Angelus

30.

Les paupières fermées, je sens mon corps légèrement se secouer. J'ouvre les yeux en les clignant plusieurs fois, remarquant que je suis dans la voiture de mon petit ami.
Assise sur le siège positionné juste derrière lui, je commence à paniquer en ne savant pas où nous allions. Je tourne la tête pour voir Taylor et ma mère assissent à côté de moi. Ces deux dernières me fixent ne sachant pas comment réagir, je détache ma ceinture prête à ouvrir ma portière et à sauter du véhicule mais Harold la verrouille juste avant.

- Tu ne bougeras pas. Me dit-il d'un ton ferme en me regardant à travers le rétroviseur.

Je lui lance un regard paniquée tandis que celui-ci préfère détourner le regard sur la route, mon père est assit sur le siège avant, ses yeux n'ont pas quitter la route une seule fois.

- On va où ? Où est Tom ?

- On va chercher de l'aide. Ajoute ma mère en posant délicatement sa main sur la mienne.

- Pour ?

- Pour créer une armée.

Je tourne la tête vers Taylor qui fixe le paysage à travers la vitre. Je peux constater que son visage est toujours marqué par de la tristesse, elle semble vide, son teint gai a disparu et je sais que j'y suis pour quelque chose. En plus de me détruire toute seule, j'entraîne les autres, et ça c'est tout sauf moi.

- C'est idiot, grogné-je, laissez-moi sortir, je veux rentrer à la maison.

- On va traverser le pays tout entier pour trouver de l'aide, on a besoin de nos amis pour vaincre ce monstre.

- C'est pas lui le monstre, c'est moi.

- Arrêtes avec ça. Cri mon père sur un ton agacé et indigné.

C'est à mon tour de le fixer, je vois qu'il n'a pas la franchise de me regarder dans les yeux, il semble énervé, ses traits déformés prouvent que j'ai raison.

- C'est bien la préfère fois que tu me contredis sur ce point papa.

- C'est des conneries, tiens-toi tranquille, il fait une pause pour se calmer, on arrive à Seattle dans une heure.

Je souffle en me renfonçant dans mon siège. Je sens le regard d'Harold me brûler, il est agacé par mon comportement, il sait que je ne veux aucune aide et comme il est aussi têtu que moi, voir même plus têtu, cela l'agace davantage. Il veut absolument se sentir indispensable à mon égard, sauf que c'est une erreur, personne n'est indispensable. Comme si il avait deviné mes pensées, Harold me lance un regard noir avant de rouler encore une bonne heure et d'arriver à Seattle.
La ville est plutôt jolie, j'y suis déjà venu, j'adore ces grattes-ciels, cet urbanisme et ce dynamisme qu'à cette grande métropole américaine.

- On fait quoi ?

Personne ne me répond, ils se contentent seulement de détacher leur ceinture et de sortir. Je décide de les suivre mais Harold m'en empêche, il pose sa main sur mon genou et le pince pour ne pas que je bouge. Je lève les yeux au ciel et préfère finalement sortir de la voiture, je l'entends souffler d'exaspération.

- On va où maintenant ?

Ma mère me pointe le petit hôtel délabré en face de nous, le néon rose indiquant le nom de l'hôtel clignote faiblement, certaines lettres ne clignotent plus, mais comme il fait jour, nous pouvons encore lire " Le Heitmann's hôtel". Ce décor me fait penser à un décor de film d'horreur où des touristes ont eu un problème de voiture et doivent dormir une nuit dans le premier hôtel minable trouvés sur leur chemin.