Un nouveau jour (suite)

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             Je cligne des yeux, en essayant de distinguer ne serait-ce qu'une présence humaine

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Je cligne des yeux, en essayant de distinguer ne serait-ce qu'une présence humaine. Il n'y a personne. J'essaye de me lever à plusieurs reprises, une migraine me fait retomber dans mon lit à chacune de mes tentatives. J'aimerais savoir ce qu'il m'arrive, seul le souvenir de l'expression du docteur Verdin au laboratoire me reste en tête. Après cela, je ne me souviens plus de rien, l'amnésie est totale. Que m'est-il arrivé? Pourquoi cette tâche noire au milieu d'une page de mes souvenirs? Je finis par comprendre quand Susan me raconte les évènements qui ont précédé mon évanouissement.

Encore emmitouflée dans ma couverture, j'ose me lever malgré la douleur. C'est à cet instant que je crois vivre un cauchemar. Mon bras est bien devenu invisible. Je ne vois plus qu'une main tremblante volant dans les airs, mais je peux quand même ressentir le froid sur ma peau, le sang dans mes veines. Tout est pareil au niveau des sensations que je perçois mais pour ce qui est de mon apparence, tout est différent. Je suis ouverte aux changements, aux découvertes de tous domaines, or la transformation effectuée sur mon propre corps, sans mon consentement, est une erreur regrettable de la part du docteur Verdin et de ses "employés-machines". Je ne cesse de me plaindre auprès de Susan, de lui demander s'il existe un remède, un moyen de retrouver mon corps dans son entièreté.

_"Nous avons certes créer un gel, mais en aucun cas, nous n'avons trouvé de solution pour le retirer. Car une fois injecté, il est absorbé par le sang et par tous les tissus, il est donc impossible d'y faire quelque chose. Mais ne voyez pas cela comme une tare, une maladie mais plutôt comme un cadeau, un pouvoir inégalé. Grâce à lui, vous allez devenir une héroïne!"

Je suis désormais condamnée à vivre avec un morceau de moi manquant... Peut-être que j'arriverai à ne plus faire attention au fil du temps, à faire comme si j'avais toujours été ainsi. Je ne me rendors pas, triste ou pleine de remords, je me rendors remplie d'espoir. Je veux mettre fin à ce chagrin lancinant pour me permettre d'apprécier la vie et le monde, avec le regard que j'avais enfant: un regard émerveillé, insouciant.

Un mois passe, fait de découvertes infinies. Au cours de cette période, j'appris à vivre avec ce corps transformé, à m'y habituer. Pas des plus aisées, cette tâche s'avéra compliquée. Le plus dur fut de croire que mon bras droit était toujours bel et bien là, car sans cesse j'utilisai mon bras gauche, trouvant cela presque normal finalement. L'hésitation me fit perdre tous mes réflexes et aujourd'hui encore, je pense qu'elle persiste, en dépit d'une grande volonté de ma part de l'éradiquer.

A la seconde où je me remémore ma progression, je me regarde dans un petit miroir que ma mère m'avait offert. D'ailleurs, il est le seul objet de réflexion présent entre ces murs. Qui parmi les Invisibles voudrait d'un miroir? Il leur serait inutile contrairement à moi qui ai encore la possibilité d'avoir une apparence visible. Mon reflet me semble si étranger. La dernière fois où j'ai dû savoir à quoi je ressemblais, c'était il y a au moins trois mois. Ce n'est plus une adolescente qui m'apparaît mais une jeune femme plus sûre d'elle. Mon visage s'est allongé, mes joues trop rebondies se sont effacées, des petites rides d'expression parsèment mon front et mes yeux. C'est incroyable comme de petits détails peuvent vous faire presque devenir différent. C'est à la fois plaisant et surprenant d'être en "mutation" tout au long de sa vie. Un jour, on se voit comme un enfant, on se moque un peu de son reflet et de notre frêle silhouette, puis le lendemain, c'est adulte que l'on devient.

Les uns disparaissent...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant