Premiers dessins

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Une fois de plus je m'approchai de Julien alité dans un hôpital. Mon cœur se serra au souvenir des jours d'enfer que j'avais vécu. Heureusement, cette fois-ci il était conscient.

Tout à coup, je ne sus plus quoi faire. Je restai là sur le pas de la porte à le regarder les bras chargés de papiers. Je ne savais pas si je devais l'embrasser, ou pleurer de soulagement parce qu'il avait l'air en forme. Je ne me rendis compte qu'en le voyant que mon angoisse à l'idée que l'opération se déroule mal avait été bien plus que présente que ce je pensais.

- Tout va bien Lucie ?

Julien me regardait, inquiet. Ce n'est pas à toi d'être inquiet, idiot... J'esquissai ce que j'espérais être un sourire rassurant. Je déposai mon chargement sur la chaise la plus proche avant de me ruer dans les bras de mon amant. Comme à mon habitude, j'enfouis mon visage dans son cou. Quant à lui, il resserra les bras autour de moi pour me serrer fort contre son torse. Nous restâmes longtemps ainsi. Je ne me dégageai même pas pour lui demander comment ça c'était passé.

- Plutôt bien. Apparemment, ils ont eu du mal à un moment à trouver ce qu'ils cherchaient mais a priori avec une bonne rééducation ça devrait aller.

- Tu commences quand ?

- Dès maintenant et ce pendant minimum huit mois apparemment. J'aurai plus de détails tout à l'heure quand le chirurgien reviendra me voir.

- D'accord et tu sors quand ?

- Normalement demain.

Il m'expliqua qu'il y avait des objectifs très précis à atteindre à chaque période. J'avais l'impression d'écouter parler une collègue de ses programmations annuelles. Je savais que la rééducation serait longue mais pas à ce point là. J'espérais vraiment qu'il tiendrait le coup. Il avait prévu d'aller dans un centre de rééducation où beaucoup de sportifs se réunissaient, il y avait tout le matériel et le personnel nécessaire à une bonne récupération. Ils étaient spécialisés pour les sportifs de haut niveau et adaptaient donc les exigences et objectifs.

J'espérais que le fait qu'il se retrouve avec d'autres sportifs lui permette de garder le moral. Le connaissant il allait vouloir donner le maximum tout de suite et serait sûrement frustré en entendant la phrase : « C'est encore trop tôt ». Il n'était pas bête et savait que son corps devait se remettre à son rythme. Cependant, sur la longueur, la patience et la raison pouvaient disparaître.

- Ah ça me fait penser que si ça ne te gêne pas ma mère aimerait venir me voir demain et comme je rentre chez toi...

- Bien sûr, il n'y a pas de problème. Et ça fait tellement longtemps que tu vis chez moi que c'est un peu devenu chez toi aussi, répondis-je en souriant.

Après être certaine que tout allait bien, je me tournai vers le fauteuil pour récupérer le trésor que mes élèves m'avaient confié. En me tournant vers Julien chargé de tous les dessins, il s'écria :

- Qu'est-ce que c'est tout ça ?

- Eh bien mon cher monsieur, sachez que vous êtes une star dans une certaine école non loin d'ici. Et les élèves ont appris que vous aviez un bobo, par conséquent, ils ont fait ceci. Tadam !

Je déposai le tout sur ses genoux. Il observa un à un les dessins. Parfois, il y avait un petit mot que les élèves m'avaient demandé d'écrire. Je vis tout de suite que mon Mr. Juillet était ému. Il avait su toucher le cœur de ces enfants tout comme ces derniers avaient touché le sien. Julien ne savait pas dans quoi il s'était embarqué en acceptant ma proposition et voilà qu'il se retrouvait avec les yeux brillants face à des gribouillages et des prénoms écrits à l'envers.

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