06 - Solitude

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Elle s'invite chez moi quand le soir la vie ne tient plus à moi

Elle entre sans toquer et sors par le feu de la cheminée

Sa figure en cendres affiche un large sourire

Elle sait qu'en quelques mots elle peut te faire périr

Je préfère en rire qu'en pleurer et puis

Depuis tant d'années j'ai plus de larmes elle ont toutes pris la fuite

Je me retrouve seule avec elle et sans discussion

Comme une isolation qui cache le bruit

Ici le silence cache le fruit de mes pertes d'amis

J'entends juste le crépitement des braises

Sa voix single sur le carrelage brûlant

Elle fait tout pour pas que j'sois à l'aise

Pour que je risque ma vie en étant assis sur mon fauteuil

Elle se fait couler un verre de cyanure qu'elle ingurgite sans bavure

Elle m'en propose puis retire son offre

Victime de bravoure j'ai fais trop de bavures

Elle me prend les joues comme pour un baiser et regarde son reflet dans mes yeux brûlants

Elle s'admire et se dit qu'elle résiste bien au temps

Malgré tout ce que la joie lui a infligé

C'est elle la gagnante en cette longue soirée

J'entends son rire qui fait même pâlir les murs

Et cette horrible figure qui chante sans se soucier de mes blessures

Je tolère sa présence parce que j'sais que ça sera la dernière à me côtoyer

La dernière à m'entendre respirer

Elle pose son oreille sur mon torse et elle entend mon coeur

Battre de tout son entrain pour essayer de me sauver de mes étreintes

Mais autant vouloir ranimer une bougie éteinte

Ma cire coule le long de mes joues

Ma bouche se déforme vers le bas

Et mes yeux se noient

Elle, elle m'admire dans mon canapé

Depuis mon siège arrière elle pose sa main sur mon épaule

Dans la nuit noire je transperce la brume

Les plumes me portent

Ma voiture vole pour la première fois sans aide et dans de beaux draps

Et je la vois elle, faisant des bulles avec sa bouche

Pendant que moi je défait ma ceinture

Histoire d'être confortablement installé

Pour le moment où la solitude se sera décidée à m'embrasser

Pour achever son œuvre et faire couler mes longues heures de torpeur dans un ciel teint de milles frayeurs

BDR.

Des règles et des humainsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant