Théo

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Tout d'abord je crus que j'avais mal lu sur ses lèvres. Peut-être avait-elle dit complètement le contraire et que j'avais mal compris ?

S'apercevant de mon trouble et mettant définitivement fin à mes divagations, elle me saisit par les épaules et me mit sur mes pieds. Je me raidis, tétanisée par la surprise.

-Mais... mais Nala... réussis-je à balbutier.

-Il n'y a pas de « mais, mais Nala » qui tienne ! Tu t'attendais à quoi ? Tu l'as voulu ce rendez-vous, tu l'as ! Tu l'as attendu ce message ? C'est bon aussi. Alors tu ne vas pas tout gâcher en jouant la mijaurée ! Il est 18h30, tu as rendez-vous dans une heure, et il faut bien un quart d'heure pour aller à Bègles. Il faut que tu sois partie à pile, grand max.

J'ouvris la bouche pour protester, mais elle était déjà à l'autre bout de ma chambre et se mit à farfouiller dans mon dressing. Elle marmonnait toute seule dans sa barbe, et je dus me mettre en face d'elle pour comprendre ce qu'elle disait :

-Non pas celui- là... celui-ci non plus. A voilà, ça c'est parfait.

Elle sortit un jean slim d'une étagère ainsi qu'un petit top blanc en soie.

-Voilà, ce n'est pas trop habillé, mais c'est aussi chic. Comme ça tu seras classe tout en jouant la carte de l'indifférence. Il ne faut pas l'effaroucher, le mignon.

Elle se déplaça à la vitesse de la lumière et attrapa ma trousse de maquillage qui trônait sur une étagère. Je sentis l'excitation et l'adrénaline se mêler tout à coup à la tension.

-Une douche n'aurait pas été du luxe mais on n'a visiblement pas le temps et puis ça éveillerait l'attention de tes parents... tes parents ! Par tous les saints du paradis, j'ai failli oublier.

Elle me poussa sans ménagement vers la porte de ma chambre. Elle se plaça finalement devant moi pour que je puisse lire sur ses lèvres.

-On ne peut pas te maquiller et t'habiller tout de suite ! Tu vas d'abord descendre et tu vas leur dire que tu ne veux pas être dérangée.

-Mais... mais quelle excuse je leur donne ?

Elle chassa ma question d'un geste de la main.

-Je n'en sais rien, moi ! Dis-leur que tu as des nausées, que tu as tes règles ou que tu as décidé de dormir à poil, que sais-je ! Débrouille-toi juste pour qu'il ne monte pas te dire bonne nuit !

Elle me poussa et je dévalai l'escalier, me demandant dans quel pétrin j'étais en train de me fourrer.

Mes parents étaient en train de regarder la télévision et le son devait être assez fort parce qu'ils n'avaient pas entendu ma dégringolade. J'inspirai profondément et m'avançai dans le salon en ménageant un sourire contrit. Mes parents se tournèrent en même temps vers moi, la même expression inquiète peinte sur le visage.

Ils se levèrent aussitôt.

-Boucle d'Or, ça va ? Tu ne te sens pas bien ?

Ma mère avait l'air vraiment inquiète et je m'en voulus d'avance pour le mensonge que j'allais leur servir.

-Non, non, je vais bien mais je...

-Tu ne devrais pas descendre les escaliers toute seule, Boucle d'Or, m'interrompit mon père. Tu es encore faible. Où est Lionne Noire ? Elle aurait pu t'aider.

Je cherchai rapidement une excuse.

-Je... elle est partie.

Ma mère haussa les sourcils de surprise.

Moi, Louanne, DifférenteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant