là près de moi.

- Relèves-toi mon amour.

Je déglutis lentement en me relevant difficilement du sol. Mes bras sont le long de mon corps, mes jambes me soutiennent faiblement, ma respiration est irrégulière, ma gorge et mes yeux me brûlent, je suis toujours dos à cette ombre. J'inspire et expire calmement avant de me retourner pour faire face à cette chose.