La rencontre

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Je sais que j'aurais dû être plus prudente. Mais la journée avait si bien commencé.

Maman m'avait réveillée en me caressant doucement la joue, et j'avais ouvert les yeux pour voir apparaître son sourire. Elle m'avait dit qu'il était temps de me lever et m'avait dit de de venir prendre mon petit déjeuner.

J'étais descendu au rez-de-chaussée après m'être rapidement habillée et l'avait trouvée en train de me préparer des pancakes avec du bacon et des œufs brouillés. C'était donc ça la délicieuse odeur que j'avais senti en descendant les marches... J'ai toujours adoré les petits déjeuners américains.

J'avais froncé les sourcils, ne comprenant pas pourquoi j'avais droit à cette petite surprise.

Elle avait aperçu mon étonnement et m'avait expliquée que c'était pour la bonne note que j'avais reçu la veille. Je lui avais souri tendrement. Pour maman, chaque occasion était bonne pour me faire plaisir. Je l'avais embrassée avec bonne humeur et m'étais attaquée à mes pancakes au sirop d'érable.

Papa m'avait surpris quelques minutes plus tard et j'avais sursauté alors qu'il m'ébouriffait les cheveux avec espièglerie. Quand il avait compris qu'il m'avait fait peur, il m'avait embrassée sur le front en s'excusant.

Je ne lui en avais voulu, un rien me faisait sursauter de toute façon.

J'avais déjeuné avec appétit, alors que les rayons du soleil dans un ciel sans nuage filtraient à travers les fenêtres ouvertes.

Les oiseaux passaient devant la vitre, allaient se poser sur l'abri que nous leur avions construit pour l'hiver, papa et moi. Je devinais qu'ils étaient certainement en train de chanter.

Maman avait regardé la pendule au-dessus de la table du salon et m'avait fait les gros yeux.

J'avais suivis son regard et compris le message : finis de traîner, il est temps d'aller se préparer.

Je lui avais fait un clin d'œil, ce qui l'avait fait sourire. J'adorais voir ma mère sourire.

J'avais croisé papa dans l'escalier, un journal sous le bras, habillé de son habituel costume gris et de sa cravate noire. Il m'avait souhaité une bonne journée et je lui avais répondu.

En rentrant dans ma chambre, j'avais perçu des petits mouvements près de mon lit.
C'était ma petite sœur, Alice, qui furetait dans la pièce. Je l'avais surprise à se cacher sous mes draps.
Avec un sourire amusé je m'étais approchée à pas de loup et avais sauté sur le lit en prenant soin de ne pas atterrir sur la petite boule pelotonnée sous les couvertures.
J'avais soulevé les draps et lui avait fait des chatouilles. Elle avait ri aux éclats, ses dents de lait brillant comme des petites perles.

Après s'être calmée, elle s'était levée comme elle avait pu et avait passé ses bras autour de mon cou. Ses petites boucles blondes avaient effleurées mon nez, me donnant envie d'éternuer.

Elle s'était reculée et avait planté un gros baiser mouillé sur ma joue, avant de me baragouiner quelques mots.

J'avais plissé les yeux. Avec Alice il me fallait faire un effort pour comprendre.

-Maman veut que j'aille à l'école mais moi je veux pas. J'ai peur des garçons méchants. Loulou, vas lui dire que je veux pas !

J'avais senti mes traits s'adoucir. Du haut de ses trois ans, ma petite sœur arrivait à me faire totalement craquer. Elle avait gardé ses bras autour de mon cou, une moue triste sur le visage. Ses grands yeux bleus, de la même couleur que les miens, étaient fixés sur mon visage, pleins d'espoirs.

Je m'étais levée et lui avait fait signe d'attendre.

Elle s'était rassise sur mon tapis, un sourire satisfait sur les lèvres, et s'était mise à jouer avec les peluches qui jonchaient le sol.

Moi, Louanne, DifférenteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant