Au coeur du rugby

Première séparation

Cela faisait plusieurs jours que Julien était parti pour une série de matches. J'avais décidé de lui faire la surprise de venir le voir dès que je serai en vacances. Bien entendu, à croire que cet homme avait un sixième sens, il m'avait devancée en me demandant si ça me plairait de le rejoindre. J'avais été vraiment très touchée qu'il me le propose mais j'étais également un petit peu frustrée de ne pas avoir pu le surprendre.

Je poussai un soupir à fendre l'âme. J'étais installée sur mon canapé toute seule, à regarder la télévision toujours seule... Même si on ne se voyait pas tous les jours, on passait tellement de temps ensemble que tant de solitude commençait à sérieusement me peser. Par ailleurs, j'avais toujours peur de le déranger alors je me contentais de lui envoyer un message de temps à autres pour avoir de ses nouvelles.

Ce soir, je comptais regarder son équipe jouer. Et finalement, ce n'était pas plus mal que je sois seule. Je devenais complètement hystérique, je me mettais à parler aux commentateurs, j'encourageais Julien et je rouspétais contre ses adversaires. J'étais complètement insortable. Une fois, j'étais quand même allée dans un bar qui retransmettait un match mais bien que l'ambiance était au beau fixe et que toutes les personnes présentes soient de fervents admirateurs du sport, je ne m'y étais pas sentie bien. Le fait d'être en couple avec un joueur me mettait mal à l'aise. Je craignais toujours de faire une gaffe, par conséquent je me forçais à ne rien dire. Ce qui était complètement idiot puisque Julien ne cachait pas qu'il n'était plus célibataire. Cependant, je n'appréciais pas particulièrement me faire remarquer, j'aimais mon anonymat et je comptais bien le conserver.

Maxime m'avait appelée quelques minutes plus tôt, il n'avait pas pu rentrer ce week-end à mon grand désespoir. J'aurais pu regarder le match avec lui et j'aurais même pu en profiter pour vanter mon homme rien que pour le faire enrager. J'avais tout de même profité de son coup de fil pour me faire plaindre, ce qui ne fonctionna qu'à moitié, bien trop habitué depuis le temps à mes pseudos jérémiades.

Le match n'allait plus tarder à commencer. Je me levai pour me préparer un plateau repas acceptable. Alors que j'ouvrai la porte de mon réfrigérateur, mon téléphone sonna.

- Oui ?

J'entendis un soupir d'aise avant qu'il ne se mette à parler.

- Rien que de t'entendre me redonne de l'énergie.

Mon cœur s'arrêta en reconnaissant la voix de mon amant.

- Oui je fais souvent cet effet aux gens, répondis-je taquine. Comment se fait-il que tu puisses me téléphoner si proche du départ ?

- Eh bien... premièrement je suis un rebelle, deuxièmement je me suis faufilé en douce juste pour te souhaiter une bonne soirée parce que je suis aussi super romantique, me répondit-il en riant. Tu as prévu de faire quoi ?

- Oh juste regarder des mecs en short se balader avec un ballon étrange entre les mains. Il n'y a rien d'autres à la télé ce soir de toute façon et j'aime les voir se taper les fesses entre eux...

Comme je l'espérais il se mit à rire de bon cœur. Je ne souhaitais pas le déconcentrer avant son match mais j'avais besoin d'entendre ce rire qui me manquait déjà bien trop.

- Tu ne devineras jamais mais justement tout à l'heure il y a un groupe de mecs sympa que j'ai croisé dans la rue qui m'ont proposé de me rouler par terre et de plaquer des mecs au sol. Ça avait l'air marrant alors je me suis joint à eux. Tu me verras peut-être du coup.

- Alors ça ! Si je m'y attendais ! m'exclamai-je hilare.

J'entendis des voix derrière lui et je supposai que sa petite escapade prenait fin ce qu'il me confirma rapidement.