Premier martini

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Je me cramponnai au bras de Maxime comme si ma vie était en jeu. Je regrettais amèrement d'avoir mis ces satanées chaussures. La coquetterie n'avait décidément pas que du bon. Lorsqu'on tremble de tous ses membres, mieux valaient éviter les pantoufles de princesse. Tout ce qu'on y gagnait, c'était de les perdre ou se tordre la cheville.

Nous passâmes assez rapidement devant les vigiles. Maxime racontait tout et n'importe quoi pour me distraire tandis que moi j'avais l'impression mon cœur allait s'arrêter à chaque pas.

- J'espère qu'il reste encore de quoi grignoter... J'ai faim !

- Max, tu as toujours faim. Je suis certaine que Mélodie a gardé quelque chose pour toi.

Il parut soudain bien plus joyeux. Ah les ventres sur pattes, tous les mêmes... Le murmure des conversations commença à se faire plus fort. Je m'arrêtai une dernière fois avant de franchir les portes.

- Prête ?

- Faisons comme-ci c'était le cas, répondis-je avec ce qui était sans aucun doute mon sourire le plus crispé.

Notre entrée passa totalement inaperçue à mon plus grand soulagement. Il y avait énormément de monde ici. Nous repérâmes notre groupe installé un peu plus loin autour d'une table haute. Je fis le trajet sans regarder les alentours. Bien trop effrayé à l'idée de voir Vous-Savez-Qui. Je me doutais qu'il devait y avoir Pauline, Sophia et les autres, cependant, j'étais bien trop farouche pour les chercher. Or, comme j'aurais dû y penser, se furent elles qui vinrent à ma rencontre. Toujours aussi pimpantes, les filles m'accueillirent avec bonne humeur. Elles ne semblaient pas un instant me reprocher le peu de nouvelles que je leur avais données. Elles paraissaient uniquement ravies de me revoir. Je fus touchée par tant de quiétude. Je les enlaçais chacune chaleureusement. Max comprenant que j'étais entre de bonnes mains partit se nourrir.

- Alors, raconte ! Comment vas-tu ?

Je leur fis un résumé avec joie des derniers évènements. Toutefois, je m'interrompis à plusieurs reprises. J'avais sans cesse l'impression de le voir. Je voyais une ombre, c'était lui. Je voyais un homme grand, c'était lui. Il était partout et nulle part à la fois. J'étais totalement paranoïaque. Mon manège ne passa pas inaperçu puisque Pauline finit par m'interrompre en déclarant :

Il n'est pas là. Je ne sais même pas s'il viendra aujourd'hui, désolée.

Comme à son habitude, elle avait dit les choses le plus calmement possible. Elle voulait me préserver. Je lui en étais reconnaissante. Cependant, je n'arrivais pas à savoir si j'étais réellement heureuse de son absence présumée pour le restant de la soirée. Je hochai la tête et continuai mon histoire. Aucune n'évoqua plus la personne qui finalement m'intéressait le plus. J'avais beau faire comme ci tout allait bien. J'avais beau donner le change. Il me manquait cruellement. Je voulais savoir ce qu'il faisait. Je mourrais d'envie de lui parler, de le voir sourire, de le sentir près de moi...

Je finis sans le vouloir par m'enfermer dans cette bulle qui était désormais une seconde peau pour moi. Je n'écoutais plus rien de ce qu'on me disait. Je tentais juste de garder mes sentiments fermés à double tour. Je ne devais pas craquer, pas maintenant.

- Tout va bien, Lucie ?

Je sursautai. Mon sourire automatique se mit directement en place, sans même que j'y réfléchisse.

- Oui. Désolée, je pensais à autre chose.

Elles firent comme si de rien n'était, mais je savais qu'elles n'étaient pas dupes. La sonnerie retentit ce qui nous évita un silence gênant. Elles partirent s'asseoir pour assister au match.

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