Tana ne supportait plus ce bruit. Ça lui rappelle qu'elle est toujours en vie, et qu'elle doit encore aller en cours une journée de plus. Elle va en cours sans y être, elle balance deux trois sourires et elle repart en maudissant chaque chose insupportable qui s'est passée. Elle imagine déjà la scène, le théâtre répétitif de sa vie alors qu'elle est toujours dans son lit. Elle se demande pourquoi elle ne se laisse pas sombrer, à rester chez elle et à réellement se couper du monde puisqu'elle ne supporte plus personne. Plus les jours passent et plus elle sort de son lit tardivement pour seulement s'habiller des premiers jean et t-shirt qui lui tombent sous la main. Elle ne prend plus le temps de se maquiller, pour plaire à qui de toute façon? On doit sûrement se retourner sur elle, parler sur elle, mais pas pour les mêmes raisons que toutes ces jolies autres filles.Elle enfile ses baskets, attrape son sac et ses clés de voiture et passe la porte. L'avantage du permis c'est qu'elle n'a plus à supporter d'attendre le bus, avec ces gens à l'arrêt qui la regarde, sans parler de la foule de monde déjà installée qui t'oppresse même pour quinze minutes de trajet. Elle monte dans la voiture, s'installe et lance la musique et le chauffage. Si quelqu'un montait avec elle, il dirait probablement qu'il fait trop chaud dans cette bagnole mais Tana est juste très frileuse. Elle traverse beaucoup de forêt et roule sur des routes de campagnes, étroites, où il faudrait sûrement qu'elle ralentisse et fasse plus attention. Mais elle ne le fait pas. Parfois elle se fait même peur en conduisant, mais Tana s'en fiche parce qu'elle est seule. Chaque matin, chaque fois qu'elle prend la route, et encore plus les jours où le temps est mauvais, elle espère que tout s'arrête. Qu'une absence va la submerger et causer un accident dont elle ne se réveillera pas. C'est ce qu'elle souhaiterait s'il n'y avait pas tous les autres usagers en face, elle ne peut pas penser qu'à elle et les négliger, ils ne mériteraient pas un drame pareil, et leur famille n'a pas à subir ça.
Elle ne fait pas exprès de rouler sur les deux voies, un peu à cheval sur celle de gauche, elle est juste trop dans ses pensées. L'absence viendra peut-être quand elle n'y pensera plus et qu'elle ne l'attendra pas.
Tana se dit qu'il faut qu'elle arrête d'être comme ça, qu'elle se réveille de ce cauchemar constant dans lequel elle vit, dans lequel elle se torture. Pourtant quand elle a mal ça me rappelle qu'elle n'est pas encore morte, ça fait du bien dans un sens, on sent que c'est pas encore la fin même si elle approche. Elle approche, se rapproche, me frôle parfois mais pas assez souvent. Elle aimerait qu'elle la percute à un moment, n'importe lequel, juste que ce soit net et terminé une bonne fois pour toute. Mais ça n'arrive pas. Et de nombreuses fois elle a imaginé la scène où c'est elle qui allait à sa rencontre.
Arrivée. Elle allait devoir affronter les gens de son école, des têtes qu'elle ne peut plus voir et qui la mette encore plus mal qu'elle ne l'est déjà. Elle ne se rend pas tout le temps compte mais elle marche la tête baissée la plupart du temps, au moins elle ne voit pas ceux qui la regardent, elle ne voit pas leurs lèvres bouger à son sujet quand elle passe et elle n'affronte que le sol avec des pas qui traînent. Tana rentre directement en cours, à cause de la circulation elle était arrivée juste à l'heure. Elle a vraiment l'impression d'être là sans être là. Elle subit les horaires, les cours, les moments d'absence où elle est dans ses pensées et qui lui font perdre le fil de ce que dit l'enseignant. Elle n'est pas seule, elle est assise près de ses amis, mais ne leur parle pas plus que ça. Enfin, elle se demandait si c'était vraiment des amis, au fond ils ne connaissaient rien d'elle. Elle ne leur dirait jamais le fond de sa pensée jamais elle ne leur dirait son mal être et tout ce qui se passe dans les coins de sa tête. Elle cacherait toujours ce qui lui permet de s'évader un peu de la réalité. Pourtant une question revenait tous les matins:
"-Ça va Tana?
-Oui pourquoi?"
Ce "pourquoi" qui veut dire que ça se voit qu'elle est tracassée par quelque chose et qu'elle veut savoir quoi pour ne plus le reproduire. Le problème c'est qu'elle est toujours tourmentée par tout. Elle a souvent ce regard vide, ces attitudes solitaires, ces traits tristes et au fond on ose plus lui demander ce qui ne va pas puisqu'elle prétend sans cesse que tout va bien.
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La division.
FantasyTana est une fille actuelle, avec son lot de problèmes. Toujours en pleine dérive, à la limite de la dépression, elle ne se trouve pas et cherche un sens à son existence. Elle passe son temps à refaire le monde, à faire la fille dure alors qu'elle e...