Première approche

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- Enchantée ! Désolée, je... je ne m'attendais pas à ce que ce soit... euh... vous, dis-je embarrassée.

- J'ai cru comprendre, répondit-il amusé.

Je me mis à me tortiller comme une gamine. Pour ma défense, je me préparais à sortir, pas à me retrouver au téléphone avec Mister juillet. Bon, il allait falloir que je reprenne mes esprits, nous allions travailler ensemble pendant plusieurs semaines alors je me devais d'être un peu plus professionnelle.

- Reprenons depuis le début. Comme vous devez déjà le savoir je m'appelle Lucie Moray et je vous remercie infiniment de vous être proposé pour travailler avec moi, déclarai-je d'un ton plus serein.

- Bien que je sois heureux de vous aider, je ne vois pas trop en quoi je peux vous être utile. Notre coach nous a seulement dit qu'une enseignante cherchait un joueur pour intervenir dans sa classe.

- Aucun problème je vais tout vous expliquer. À vrai dire je suis déjà surprise qu'il vous en ai parlé tout court, dis-je amusée. Ce que je vous propose c'est que je vous envoie par mail tout ce que j'aimerais mettre en place et nous aviserons ensemble la tournure que prendront les événements.

- Parfait, je vous envoie un sms avec mon adresse mail et je vous recontacte au plus vite. Je vous laisse enguirlander tranquillement vos amies retardataires.

Je ris et il raccrocha. J'étais tombée sous le charme. Sa voix était assez grave et très chaleureuse, de plus il avait l'air d'avoir de l'humour. On allait bien s'entendre j'en étais certaine. Je remerciai intérieurement l'entraineur d'avoir été si peu enthousiaste lorsqu'il a présenté mon idée sinon j'aurais pu tomber sur n'importe quel autre joueur.

 Je finis de me préparer avec un sourire tellement grand qu'on aurait pu croire qu'une trop grande dose de botox m'avait figé le visage. Je m'arrêtai d'un coup au moment d'ouvrir la porte en réalisant que je venais de parler avec Julien Tellier au téléphone. Je vous vois venir, interdiction formelle de critiquer! J'avais bien sûr déjà réalisé mais c'était un joueur connu dans le monde entier. Du haut de ses 28 ans, il avait une magnifique carrière derrière lui. Il était très discret dans sa vie privée puisque le peu que je savais de la presse people, c'est qu'il n'y apparaissait pas. Bien sur, il y a eu des exceptions comme lors de la coupe du monde où évidemment les magazines se rappelèrent son existence mais au-delà de ça il avait l'air d'avoir une vie tout à fait normale. Je m'étais un peu renseignée sur lui pour vérifier qu'il ne s'agissait pas d'un grand taré violent, les chances étaient minces mais au moins j'avais la conscience tranquille après avoir regardé. Tout ce que j'avais appris c'était son âge, sa taille, son poids, d'où il venait et son parcours sportif. Et franchement savoir qu'il était immense et qu'il pesait une tonne ne faisait que m'intimider encore plus. Je savais également à quoi il ressemblait : à un buffle sexy. Dit comme ça j'en conviens c'était délicat de se faire une image précise. Il était tout en muscle – heureusement pour un rugbyman sinon ça aurait été délicat- brun, peau bien plus foncée que la mienne sachant que je suis rousse c'est difficile de faire plus pâle. Le peu que j'avais vu sur les photos, il avait un sourire franc, sans chichis et était indéniablement photogénique même avec du sang qui coule le long de son visage. Je finis par arrêter de fixer bêtement ou béatement -selon la version qu'on préfère- ma très chère porte d'entrée et je partis rejoindre mes amis.

Je fus surprise par le sérieux de Julien. Oui, je me permettais chez moi de l'appeler par son prénom, ça faisait bien moins pompeux que M. Tellier. Je disais donc que je fus impressionnée par son implication quasiment immédiate. Il a répondu à mon mail dès le lendemain en me suggérant de nouvelles idées en mettant en exergue celles à modifier, etc. À ma plus grande joie, il accepta avec plaisir de venir voir mes élèves, son coach donna le feu vert pour que ma classe assiste un jour à un entrainement, bref j'étais sur un petit nuage. Nous correspondions presque tous les jours par mail avec toujours une petite touche d'humour en plus de l'aspect purement professionnel. Il était totalement investi, je suspectai fortement ce colosse d'aimer travailler avec des enfants parce qu'il me demandait souvent des nouvelles de mes petits monstres. En y réfléchissant, même s'il n'avait jamais vu leur tête, il commençait déjà à bien les connaître. À force de discuter, il m'était arrivé de lui raconter les anecdotes du jour et il en était très friand.

Cela faisait une dizaine de jours que nous élaborions des séances de découverte au rugby. Il m'aidait principalement pour la partie purement technique du jeu, les subtilités à connaître. De mon côté, j'essayais de concevoir quelque chose de plus globale, par exemple, sur les notions de vocabulaires à aborder, comment introduire des règles, comment faire en sorte qu'ils ne se tapent pas tous dessus. Les enfants, tout le monde le sait et si ce n'est pas le cas il suffit de regarder autour de vous, peuvent être aussi mignons que se transformer en terreurs. Et partager les jouets peut sembler irréel pour certains, de plus ils ont tendance, et c'est de leur âge, à être totalement égocentriques. Alors un jeu collectif ce n'est pas évident à mettre en place. Il fallait déjà qu'ils apprennent à se décentrer d'eux-mêmes en regardant évoluer le ballon selon leurs actions puis à jouer contre l'autre avant d'être avec l'autre. Je travaillai donc avec acharnement pour essayer de n'oublier aucune étape. La semaine prochaine ça serait les vacances de Noël et je comptais bien commencer dès la rentrée à tout mettre en application. Je fis part de ma décision à Julien qui sembla encore plus excité que moi.

Nous ne nous étions quasiment pas appelés depuis la première fois, nous n'en avions pas besoin. On se comprenait parfaitement à chaque fois que l'un suggérait à l'autre quelque chose de nouveau. Cependant, je me dis que vu l'aide qu'il m'apportait sur son temps libre et bénévolement, la moindre des choses serait que je l'invite à dîner. Le problème, c'était que je ne voulais pas encore plus lui prendre de son temps alors je n'osais pas vraiment demander. 

Je pris mon courage à deux mains pour finalement rédiger environ une dizaine d'e-mails différents et finir par lui demander le plus simplement du monde s'il accepterait que je l'invite à dîner pour le remercier. Je ne sais pas pourquoi parfois on se mettait à écrire des messages tellement alambiqués qu'à la fin plus personne n'en comprenait le sens. Et le pire dans tout ça c'était que j'étais une experte en la matière. Tout ça pour dire que j'appuyai sur le bouton envoie en me cachant les yeux. J'avais beau avoir 26 ans, il m'arrivait de temps en temps de me comporter comme une adolescente prépubère. Et en toute sincérité, c'était tellement agréable parfois d'agir de façon ridicule, je trouvais ça très libérateur. Je fermai mon ordinateur et partis me coucher en me sermonnant de ne pas vérifier telle une furie s'il m'avait répondu dès que mes yeux s'ouvriront le lendemain matin.

J'ai honte... à la seconde où mon réveil a sonné, j'ai sauté sur mon téléphone. C'est mal... Aucune dignité Lucie ! Le pire dans cette histoire c'est qu'il n'avait même pas répondu. Dépitée, je partis au travail tout en me reprochant mon comportement totalement absurde. Il faisait déjà énormément pour moi et je me permettais de me plaindre parce qu'il ne répondait pas tout de suite à un mail. J'eus une envie soudaine de me gifler et Maxime l'aurait sûrement fait s'il était là. D'ailleurs, il arrivera samedi, j'avais hâte de le voir il me manquait énormément. Il me demandait régulièrement comment tout mon bazar avançait, il avait littéralement hurlé dans le téléphone lorsque je lui avais appris que c'était Tellier mon ange gardien. Il faudrait que je pense à lui demander un autographe de sa part si jamais j'arrivais à le voir pendant les vacances.

Je passai la journée à courir dans tous les sens comme tous les jeudis, à croire que c'était la journée pour les enfants de devenir hystériques. Cela eut au moins pour avantage que cette histoire de dîner s'évapora de mon esprit. 

Je rentrai chez moi et m'affalai dans mon canapé en poussant un soupir à fendre l'âme. Je sortis mon téléphone avec pour objectif de m'abrutir quelques minutes sur les réseaux sociaux. Lorsque son mail s'afficha sur l'écran, mon souffle se coupa.

Je commençai à lire et le premier mot était :

Malheureusement.

Toute déçue je continuai ma lecture :

j'ai un emploi du temps très chargé dans les jours à venir mais j'ai eu une annulation pour demain soir, si vous êtes libre.

Mon cerveau mit un certain temps à assimiler l'information.

- Quoi, demain soir ???

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Pas beaucoup de dialogues dans ce chapitre mais ce n'est que partie remise ! 

Que celles qui aimeraient aller dîner avec un beau rugbyman lève le doigt ;)

Au coeur du rugbyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant