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J'en ai putain de marre d'être indécise dans mon esprit, pourquoi Peter agit ainsi ? Il m'énerve à un point c'est dingue, on dirait qu'il ne sait pas ce qu'il veut et d'un côté moi non plus. Cette situation est en train de me faire perdre les pédales.

P : - Encore là ?

- Encore et toujours, faut dire que tu m'as laissé sur ma faim, pestai-je légèrement sous tension.

Je me retourne et décide de lui faire face, pourquoi doit-il être incroyablement beau à chaque fois que je l'affronte ? Est-ce que je suis amoureuse de lui ? Peut-être bien, mais en tout cas je ne suis pas aveugle et j'ai encore toute ma tête.

P : - J'ai bien réfléchi, et c'est d'accord. Il humecte ses lèvres quelques instants, à condition que tu restes avec moi pour toujours.

Je ris jaune. Il est vraiment l'elfe vert idiot du village qu'il pense être. C'est à cause de lui que je me retrouve prisonnière de l'île, il m'a fait gardienne de cette dernière ne s'en souvient-il pas ? Ca aurait pu me mettre du baume au cœur d'entendre ça de sa part, mais le fait qu'il m'ai condamné à quatorze ans de rester sur l'île a jamais à ses côtés me rends un peu énervée. C'est loin d'être une question.

- Tu sais très bien que je n'aurais pas d'autre choix, de toute manière. Si tu m'écoutais des fois au lieu de m'embrasser et de partir sans demander ton reste.

Marre et marre de ce merdier ! Marre de l'île imaginaire, marre de Peter, marre des mecs qui croient que vous êtes des jouets. Je ne suis pas d'humeur à jouer, je passe mon tour pour cette fois.

P : - Tu es énervé parce que je t'ai embrassé ? Pourtant tu avais l'air de prendre ton pied.
- Ça me fait une belle jambe ce que tu penses.

Je soupire en voyant que j'ai hérité des blagues merdiques de mon paternel. Bordel.

- Je suis énervée de ton comportement, dévoilai-je en pointant mon doigt contre son torse pour le désigner. Tu m'exaspères voilà tout ! Tu n'as pas le droit de m'embrasser et de t'en aller comme bon te semble. C'est pas comme ça que ça se passe et encore moins avec moi.

Il roule des yeux. Ce geste accentue mon énervement car à ce que je sache, c'est une gestuelle banni chez lui. Comment ose t-il rouler des yeux devant moi alors qu'il m'a privé de la vue parce que je le faisais ! Il n'y a pas de volcan sur l'île imaginaire, mais on dirait bien qu'il y a un début à tout parce que je suis en train de fulminer !

Il fait un pas vers moi pour coller son corps au mien, à croire que l'attraction physique est plus forte que tout. Il presse à nouveau ses lèvres contre les miennes et ça enlève toutes pensées négatives. C'est comme si une bulle se formait autour de nous à cet instant. Une bulle que je ne voudrais éclater pour rien au monde.

Il se détache de moi après avoir déposé baiser sur mon front. Sa main se déplace au creux de ma taille me donnant des frissons étranges dans l'estomac.

P : - Je suis toujours là.
- Tu voudrais que je t'applaudisse ?

Pour simple réponse, il m'embrasse à nouveau et je sens son sourire qui se dessine sur ses lèvres. Monsieur devient confiant et demande accès  ma langue en me mordillant la lèvre inférieure. J'accepte.

Je ne sais pas ce qui se passe. Je ne sais pas si ces baisers vont devenir fréquent. Je ne sais pas ce que nous sommes ni même comment nous décrire. Peut-être qu'il n'y a rien à décrire. Ni Peter, ni moi sommes des romantiques, peut-être que ce n'est que passager, ou peut-être que durant mon éternité de vie à passer ici nous ne formerons plus qu'une seule et même personne.

Je me détache de lui brutalement, me rappelant que de base j'étais en colère contre lui. Je m'allonge sur son lit pour trouver du réconfort, emmitouflée sous la couverture épaisse. Un poids s'enfonce sur le matelas à côté de moi. Il est la.

Je suis exténuée, fatiguée, crevée et tout ce que vous voulez entendre, mais en tout cas je veux juste dormir.

Mon soupir libère la pièce du silence et je me place sur le côté, serrant le coussin de Peter par la même occasion. Il a son odeur. Il enroule ses bras autour de ma taille pour me serrer tout contre lui, bien au chaud. Il niche sa tête dans mon cou et pour une fois je me laisse attendrir par ces gestes d'amour que je détestais tant auparavant, je me laisse me faire aimer sans crainte. Grandir avec des pirates ne vous fait en aucun cas éprouver ce sentiment, c'est si superficiel. Mais avec lui, tout est différent. C'est comme ci je me découvrais à nouveau, que j'inspectais toutes les facettes de ma personnalité, comme ci toutes mes croyances n'existaient plus. Il sème le trouble dans mon esprit et d'un côté, je déteste ça. Je déteste être dans l'ignorance de ma propre existence, de mes propres besoins, de mes envies les plus enfouies en moi.

- Combien de temps te reste-il ?

P : - Deux jours, c'est pour ça qu'il nous faut agir dès demain.

- Ce fameux coup d'avance, hein.

Demain. Le fin mot de l'histoire se déroulera demain. Je n'ai plus beaucoup de temps pour faire mes adieux à mes proches, ce qui m'arrache le cœur. C'est bien trop tôt.. Je suis dans les bras du garçon qui détient l'intégralité de mon être et pourtant, je ne me suis jamais sentie aussi perdue et vulnérable. J'ai du mal à réaliser que je ne verrais plus mon père. Je commençais à peine à accepter les nouvelles conditions de ma vie, accepter Emma.

Je m'endors la mort dans l'âme en laissant quelques larmes couler silencieusement et mouillant l'oreiller de l'elfe. Demain sera décisif. Suis-je prête à perdre l'espoir qui avait réussi à semer sa graine au fond de moi ?

Cette épée de Damoclès au dessus de ma tête n'a de cesse de descendre au fur et à mesure que les grains du sablier s'écoulent au fond de sa prison de verre. Vais-je au moins survivre ? Que dis-je.. Une part de moi mourra dans tous les cas sur cette île.


(song : Iwan Rheon : Sink)


W I C K E D (Peter Pan)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant