Retour au bercail

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-Oh, ma chérie ! Comme tu es belle ! Tu es resplendissante, regarde-toi !

Ma mère me tournait autour avec excitation, tout en me serrant convulsivement dans ses bras toutes les trois secondes. Ma petite sœur était accrochée à ma jambe depuis que j'avais ouvert la porte et je tentai avec difficulté de m'introduire dans ma maison sans m'écrouler.

En plus, je traînais une énorme valise qui avait perdu une roulette quelques minutes plus tôt.

Comme je n'avais pas les mains libres, je fis les gros yeux à maman et elle comprit immédiatement. Elle était la seule à me comprendre grâce à un seul regard.

-Oh, pardon ma chérie, répéta-t-elle. Alice, lâche ta sœur, elle doit se mettre à l'aise.

Elle attrapa ma sœur par la taille, qui ne se rendit pas sans combattre.

Après une bonne minute de cris et de bousculade, je pus enfin me frayer un chemin jusqu'au salon. Je lâchai tout d'un coup et pris ma petite sœur trépignante dans mes bras. Elle me serra très fort et ne bougea plus.

J'en profitai pour m'approcher de ma mère qui me souriait de toutes ses dents.

-Dis-donc ! Le soleil te réussit ! Tu es toute bronzée, et tes cheveux ont éclairci. Alors, raconte-moi !

Elle fronça les sourcils à l'adresse de ma petite sœur :

-Alice, tu ne voudrais pas te décoller d'elle deux minutes ? On pourrait lui demander comment étaient ses vacances.

Je sentis le souffle chaud de ma sœur contre mon oreille. En voyant ma mère rouler des yeux, exaspérée, je compris qu'elle avait répondu par la négative.

Je testai sa force d'attraction en la lâchant sans prévenir. Elle resta fermement vissée à mon corps. Je faisais une nouvelle tentative, en la poussant à bouts de bras.

Elle ne bougea pas d'un micromètre. Ses jambes enroulées autour de ma taille me faisaient l'effet d'un étau de fer.

Outch ! Incroyable ! Elle avait mangé du lion durant mon absence, je ne voyais pas d'autre explication.

Maman changea de technique d'approche. Elle sourit malicieusement et croisa les bras :

-Alice, tu ne devais pas dire quelque chose à Loulou quand elle rentrerait ? Tu sais bien que les bras entourée autour d'elle comme ça, tu ne pourras pas.

Je sentis ma petite sœur se raidir contre moi, puis hésiter une petite seconde. Elle dénoua finalement ses jambes de ma taille et je pus enfin prendre une inspiration profonde.

Elle sauta à terre et me sourit fièrement en passant une main sur son ventre, avant de la tendre vers moi, paume vers le haut, dans un geste maladroit, et qui pourtant me serra le cœur de bonheur.

-Je t'aime.

Elle continua sur sa lancée et me dit, avec quelques erreurs, que je lui avais manquée.

Je la pris dans mes bras et la serra encore plus fort qu'elle un peu plus tôt.

Elle me prit ensuite la main et me tira vers les escaliers.

-Viens, Loulou, je vais te monter tout ce que maman m'a appris. Et ma maîtresse de langue des signes elle m'a donné plein de livres pour que je m'entraîne, avec même l'alphabet !

Je souris tendrement en voyant les efforts qu'elle faisait, à tout juste quatre ans, pour communiquer avec moi.

Maman dut appeler Alice, car celle-ci se retourna, sur ses gardes. Je l'imitai et vis maman secouer la tête de en souriant.

Moi, Louanne, DifférenteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant