Mon meilleur ami fan de rugby m'avait plus ou moins trainée de force à un match de la coupe du monde. Il vivait en ce moment en Angleterre pour son travail et manque de bol j'avais pris mes billets pour Londres la veille où il gagna des invitations pour assister au match France-Irlande. Souhaitant passer le plus de temps possible avec lui, j'ai préféré accepter l'immense honneur qu'il me faisait en me proposant de m'inviter plutôt qu'amener un de ces amis anglais.
Me voilà donc assise entourée de supporters complètement hystériques et je suspectai très sérieusement mon voisin de droite d'avoir légèrement abusé sur sa consommation de bière. Voyant mon air légèrement dégouté, Maxime glissa à mon oreille :
- Avoue que ce bel étalon rond comme une queue de pelle te plait!
Je ris à sa remarque, il avait toujours le chic pour me détendre lorsque j'étais mal à l'aise.
En toute sincérité, je ne sais absolument rien sur le rugby. Je ne m'y suis jamais intéressée. Non, en fait ce n'est pas totalement vrai... lorsque j'avais 17 ou 18 ans j'avais offert à une copine le calendrier des Dieux du Stade. N'étant pas aveugle, j'avais bien remarqué que les joueurs étaient tout à fait agréables à regarder enfin je vais tout de même nuancer ma remarque pour ceux qui ont le cartilage des oreilles complètement explosé. Oui, je fais de la discrimination d'oreille mais j'assume et je suis certaine que je ne suis pas la seule à le penser.
Maxime me sortit de mes pensées si profondes et intellectuelles en se mettant à parler ou plutôt à hurler avec nos voisins des pronostiques sur les résultats et des différents joueurs. N'y connaissant strictement rien, je fis ce que la situation exigeait de moi : faire semblant d'éprouver un enthousiasme similaire au leur en hochant la tête à intervalles réguliers avec un sourire digne d'une pub pour dentifrice. Bien entendu, je devais certainement avoir une tête très étrange et ressembler à une totale ahurie. Cependant, tout le monde était bien trop impatient que le match ne commence pour réellement prêter attention à la rousse qui secouait la tête comme un automate.
Finalement les joueurs entrèrent sur le terrain. Ouf un peu d'action! Tout le stade se mit à hurler comme des dingues et étant très perspicace, je suis à peu près certaine que cela était censé démontrer leur soutien à leur équipe. Je devais bien reconnaître que c'était assez grisant d'observer autant d'enthousiasme, je me surpris même à crier aussi. Maxime, tout content de me voir m'impliquer autant, se mit à crier encore plus fort.
Une fois les deux équipes en ligne, nous chantâmes l'hymne de la France. J'eus des frissons tellement je trouvais ça extraordinaire de sentir ce lien qui nous unissait. Tous les visages étaient concentrés. Nous ne nous étions jamais vus mais nous étions français, fiers de l'être et nous comptions bien le montrer. C'était notre hymne, cela nous représentait et nous ne pouvions qu'être respectueux. Je n'en chantai que plus fort. Même mon voisin qui n'arrivait pas à aligner deux mots tout à l'heure réussit à sortir la fin des vers "paTRIIIIE.... est ARRIVÉ". On aurait dit un enfant de cinq ans qui essayait de cacher le fait qu'il ne connaissait pas la chanson.
Le temps que les équipes se mettent en place sur le terrain, dans les gradins c'était devenu la folie. Les esprits s'échauffaient prêts à la bataille. L'excitation était telle que j'avais beau ne rien y connaître, je me mis à trembler d'une rage de vaincre indescriptible. Je voulais tellement qu'on gagne que tout mon corps se tendit et mes yeux se fixèrent sur le terrain.
Les hurlements redoublèrent dès que le match commença. Je me transformai petit à petit en une supporter totalement folle furieuse qui criait :
-COURS !!!! Mais c'est pas vrai !! Ouuutch ça doit faire mal!!
Enfin soyons honnête la première partie de jeu, je disais surtout :
- Maxime il se passe quoi là ? J'ai pas tout compris.
Je finis par comprendre les bases du jeu : on ne plaque pas n'importe comment, on peut transformer l'essai et les joueurs passent leur temps à se tapoter les fesses mais c'est normal. Plus le match avançait et moins je me cachais les yeux quand ils se retrouvaient avec le visage en sang. Le pire fut lorsqu'un des français se prit un coup de crampon dans l'arcade... Je vous passerai les détails parce qu'en toute sincérité, ce n'était vraiment pas beau à voir.
Les dix dernières minutes du match furent très éprouvantes. Nous n'avions que peu d'avance et notre équipe commençait à enchaîner les pénalités. J'étais dans un tel état de crispation que j'attrapai le bras de Maxime pour me rassurer et y enfonçai mes ongles sans même m'en rendre compte. Je crus que j'allais pleurer au moment où un joueur fit une passe complètement à l'aveuglette pour éviter de se faire plaquer et que la balle tomba au sol après avoir glissé des mains de son coéquipier. L'adversaire la ramassa et se mit à courir à une vitesse absolument improbable. Il slalomait entre tous les joueurs. Lorsqu'ils finirent par le rattraper, le colosse était tellement puissant qu'il les trainait derrière lui. C'est alors qu'un joueur bleu apparut de je ne sais où, lui fonça en plein dedans et réussit à le stopper dans sa course folle. L'impact fut si violent, que le joueur Irlandais vola jusqu'au sol pour finir par être écrasé par l'autre joueur. Nous nous mîmes à crier comme des fous, à siffler à tout va.
- TELLIER! TELLIER!!
- Maxime, c'est qui Tellier?
- Julien Tellier. C'est l'un des meilleurs joueurs de l'équipe, il est trois-quart centre.
Bien bien... Je le remerciai mais je notai pour moi-même de lui redemander ultérieurement ce qu'était un trois-quart centre parce que là franchement je ne voyais pas. Il ne restait plus que quelques secondes avant que la fin du match. Lorsque le jeu reprit pour la dernière action nous étions tous en alerte maximum, priant pour que ce qui venait de se passer ne se reproduise pas. La fin du match se passa au ralenti, on entendit le coup de sifflet, je me tournai vers Maxime et lui sautai dessus en criant :
- ON A GAGNÉ!!!!!!
Quelques minutes plus tard, après avoir crié tout ce qu'on pouvait crier, je m'assis sur ma chaise toute tremblante. Je repensai aux joueurs se serrant la main sans rancune et à la haie d'honneur faite par l'équipe de France pour les irlandais. Ce sport était certes brutal mais il était bien plus que ça. Les joueurs ne discutaient pas les décisions des arbitres et on pouvait voir un réel fair-play entre les équipes. De plus, dans les tribunes, les supporters des deux pays ne s'étaient pas insultés ou battus, ils ont également respecté les hymnes de chacun.
C'est officiel, je veux en savoir plus sur ce sport et je commence dès demain.
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Coucou tout le monde!
Premier chapitre que j'écris sur le sport. J'espère qu'il vous a plu !
Et à toutes celles qui se disent : "Ça parle de rugby ! Au secours, beurk, pas intéressée..." Je vous rassure tout de suite, le rugby est certes un sujet récurrent mais il n'est pas nécessaire d'y connaître quoi que ce soit ou d'aimer le sport pour apprécier l'histoire!
Je vous souhaite à tous une bonne lecture!Prochain chapitre très prochainement!
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Au coeur du rugby
General FictionLucie est enseignante et découvre un jour un nouveau sport : le rugby. Dès lors, elle va tout faire pour partager sa nouvelle passion avec ses élèves. Elle cherchera l'aide dont elle a besoin chez les professionnels qui lui donneront accès à bien pl...