Elle arriva devant la porte de son appartement, rentra la clé dans la serrure, poussa la porte et posa ses affaires en la fermant. Elle alla dans sa chambre puis dans la salle de bain, elle avait besoin d'une bonne douche après cette affreuse journée. Ce mot n'était même pas assez fort. Elle a raté son contrôle de psychologie sociale, ses amis l'ont plus qu'énervée à ne rien faire en travail de groupe et des filles plus que superficielles leur ont pris la tête pour se sentir exister. Ce qu'elle déteste ce genre de personne. Mais évidemment c'est celles qui plaisent aux garçons, c'est sûrement pour ça qu'elle était célibataire.
À fleur de peau elle se déshabille et se réfugie dans la douche. Elle allume la paume, et tourne le robinet sur l'eau bien chaude. Une douche avec de la pression, c'est juste le bonheur, mais ça ne suffit pas à la calmer. Depuis quelques temps un rien la met mal. Elle prenait tout très à cœur et se reproche tout ce qui arrive de mauvais. Elle se dit qu'elle devrait être plus comme ces filles, peut-être qu'elle réussirait plus, qu'elle aurait plus d'amis, elle serait aussi plus belle, plus mince, mais aussi tout ce qu'elle déteste. Quoiqu'elle se détestait déjà. Elle ne sera jamais à la hauteur de rien. Le travail en groupe c'est pareil, ses amis ne font pas grand-chose alors elle se tape tout mais s'il y a un truc qui ne va pas, c'est de sa faute et elle culpabilise. Au final elle n'arrive jamais à rien faire de droit et de bien, quelque chose de valorisant. Elle encaisse tout ce qu'il lui arrive depuis un petit moment déjà et ce soir c'est la mauvaise journée de trop qui lui noue l'estomac. Elle avait besoin de lâcher ce qui la tracassait, elle avait besoin d'extérioriser et de pleurer un bon coup, même si ça n'a l'air de rien. Le problème c'est qu'elle ne fait pas que pleurer quand ça ne va pas. En levant la tête, Tana est éblouie par la lumière qui se reflète sur un objet. En se levant pour l'attraper elle tourne encore un peu plus l'eau chaude puis se rassois. Elle observe son corps qui la dégoute, trop volumineux. Toute cette graisse qu'elle découperait aux ciseaux si elle le pouvait. Toute cette peau imparfaite qu'on appelle aussi peau de pêche et dont elle est recouverte. Elle est désespérée de son corps, elle ne sait plus quoi en faire. Mal dans ma peau, ça lui pourrit littéralement la vie.
Et Tana s'habitue à l'eau qui lui semble de moins en moins chaude. Elle regarde dans le vide, peu importe le point qu'elle fixe elle se sent complètement ailleurs. Elle relâche ses bras, ses jambes ne sont retenues que par le mur ou le sol. Elle a fini, elle a tout laissé sortir, elle ne peut même plus pleurer et a les yeux fatigués. Elle les sent gonflés et elle-même épuisée. C'est encore une journée qui la met dans un sale état. En rentrant, elle s'est pesée comme à son habitude et la balance lui a encore indiquée qu'elle avait grossi, pour mieux l'enfoncer. Pourtant elle essaye de faire des efforts pour s'améliorer, pour mincir et elle essaye d'être là pour les autres quitte à ne pas l'être pour elle-même. Mais il y a toujours un truc qui vient tout gâcher, comme si on lui disait constamment « Arrête de te battre, ça ne sert à rien tu perdras. ». Alors elle joue entre la vie et la mort pour se sentir plus vivante ou un peu moins morte elle ne sait pas, entre l'espoir et le désespoir. Toute cette réflexion l'amène à de simples idées noires et mauvaises qui la poussent à faire de mauvaises choses.
Tana reste là encore un instant. Elle se dit que la vie c'est comme les mathématiques. Les mathématiques sont une suite de calculs qui s'effectuent selon des théorèmes et des lois et notre vie est faite de prise de décision, de choix, pris en fonction de valeurs, de règles et de conscience. Pour sa part, Tana avait beau tourner l'équation dans tous les sens, il n'en sortait jamais le bon résultat, comme un système de récurrence qui serait faux mais dont elle ne voyait pas la solution, ou alors le problème. En attendant de réussir à trouver ce qui n'allait pas, elle continuait de faire des bêtises, qui pourtant la soulagent, comme pour extérioriser toutes ses émotions, qu'elles coulent en même temps que coule le liquide remplissant chaque fibre de sa peau. Ce liquide se mêlait à l'eau, se décolorait, descendait le long de son bras et disparait dans l'évacuation. Une coupure, deux coupures, se recouvrant toutes les unes des autres, elle ne sait même plus ou les faire pour ne pas que cela s'étale trop, heureusement ce n'est pas encore une habitude. L'eau devenait froide, elle attendit simplement que l'eau permette à ses blessures d'arrêter de saigner et elle sortit.
Et si cette action paraît stupide elle est aussi pour elle. Stupide mais nécessaire, certains tapent dans des murs, d'autres boivent, et elle, elle en était là. Elle ne demande à personne de comprendre car ça ne peut l'être par une personne extérieure. Tout le monde en voyant cela se dirait « Quelle imbécile, elle veut se faire plaindre et attirer l'attention. ». Et si c'était vrai, croyez-vous que ceux qui s'infligent ces scarifications cacheraient leurs cicatrices lorsqu'ils se les font ? Elle ne cherche pas à être plainte, elle n'a pas à l'être puisqu'elle aurait tout pour être heureuse à vue d'œil. Mais ce que l'on ressent lorsqu'on en arrive à se faire du mal est indescriptible tant qu'on ne l'a pas vécu. Elle se met dans des états qui paraissent disproportionnés aux événements qui l'y amènent mais à partir du moment où une personne ne prend plus plaisir à rien et qu'elle subit sa vie, chaque toute petite chose peut la toucher. C'était la vision de Tana.
Elle se relève, éteint l'eau, et ouvre les portes de la douche pour en sortir. Elle se sèche et enfile des vêtements pour ensuite se poser devant la télé. Une boule au ventre. Une sensation qui l'accrochait et dominait tout son corps. Assise, elle réfléchissait, sans rien dire. Un poids qui la tirait vers le bas, qui la faisait trembler et qu'elle ne savait comment soulager. Elle ne pensait plus à rien et ne savait même plus pourquoi elle était dans cet état là, l'état la gouvernait totalement. Besoin de soulagement, d'arrêter ce vide en elle, ce creux qui la pliait en deux, qui la faisait se sentir mal au plus profond et qui ne lui donnait plus envie de rien à part de la faire disparaître. Elle ne pouvait s'endormir, elle ressassait le néant, tout ce qui n'allait pas et rien qui ne va. Elle n'avait aucunement envie de manger, le vide la nourrissait. Son tremblement était celui de la peur, la peur d'elle-même, de son coté sombre, le coté où tu te hais, te détestes, te méprises. Elle se sentait bête de réagir ainsi. Et elle se sentait seule, elle n'avait personne à qui se confier ou raconter ses phases où elle avait l'impression de devenir folle pour un rien. Comment les autres pourraient comprendre alors que seulement la moitié d'elle-même savait ce qu'il se passait. Une partie se haïe et l'autre s'inflige, mais les deux sont écorchées. L'une par l'envie de se faire du mal pour se punir et l'autre par le fait qu'elle est capable de subir et le faire. Elle n'avait plus aucune estime de soi dans ces moments là, elle ne valait même pas moins que rien, les mots ne suffisaient plus à la définir. Elle n'a encore pensé qu'à la seule solution qu'elle connaissait. La peau qui s'écarte lentement et fragilement avec une pointe de douleur qui la soulage. Tanase sentait comme rejetée, si elle n'existait pas ce serait pareil, personne nes'en rendrait compte et même si elle faisait la dure à ne pas s'attacher et querien ne la touchait, au fond, elle le vivait mal. Mais elle finissait toujourspar se rendre compte que finalement elle n'aurait peut-être pas dû se plongerdans ce genre de tourment. Pourtant c'était encore une soirée qui ressemble auxautres, une semaine dont elle n'attendque la fin.
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La division.
FantasyTana est une fille actuelle, avec son lot de problèmes. Toujours en pleine dérive, à la limite de la dépression, elle ne se trouve pas et cherche un sens à son existence. Elle passe son temps à refaire le monde, à faire la fille dure alors qu'elle e...