Au coeur du rugby

Première étape

Je m'installai dans la voiture, ma robe remonta légèrement sur mes cuisses mais je ne la remis pas en place. Après tout si je voulais le séduire, ça passait aussi par ce genre de petits détails. J'avais la chance d'avoir des jambes assez longues alors autant mettre mes atouts en valeur. Ce que je n'avais pas prévu fut lorsqu'il passait la vitesse et que sa main effleura ma peau nue. Une onde de chaleur se propagea rien qu'avec un effleurement alors je n'osais imaginer s'il me touchait plus ce que cela donnerait.

Je me tournai vers la fenêtre afin d'éviter de le fixer bêtement pendant tout le trajet. Il tapotait sur son volant en rythme avec la musique qui passait à la radio. Je crus même l'entendre chantonner. Je me mis à le scruter du coin de l'œil pour en avoir la confirmation. Effectivement, il était tellement pris dans la chanson que tout son corps se mouvait et ses lèvres bougeaient. Il s'aperçut que je le fixai moqueusement, il en profita pour augmenter le son de l'autoradio et se mettre à chanter à tue-tête. C'était une chanson rock des années 70, la connaissant très bien également je le rejoignis dans cette séance karaoké improvisée. Nous chantions affreusement mal l'un comme l'autre mais ce fut un instant tout à fait épique. Nous y mettions du notre pour paraître le plus ridicule à force de gestes et de grimaces fort peu attrayantes.

A la fin de la chanson nous étions légèrement essoufflés et totalement hilares. Ce n'était sûrement pas le meilleur moyen de séduire un homme mais c'était certainement le plus agréable. Je me sentis tout de suite à mon aise. Il avait cette chance de toujours être d'un naturel limite déconcertant peu importait la situation. Je lui enviais cette qualité, personnellement j'étais souvent anxieuse et craignais régulièrement d'être jugée en toute circonstance.

Il se gara assez près du restaurant pour que mes chaussures n'aient pas le temps de me faire souffrir. Il posa galamment une main dans mon dos pour me guider. Je fis mine de ne pas être totalement perturbée par ce geste alors qu'intérieurement j'exultais.

Une fois installée à notre charmante petite table dans le coin éclairée par une bougie, il déclara doucement comme pour ne pas briser cette ambiance :

- J'ai toujours entendu beaucoup de bien de cet établissement mais je n'ai malheureusement jamais eu l'occasion de l'étrenner moi-même. J'espère qu'il te convient.

Je fus touchée par son attention, c'était un restaurant assez romantique et tellement chaleureux. J'espérais de tout cœur que la nourriture soit à la hauteur du cadre.

- Je peux d'ores et déjà affirmer qu'il est tout à fait à mon goût, répondis-je timidement.

Tout à coup, cette atmosphère si propice à la séduction m'intimida. Et si c'était une mauvaise idée ? Que ressentait-il pour moi ? Après tout je n'avais rien de bien extraordinaire, j'avais une vie somme toute banale. Je ne faisais rien de particulièrement exaltant.

Il perçut probablement ma soudaine gêne puisqu'il s'attela à converser de choses et d'autres. Depuis que je l'avais rencontré, j'avais été agréablement surprise par sa grande culture générale. Il ne manquait jamais d'anecdotes intéressantes et distrayantes. J'avais légèrement craint au départ de tomber sur un sportif mal-dégrossi qui ne penserait qu'au sport ce qui n'était clairement pas le cas de Julien.

La conversation avait finalement dérivé sur une partie bien plus personnelle, la famille. Son expression se fit encore plus douce et sembla nostalgique.

- J'ai effectivement une grande sœur qui n'a pas toujours été tendre avec moi mais qui m'a appris à me comporter comme un gentleman, du moins j'ose espérer que ces années de tyrannie pure ont porté leurs fruits.

- Oui absolument, je me porte garante pour toi.

Je le pensais sincèrement, il faisait toujours tout pour que je me sente le plus à l'aise possible. Il avait systématiquement ce petit geste de rien qui pourtant faisait plaisir et avait fini par me séduire totalement. Je pris une gorgée d'eau pour cacher mon émoi.