Premier tourment

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Je ne sais pas comment, mais j'avais réussi à conduire jusqu'à l'hôpital sans provoquer d'accident. Pauline m'avait accueillie dès mon arrivée. Elle me raconta tout de suite ce qu'elle avait vu. Apparemment, il s'était effondré en ayant le ballon dans les mains et ce fut si rapide que le joueur qui allait le plaquer n'eut pas le temps de s'arrêter. Julien s'était donc pris un coup de pied en pleine tête alors qu'il était au sol. Je m'assis à côté d'elle pour attendre le compte-rendu des médecins. Je ne pleurai plus. Je me contentai d'écouter ce qu'elle me disait tout en fixant un point face à moi. Je m'empêchai de penser de peur de m'effondrer à nouveau.

J'attendis dans cette salle d'attente ce qui me parut des heures, jusqu'à ce qu'un médecin nous interpelle. Je me levai pour aller à sa rencontre.

- Madame Tellier ?

- Oui.

Je répondis sans réfléchir bien trop angoissée pour le contredire. Pauline me tenait le coude en soutien et ne prit pas non plus la peine de rectifier.

- Votre mari a un traumatisme crânien, nous avons dû le plonger dans un coma artificiel afin d'alléger la pression sur sa boîte crânienne. Il a reçu un sacré coup au niveau de la tempe lors de sa chute. Cependant, la bonne nouvelle c'est que l'œdème devrait se résorber assez rapidement, nous n'aurons donc pas à le maintenir ainsi très longtemps.

Il continua à parler et à raconter toutes sortes de choses aussi bien sur les effets secondaires que le coup pourrait engendrer que du risque que l'œdème ne se résorbe pas comme ils le pensent et donc d'une possible opération. Je ne voulais pas entendre tout cela. Je voulais seulement voir Julien. Je voulais croire en un rétablissement rapide. Je voulais tout sauf rester là à attendre sans rien pouvoir faire. L'attente était une torture.

- Et pour sa jambe ?

Je remerciai intérieurement Pauline de prendre les choses en main. Je ne sais pas dans quel état je serais si elle n'avait pas été là dès le départ.

- Nous n'avons pas encore effectué d'examen approfondi à ce sujet. Cependant, il semblerait que ce soit son genou qui ait lâché. Si tel est le cas, étant donné la profession du patient, il faudra sans doute l'opérer. Pour le moment, nous devons attendre que la pression sur son cerveau diminue et qu'il se réveille. Vous aviserez pour sa jambe ensuite.

- Quand pourrons-nous le voir ?

- Nous le transférons actuellement dans une chambre, vous pourrez donc d'ici une heure lui rendre visite.

- Merci docteur.

Mon inquiétude augmenta en voyant le visage de Pauline lorsque le docteur avait parlé du genou. A voir sa tête il s'agissait sans doute de quelque chose de sérieux. Et si Julien ne pouvait plus faire de rugby à son réveil ? Je m'affalai sur la première chaise que je trouvai. Faites qu'il s'en sorte, je vous en supplie !

- Tu veux que je prévienne sa famille ?

Je hochai la tête.

- Je n'ai pas leurs numéros. Je ne les ai jamais rencontrés d'ailleurs...

- Ne t'en fais pas, je vais demander à Arnaud. Le match est terminé, ils vont tous arrivés.

Je la laissai s'occuper de tout. Lorsqu'on eut enfin l'autorisation d'aller le voir, je courus quasiment pour le rejoindre. Je m'arrêtai net sur le seuil de la porte en voyant tous les fils qui le reliaient à des moniteurs. Mes larmes refluèrent à nouveau en le voyant dans cet état. Je n'osai l'approcher de peur de faire une bêtise en tirant sur l'un des fils.

Je me décidai enfin à m'asseoir près de lui. Il m'était impossible de quitter des yeux son visage tant je le trouvai changé. Je lui caressai délicatement la joue.

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