_ Bon, commença Bérényce, je ne resterai pas plus longtemps que ça dans la même pièce que toi ! Ça suffit ! Je vais visiter le bâtiment !
Nowait se roula sur son lit, et répéta en caricaturant l'air snobe de Bérényce :
_ Je vais visiter le bâtiment ! Et tes parents ne t'ont pas payé un guide ?
Sa colocataire la fusilla du regard.
_ Oh, arrêtes ! J'ai peur ! S'écria Nowait.
_ Tu comptes rester insupportable comme ça pendant encore longtemps ?!
Nowait roula sur le ventre, et lui fit un regard aguicheur.
_ Of course, darling ! Sinon, tu t'ennuierais ! Or, avec moi,on ne s'ennuie jamais. D'ailleurs, je vais venir visiter avec toi !
Bérényce leva les yeux aux ciel, et sortit de la chambre, suivit de près par Nowait.
Plus tard, voyant qu'elle la suivait toujours, Bérényce chuchota entre ses dents :
_ Ne me suis pas comme ça ! Les gens vont croire qu'on est amies !
Nowait fit une moue innocente.
_ Et c'est pas le cas ?
_ Arrêtes !
Bérényce se retourna face à Nowait, et s'écria :
_ Mais enfin, à quoi tu joues ?!
_Ben...
Elle ouvrit de grands yeux.
_ Je veux juste qu'on soit amies, chérie !
Elle lui fit un grand sourire.
_ Je ne suis pas... je ne suis en aucun cas ta « chérie » !
_ Oh, arrêtes !
Elle lui fit un clin d'œil et s'accrocha à son bras.
_ Pas la peine de faire semblant, les gens finiront bien par se rendre compte de notre relation, tu sais ?
Elle lui fit un baiser sur la joue.
Bérényce s'écarta violemment.
_ Lâche-moi ! Lâche-moi immédiatement ! Je ne suis pas...je ne suis pas ça !
Nowait éclata de rire.
« On ne sait jamais... » pensa-t-elle.
_ Bon chérie, tu vas nier encore longtemps ?
Quelqu'un passa dans le couloir, et Nowait parla plus fort.
_ Il ne faut pas nier ce que tu es ! Je t'aime, et je te soutiendrai toujours ! Surtout si tu continues à m'embrasser comme ça !
Bérényce fut sous le choc, et partit à grandes enjambées vers la salle la plus proche.
C'était la salle de télévision.
Elle ouvrit violemment la porte, et se jeta sur un fauteuil, c'est alors, qu'avec désespoir, elle vit que Nowait était entrée aussi, et... qu'elle s'asseyait sur ses genoux !
_ Dégages ! Hurla-t-elle.
Le peu de gens qui ne les fixait pas encore, le firent.
_ Bérényce... c'est bon, ces gens sont ouverts d'esprit, ils ne vont pas te détester parce que tu sors avec une fille !
_ Mais c'est faux ! S'indigna-t-elle. Je ne sors avec personne, et je déteste les filles !
Nowait rit aux éclats.
_ Tu« détestes » les filles ?!
Bérényce parcourue du regard toutes les filles présentes, et repéra celle qui l'avait bousculée dans le couloir. Elle était en train de sourire à une autre, un peu plus loin, cachée dans sa capuche.
« C'est ça ! Pensa Bérényce. Rigoles ! Rira bien qui rira le dernier ! »
Ceci-dit, pour une fois, elle fut bien contente d'être dans un lycée où il n'y avait qu'un internat de fille, ainsi, aucun garçon n'avait pu, ne serait-ce qu'envisager la possibilité qu'elle était... enfin, bref. Elle n'avait pas eu cette honte, encore plus gênante. C'était déjà bien assez embarrassant comme ça !
Elle partit à grands pas dans sa chambre.
Bien entendu... Nowait la suivit.
Elle ne dit rien jusqu'à sa chambre, puis, elle explosa.
_ C'est quoi ton problème ?! Pourquoi tu fais ça ? Je ne t'ai rien fais, moi ! Dès le premier jour, même avant la rentré, tu commences déjà à me pourrir la vie, avec des rumeurs stupides ! Mais pourquoi tu fais ça ?!
Nowait s'assit sur son lit.
_ Je ne pensais pas que tu le prendrais comme une attaque... C'était seulement comme ça, pour s'amuser. C'était pas sensé être méchant. Si tu n'était pas aussi sensible, peut-être que tu t'amuserais aussi, à ce jeu.
Bérényce eu un rire ironique.
_ Un jeu ? Parce que tu trouves cela drôle, toi, de se faire passer pour quelqu'un d'hors norme ? Certaines personnes comme ça feraient tout pour que ça ne se sache pas, pour pouvoir vivre heureux, et toi, tu fais tout le contraire ! Je vais très bien, et tu me fais passer pour ce que je ne suis pas !
_Comment ça « tu vas très bien » ?! Tu penses peut-être que les lesbiennes ne vont pas bien ? Tu crois que c'est une maladie ?!
Nowait se leva brusquement et serra les points.
Bérényce baissa les yeux.
_Non... non, ce n'est pas ce que j'ai dis...
_ Si c'est ce que tu penses, tu peux aller immédiatement demander à changer de chambre ! Les gens comme ça, j'ai même pas envie de les respecter !
_ Ce n'est pas ce que je pense, je te le promet !
_ T'as intérêt ! Parce que j'ai peut-être seulement l'air d'une fille qui s'amuse, mais il y a certaines choses que je n'accepte pas !
_ Ce n'est pas ce que je pense !
_Ouais... je te préviens, si je découvrais quelque chose qui me prouverait le contraire... t'es mal !
Bérényce acquiesça , et partit se changer dans la salle de bain.
Nowait resta un moment debout, le cœur battant, puis se laissa tomber sur son lit.
Décidément, il y avait des sujets qu'il valait mieux éviter...
C'était comme si quelqu'un... lui arrachait le cœur et crachait dessus, alors qu'ils étaient en train de discuter tranquillement.
Les gens n'avaient aucun mal à l'apprécier, mais à partir du moment où il découvrait cela, ils s'éloignaient toujours... elle s'attachait à eux, et cela finissait toujours de la même manière.
Elle aimait ses amis, vraiment. Mais visiblement eux, n'avaient pas besoin d'elle, car ils n'avaient eu aucun mal à s'en séparer.
« Éliminer les taches de leurs environnement. » Nowait en était une.
Bérényce revint dans la chambre.
_ Je suis désolée, dit-elle encore une fois.
_ C'est bon, t'inquiètes.
De toute façon, Bérényce ne pourrait pas l'éliminer de son environnement !
_ Aller, bonne nuit, dit-elle.
Et elle éteignit la lumière.
_Attends ! Cria Bérényce. Je ne trouve plus mon lit !
_ Il est pourtant à la même place que tout à l'heure !
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Différemment la même chose
Short StoryBérényce n'apprécie pas que la bonne l'amène au lycée, Manon rit du comportement de son père qui a du mal à la laisser partir, et le silence de Sioban désespère sa mère. Cette année, six filles vont devoir se côtoyer à l'internat et en classe. Des t...