Premier pas

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 Il était sur le point de parler lorsque quelqu'un ouvrit la porte en trombe.

- Ah te voilà ! Tout le monde te cherche, s'exclama un homme d'une quarantaine d'années que je n'avais jamais vu.

Julien soupira en se passant la main dans les cheveux. Gênée, je me tortillai sur le canapé. Il releva la tête, me fit un sourire contrit. Il se leva et me tendit la main pour m'aider à me lever. Je remarquai que ce n'était pas la première fois qu'il faisait ce geste, cela pouvait être uniquement un comportement galant qui tenait de l'automatisme ou comme je l'espérai un geste plus personnel.

- Désolé, la pause est terminée.

- Aucun problème, murmurai-je.

J'étais tellement déçue de ne pas avoir pu savoir ce qu'elle représentait pour lui. Je pris sur moi pour ne rien laisser paraître. Je le suivis en observant ma main dans la sienne. On se lâcha après avoir franchi la porte. Je le regardai marcher devant moi, sa carrure était assez impressionnante vu d'aussi près. Ses épaules étaient larges et solides, son dos dévoilait toute sa puissance. Il incitait au respect, je me sentais en sécurité à ses côtés. Il avait l'air si solide et inébranlable, je sentis mes lèvres s'étirer en un sourire rêveur. J'étais devenue tellement accro que cela en devenait gênant.

À peine après avoir franchi le seuil de la porte que Julien fut totalement accaparé. Je reculai discrètement. Je ne me sentais pas à ma place, tout le monde était si apprêté et surtout ils semblaient tous se connaître depuis une éternité. Je m'éclipsai discrètement vers la partie tribune. Je n'avais pas trouvé Maxime mais un peu de calme faisait le plus grand bien. Il n'y avait plus personne, c'était absolument extraordinaire de voir un si grand stade aussi vide. Je descendis plus bas dans les gradins. Je m'arrêtai à quelques pas du terrain pour regarder autour de moi. Je me sentis minuscule. Ne voyant personne à part ceux qui nettoyaient les tribunes, je me permis d'avancer sur le terrain. La chair de poule apparut sur mes bras, et dire qu'il y a quelques minutes de très grands joueurs foulaient cette pelouse. Une fois arrivée au centre, je m'assis en tailleur et fermai les yeux pour m'imprégner des lieux. Je devais sûrement passer pour une illuminée mais je m'en moquais.

J'entendis quelqu'un s'asseoir à côté de moi. La curiosité me titilla et je finis par ouvrir un œil. Julien était assis dans la même position que moi, alors qu'il avait enfilé des vêtements très je classe tout à l'heure. Ça ne semblait pourtant pas le déranger d'être à même le sol. Nous ne parlions pas, on resta juste l'un à côté de l'autre quelques minutes. Il finit par briser ce doux silence en déclarant :

- Laëtitia est une amie de longue date qui gère également tout l'aspect presse et communication de l'équipe.

Je sentis un poids s'envoler. Un soupir de soulagement m'échappa. Je n'avais pas conscience que cela me pesait encore autant jusqu'à cet instant. Je tournai la tête pour le regarder, ses yeux étaient déjà braqués sur moi. J'avais la sensation que je pourrais le fixer ainsi pendant des heures sans me lasser. Une bouffée de désir me prit tout à coup, je mourrai d'envie de l'embrasser. Il me faisait complètement perdre la raison. J'aimais me dire que l'amour rendait les gens totalement irrationnels ou tout du moins qu'au départ on était capable de faire des choses totalement folles ou incohérentes. Et là cette chose folle serait de l'allonger sur l'herbe pour que je puisse l'embrasser délicatement ou pas d'ailleurs.

- Elle m'a semblé vraiment très sympathique, tu dois avoir de la chance de pouvoir compter sur elle, répondis-je en reprenant mes esprits.

Il acquiesça et me sourit. Un sourire typiquement masculin et incroyablement sexy. On s'observa mutuellement encore quelques minutes, une certaine tension se forma dans l'air. Cependant, ni l'un ni l'autre ne bougea d'un millimètre. Le rouge commença à me monter aux joues, j'étais si gênée d'être tant attiré par lui que je préférai détourner la tête et parler d'un sujet récurrent entre nous.

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