Cette histoire est celle d'une jeune anglaise de 17 ans, Anne. Entre la perte de sa mère, qu'elle aimait plus que tout au monde, et un père ignorant, Anne va tenter de revivre, seule, face à un monde qu'elle ne connaît pas. Ce voyage fait de rencont...
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Je reste stoïque face à ce que je viens de découvrir. Ce que j'imaginais trouver au-delà de ces murs est bien loin de la réalité présente, sous mon regard stupéfait. Des murs d'un blanc hypnotisant se dressent, entourant un mobilier à l'allure futuriste: une chaise sans pieds paraît voler au-dessus du sol, étant maintenue par une tige mobile fixée au plafond; une plante grimpante à la taille impressionnante traverse la pièce, et c'est en la regardant avec insistance que je distingue un reptile entrain de déguster son repas. Je m'approche timidement de lui afin de ne pas l'effrayer, il sent soudain ma présence et ne forme plus qu'un avec la branche sur laquelle il s'étend.
_"Oui, cet animal est très intéressant, n'est- ce pas? Le caméléon se fond dans n'importe quel décor, ou presque. Bonjour, je suis le docteur Verdin."
Un homme aux cheveux blonds très courts, recouvert d'une blouse blanche et à la carrure imposante me tend fermement sa main.
_"Vous tombez bien, je vous attendais. Nous discuterons dans mon bureau, c'est plus appréciable, surtout pour vous qui venez pour la première fois. Suivez-moi je vous prie"
Sans dire mot, j'emprunte un long couloir aux murs si blancs qu'ils pourraient aveugler quiconque les regarderait incessamment. Après avoir monté un escalier transparent, le docteur m'indique son bureau et m'y fait entrer. D'habitude terriblement anxieuse, je m'étonne à ne pas me poser de questions, j'agis sans en prendre vraiment conscience. Une fois installée en face du docteur, j'attends qu'il entame la conversation, ce qu'il fait sans trop tarder:
_"Bon, et bien, je vais vous poser quelques petites questions avant de commencer quoique ce soit. Racontez-moi qui vous êtes, d'où vous venez, vos ambitions ou projets etc. Je vous transmettrai le but de l'opération, lorsque j'aurai entendu tout ce que je voulais entendre. C'est à vous."
Je n'ai à peine le temps de protester, que cet homme me fixe déjà, accoudé au bureau. Je me résous alors à délivrer certaines informations à mon sujet. Quand je termine mon récit, le docteur reprend la parole:
_"Alors si j'ai bien compris vous vous nommez Anne Hills, vous venez de Manchester, et vous souhaitez repartir à zéro afin de pouvoir vous construire une nouvelle vie, peut être en Australie, n'est-ce pas?"
J'acquiesce d'un signe de tête, les mains entremêlées et moites. Parce que mon passé et la réaction de mon père face à mes agissements me font peur, je viens de mentir sur ma véritable identité, sur certains passages de ma vie. S'il advenait que quelqu'un découvre mes mensonges, je n'oserais sans doute plus faire face à l'être humain, au risque d'éveiller sa moquerie. Oh et puis, après tout, personne n'a-t-il jamais menti dans le but de camoufler les tâches noires de sa propre existence? Je n'en suis pas si sûre. J'inspire profondément l'air frais mais artificiel de la climatisation et attends un signe du docteur.
_"Parfait. Bon, je suppose que vous ignorez tout de cet endroit, et de ce que nous y effectuons.
A la vue de mon expression, il ne tarde pas à relever mon ignorance à ce propos. Il continue:
_" En ce moment précis, nous nous trouvons dans le Centre d'études et de recherches du comportement humain. Enfin, du moins nous l'appelons ainsi pour les nouveaux arrivants. Ce laboratoire existant depuis trente ans avait comme fin de trouver des solutions pour améliorer le comportement de l'homme, améliorer sa nature. Malheureusement cela n'a mené qu'à un échec, si j'ose dire, car en réalité cet " échec" a fait naître une solution miraculeuse et encore plus incroyable. Involontairement, nous venions de mettre au point un gel transparent aux propriétés insoupçonnables, il avait en effet permis de rendre invisible les tissus organiques d'une souris, chose qu'aucun autre scientifique n'était parvenu à produire. C'est à la suite de cet évènement, que nous avons passé des années à l'améliorer, encore et encore, jusqu'à parvenir au sommet de notre gloire. Aujourd'hui, et ce depuis maintenant un an, le gel permet de rendre l'homme invisible..."
Mon coeur est prêt à sortir de ma poitrine. Ai-je bien entendu, " de rendre l'homme invisible"? Je ne sens plus aucune partie de mon corps, je suis comme pétrifiée.
