« Je connais des endroits magnifiques. Je t'ai promis qu'on irait là-bas ensemble, alors j'irai. J'irai avec toi dans mon cœur.Je veux que tu les vois, que tu ressentes ce que tu aurais pu ressentir. Jamais je ne me résoudrai à abandonner ta mémoire. Jamais je n'essayerai de t'oublier, car l'oublie c'est le néant, et même si tu n'es plus avec moi, tu l'es encore, d'une autre manière. Je ne veux pas que tu disparaisses à jamais. J'ai peur d'être seule, j'ai encore besoin d'y croire, de faire comme si c'était magique, comme si ce n'était pas si grave. J'ai besoin de te réinventer à mes côtés à chaque instant. Si tu n'existais réellement plus, alors moi non plus. »
Sioban referma le cahier, et sécha ses larmes. Elle se leva de la chaise, et éteignit la lampe du bureau doucement, pour ne pas réveiller Mia. Mia... Dans son sommeil, si frêle, si silencieuse, si calme... On aurait dit elle, à cette époque...
Elle s'assit sur son lit, et se glissa dedans, toute habillée. Elle avait froid, pour une raison inconnue. Soudain elle repensa à la chaleur de Mia, lorsqu'elle était restée près d'elle, toute la nuit. Oui, c'était de ça dont elle avait besoin. Ses mains étaient douces, et protectrices. Elle était si fragile, et pourtant, elle semblait pouvoir protéger Sioban. Mais pas d'elle même. Personne ne pourrait la protéger d'elle-même, et elle ne changerait sûrement jamais.
En fermant les yeux, elle vit son visage qui lui souriait. Elle versa une larme sur son oreiller, mais sa bouche s'étira aussi. Si seulement elle pouvait revoir son visage en vrai. « Tu étais la seule à pouvoir me protéger de moi-même. »
Bérényce se réveilla doucement, et en se retournant, elle s'aperçut qu'elle n'était pas seule dans ce lit.
_ Mais !
Nowait qui la regardait, allongée sur le côté, la tête appuyée sur son bras, lui sourit.
_ Mais qu'est-ce que... Tu fais-là... ? Demanda Bérényce, d'une voix incertaine.
Nowait, sans quitter son sourire, désigna sa main du regard. Sa main, dans celle de Bérényce...
Celle-ci, très gênée, lâcha lentement la main de son amie.
_ Je... Je ne m'en étais pas rendue compte, excuse-moi.
En évitant sa colocataire du regard, elle partie s'enfermer dans la salle de bain.
Mince ! Cela voulait-il dire qu'elles avaient passé la nuit dans le même lit ? Non ! Mais si, forcément ! Ceci-dit, Nowait ne s'était pas collée à elle, ce qui n'aurait pas étonné Bérényce. Oui, pourquoi n'en avait-elle pas profité ? En fin de compte, elle aurait pu faire ce qu'elle voulait de Bérényce, et pourtant... Elle était restée loin, le plus loin possible. Elle avait dû mal dormir. La pauvre.
Lorsqu'elle sortit de la salle de bain, toute prête, elle s'assit à côté de Nowait, toujours dans son lit (celui dans lequel Bérényce s'était invitée toute la nuit...).
_ Je suis vraiment désolée, d'avoir... D'être restée dans ton lit. Je ne l'ai vraiment pas fait exprès. Tu aurais dû prendre le mien, pourquoi tu n'as pas pris le mien ?
Nowait sourit.
_ Tu me l'as proposé juste avant de t'endormir, mais quand j'ai voulu y aller, tu me retenais.
Bérényce ouvrit de grands yeux.
_ Oh... mais... tu aurais dû... t'en aller quand même...
_ Tu aurais préféré que je m'en aille ? Je ne l'ai pas fais pour ne pas te réveiller.
_ Non ! Mais tu aurais mieux dormis...
_ Ça m'étonnerait ! Chuchota Nowait en lui faisant un clin d'œil.
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Différemment la même chose
Short StoryBérényce n'apprécie pas que la bonne l'amène au lycée, Manon rit du comportement de son père qui a du mal à la laisser partir, et le silence de Sioban désespère sa mère. Cette année, six filles vont devoir se côtoyer à l'internat et en classe. Des t...