Des solitudes pour un rêve

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(Lecture audio du chapitre ci-dessus)

_"Tendez l'oreille! Une âme pleureuse est parmi nous!"

Je tente de retenir cette tristesse bruyante quand une main me caresse le visage.

_"Anne,je sais que c'est toi. Seuls les nouveaux réagissent de la sorte. Chuchote-t-elle. Avec le temps, tu apprendras à te familiariser avec ce corps que tu crois changé alors qu'il demeure le tien, celui que tu as toujours connu."

Une vérité frappante s'abat, résonnant comme une évidence dans mon esprit torturé. Depuis ma fuite, je n'ai cessé d'agir de manière illogique et incohérente, éloignant ainsi de mes pensées, mes actes. Un jour blanc, un jour noir, l'invisibilité me fait perdre la tête. Je suis un peu un apôtre, solitaire parce que son maître,son guide n'aura plus été là pour lui. Quelle voix écouter quand toutes celles qui vous étaient proches sont éteintes?

_"Aidez-moi!"supplié-je.

Mon appel à l'aide aura été entendu. Prise sous l'aile des Invisibles, ces derniers jours ressemblèrent à une véritable initiation. A chaque pas de plus posé sur le sol du laboratoire, la conscience de ma nouvelle condition fit avancer la confiance qu'il me manquait depuis bien longtemps. On m'enseigna l'impassibilité devant ce reflet inexistant dans le miroir. On me répéta que la nudité n'avait pas d'importance puisque personne ne nous voyait. Ce dernier élément d'apprentissage fut dur à accepter. La sensation trop importante de légèreté de mon corps nu me laissa mal à l'aise des jours durant. Quand le son grave d'une voix masculine s'approchait, je me repliais sur moi-même en protégeant de mes mains tremblantes, certaines parties intimes. Enfin, on m'inculqua le bonheur que pouvait apporter ce gel, libre de mouvement de notre tête à nos pieds, et maintenant je peux affirmer que rien ne me fera douter à nouveau de ce qui m'arrive.

Entrain d'admirer le ciel parsemé de nuages volatiles, je me repose enfin après toutes ces leçons de vie tardives et méconnues pour la plupart. Je trouve la paix, accompagnée par les discussions de mes camarades ou de "mes nouveaux amis" pour certains. Je pense alors à Eleanor, l'une des premières à m'avoir soutenue dans cette épreuve. Ma première amie anonyme, au visage et aux membres non dévoilés. C'est si drôle, une âme exempte de réelle forme. Mais partout où cette femme se transporte, ce qui fait partie de sa personne se remarque en permanence, comme tous ses petits plaisirs. Sa passion pour les romans policiers, se lit à travers l'envol de The Ten Little Niggers au milieu de la pièce chaque soir. Son goût pour les notes extraordinaires de Vivaldi s'entend et résonne dans chaque recoin de notre "chez-nous", au réveil. Et par-dessus tout, c'est son rire qui ne vous lâche jamais. Ils'évade, transmettant ses ondes positives aux âmes les plus blessées. Moi. Eux.

Les uns disparaissent...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant