Chapitre 18

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Harry

A peine eu-je prononcé ces mots que je le regrettais, vraiment.
Odieux.
J'avais été odieux.
Monstrueux même.
Avais-je vraiment dis ceci ?
J'étais honteux.
Serrant les lèvres, j'observais son expression, puis il tourna les talons, traversant cette fois-ci entièrement la chaussée.
Je l'avais blessé au plus haut point.
Je m'en voulais terriblement.
C'est pour cela que je le suivis, traversant rapidement la chaussée :

- Louis, attends ! m'écriais-je en courant derrière lui.

Mais il accéléra le pas, encore et encore, me fuyant :

- Attends, répétais-je, mon sac tapant dans mon dos à chaque enjambées.

- T'attendre pour quoi ? Pour en prendre une fois de plus plein la gueule ? fulmina-t-il.

Toujours plus coupable, j'étais.

- Qu'est-ce que je t'ai fais, hein ? hurla-t-il presque en passant sa manche de sweat sous ses yeux.

Rien. Il ne m'avait rien fait.

- T'es même pas capable de me répondre! continua-t-il de s'écrier. Mais greffes-toi des couilles, mon vieux.

Puis il tourna une fois encore les talons, me laissant sur le trottoir, penaud, éberlué.
Jamais personne ne m'avait autant remit à ma place : même pas ma mère.
Cela dit, jamais je n'avais traité qui que ce soit..
Pourquoi le traitais-je ainsi d'ailleurs ?
Pour toute réponse, je me remis à courir, puis m'ajustais à sa marche en arrivant à son niveau.

- Je suis désolé, murmurais-je en regardant mes pieds foulant l'asphalte. Je suis désolé, répétais-je plus clairement.

- Pas autant que moi, cracha-t-il en me fixant de ses yeux bleus humides.

J'avalais ma salive, difficilement : je ne savais pas quoi dire.

- Où est le lycée ? demanda-t-il soudain alors que nous marchions côte à côte depuis quelques minutes, silencieux, mes pieds grattant toujours le sol et ses inspirations étant toujours plus fortes les unes que les autres.

- Là-bas, répondis-je en tendant le bras, lui montrant un grand bâtiment en briques.

- Super ! déclara-t-il alors. Là-bas, je ne te connais pas, je ne te calcule pas : tu n'es rien.

Rancunier, il était.
Mais je ne pus contester son choix car il s'avançait déjà plus rapidement vers l'établissement, son jeans et ses vans jurant avec les lycéens, en uniforme, qu'il croisait.
L'uniforme !
Je repartis en courant :

- Tu ne sais pas où tu dois retirer ton uniforme, déclarais-je en ralentissant ma course à son côté.

- Je me débrouillerais.

Il ne prit même pas la peine de me regarder, de bouger ne serait-ce que de quelques centimètres le regard : je n'étais rien, comme il avait dit.
Invisible.

Au pair chez les Styles. [Larry Stylinson]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant