Avachi sur le canapé, Arsène regardait la télévision d'un air morne, d'un œil vide. Il était vingt heures, c'était l'heure des infos. Le JT avait déjà commencé depuis quelques minutes mais mes actualités ne l'intéressaient pas. Il ne les écoutait pas. On aurait dit qu'il déprimait. C'était un peu le cas.
La journée avait été aussi affreuse que la soirée du jour précédent. Un silence pesant avait régné sur tout le chalet avant qu'il ne parte à l'université. Victoria avait été la première à rentrer la veille, elle s'était forcément épanchée sur leur dispute sans que lui-même, encore absent à ce moment-là, ne puisse donner sa version des faits. Arthur, tout comme sa sœur, n'avait que très brièvement parlé à Arsène lorsqu'il avait fini par revenir. Il ne semblait pas cautionner la façon dont il avait agi. Ça n'avait rien d'étonnant car lui-même ne comprenait pas sa réaction. Josh n'avait pas été plus loquace mais ça, ça faisait quelques jours que ça durait. Il y avait bien eu sa grand-mère qui avait tenté d'engager la conversation mais il n'était pas d'humeur à s'épancher comme Victoria, ou même simplement à parler.
A l'université, il se rendit compte que Marianne était absente. Ça aussi, ça n'aurait pas dû l'étonner. Il avait été ignoble aussi bien avec Victoria qu'avec Marianne. Comme il se sentait entièrement fautif dans la dispute de la veille, il pensait que Marianne n'était pas venue parce qu'elle lui en voulait, qu'elle ne voulait pas le voir. Ça ne faisait qu'ajouter un peu plus de culpabilité sur ses épaules. Une culpabilité qu'il s'infligeait tout seul.
Il avait été seul toute la journée. Inutile de vouloir aller voir Victoria qui, d'ailleurs, à chaque fois qu'elle l'avait croisé, était toujours entourée de nombreuses amies comme pour souligner encore un peu plus sa propre solitude. Etait-ce des amies ou des profiteuses ? Arsène n'avait pas eu le temps ni ne voulait se poser la question. Il n'avait vu là qu'une chose : Vicka était bien entourée, lui était abandonné.
L'idée de s'incruster dans un autre groupe d'étudiants lui était venue à l'esprit mais il s'était bien vite rappelé qu'il ne connaissait presque personne à part Marianne.Il avait essayé de l'appeler, toute la journée, simplement pour savoir pourquoi elle était absente. Peut-être aussi pour s'excuser, s'il avait la force de se repentir. A y repenser, il reprit son téléphone en main, machinalement. Il l'alluma pour s'assurer, alors qu'il en avait déjà la certitude, que Marianne ne lui avait pas laissé un message lui expliquant tout. Rien. Le silence radio depuis plus de vingt-quatre heures. D'un air morne, il fixa l'écran qui finit par s'éteindre au bout d'une trentaine de secondes. Pourtant son regard n'en décrochait pas. Il réfléchissait, comme avant, comme pendant toute la journée. Les mêmes questions tournaient en boule dans sa tête. Sans arrêt. Ça le rendait fou.
Lentement, son doigt glissa à nouveau sur le bouton de marche de son smartphone. Il l'enfonça et toujours du même air vidé, vit l'écran s'illuminer à nouveau. Il souffla longuement tandis qu'il le déverrouillait et composer le numéro de Marianne pour la énième fois en quelques heures. Il mit le haut-parleur car il n'avait même plus la force de porter son téléphone à oreille car, au fond de lui, il savait qu'il n'entendrait que le répondeur.Plus les longs bips du téléphone s'enchaînaient, plus le mince espoir qu'une partie de lui avait encore s'effritait. Il faillit perdre patience quelques instants avant de tomber sur le répondeur. Il se préparait à raccrocher mais s'abstint, voulant peut-être sûr ou alors entendre la voix préenregistrée de son amie encore une fois. Il attendit une seconde de plus, la bonne seconde.
- Oui allô ?
Ses yeux s'écarquillèrent de surprise et il parut revivre. Contrastant avec sa lenteur précédente, son doigt fila sur l'écran pour désactiver le haut-parleur. Il portait le téléphone à l'oreille avec un espoir retrouvé. Néanmoins, son ouïe de loup lui avait déjà confirmé qu'il ne s'agissait pas de Marianne. Le timbre de la voix était relativement similaire mais toutefois différent. Même un humain l'aurait su. Il devait pourtant savoir.
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Versipellis - L'héritier de la Meute
WerwolfArsène est l'héritier de l'un des sept Clans qui règnent sur la société des Loups garous. Oui mais voilà, il ne s'intéresse pas à la politique du Clan et ne souhaite pour rien au monde succéder à son grand-père. Pour remédier à cela, son Alpha d...