Premier changement

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- Lucie, tu es resplendissante ! Ca me fait plaisir de te voir.

Je souris en la saluant à mon tour. J'avais évité la mère de Julien, lorsqu'il était dans le coma, tant cette rencontre m'effrayait, finalement, il y eut un moment où je ne pus plus l'éviter. Depuis ce jour, nous étions régulièrement en contact, elle et moi. Son fils étant passé par des phases difficiles, je la tenais souvent au courant de ce qu'il se passait.

J'étais allée chercher Julien ce matin à l'hôpital, s'il avait pu, il serait sorti en courant. Son sourire était de retour. Depuis son accident, il s'était renfermé sur lui-même tant son problème au genou le tourmentait. Désormais que l'opération était passée, il n'avait plus qu'à se focaliser sur la rééducation. Il savait déjà que ça ne serait pas facile mais au moins il allait pouvoir agir alors que jusqu'à présent, il s'était retrouvé impuissant. Il marchait donc pour le moment avec des béquilles, fort heureusement ça ne durerait pas.

C'est pourquoi sa mère venait dîner chez nous afin de prendre de ses nouvelles et vérifier que tout allait bien. Marie était une femme solide, d'une incroyable beauté. J'étais toujours sous le charme lorsque je la voyais. Elle s'habillait avec classe mais d'une façon très décontractée. Elle semblait à l'aise peu importe où elle se trouvait. Je l'admirai beaucoup.

Lorsqu'elle vit son fils, elle se précipita vers lui pour l'embrasser sur les deux joues. Julien riait en la voyant si enthousiaste. Nous nous installâmes tous les trois dans le salon pour prendre un apéritif avant de passer à table.

- Alors comment vas-tu ? s'enquit-elle auprès de son fils.

- Mieux. Bien sûr pour le moment ce n'est pas encore l'extase et la rééducation va être très longue mais je me sens nettement mieux maintenant que l'opération est derrière moi.

Je lui attrapai la main pour la serrer contre ma cuisse. Il m'avait expliqué en quoi allait consister sa rééducation et je comptais le soutenir du mieux que je pouvais. Depuis ce matin, il semblait étrangement serein par rapport à tout ça, comme s'il ne s'agissait que d'une broutille. Or la broutille en question allait durer des mois avant qu'il ne puisse ne serait-ce qu'envisager reprendre le sport. Je soulevai sa main, y déposait un rapide baiser avant de jouer la parfaite hôtesse de maison en proposant différentes boissons à notre invitée.

La soirée passa rapidement, Marie m'avait fait pleurer de rire en me racontant à nouveau des histoires sur l'adolescence de mon homme. Même s'il avait commencé le rugby très jeune, il était assez gringalet et avait fait de nombreuses frayeurs à ses parents. Lorsque je le regardai aujourd'hui, si sûr de lui et avec une telle carrure, j'avais toutes les peines du monde à l'imaginer adolescent.

- Je n'en reviens pas que tu te sois effondré juste devant chez toi !

- Que veux-tu, j'étais jeune et surtout très soûl, j'avais la peau sur les os, il ne m'en fallait pas beaucoup...

- Imagine, je sortais tranquillement pour aller au travail et au moment où je passe le pas de la porte, qui vois-je ? Julien endormit sur le pas de la porte les clés à la main. Le pire c'est qu'il dormait si profondément qu'il ne se réveillait pas. J'avais beau l'appeler, rien n'y faisait. J'ai eu tellement peur que je m'étais mise à le secouer comme un prunier jusqu'à ce qu'il émette un grognement.

Je ne pus retenir un fou-rire en l'imaginant dans une telle situation. Il avait bien changé depuis les années lycée, j'espérais ne jamais avoir besoin de le retrouver dans une telle situation. Julien lui riait de bon cœur à ce souvenir.

- Tu l'aurais vue, elle était totalement paniquée, ses yeux auraient pu sortir de leurs orbites tant elle les avait écarquillés. Et moi qui étais encore complètement bourré, j'étais incapable d'aligner trois mots...

Au coeur du rugbyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant