Chapitre Vingt-et-un

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La salle dans laquelle attendait Marianne était éclatante. Les rideaux étaient tirés mais malgré ça, la lumière blanche y affluait abondamment. Elle en aurait presque eu mal à la tête. Les néons brillaient et leur lumière se réverbérait sur le mobilier entièrement blanc de la salle. Il en était de même pour un tableau lumineux qui était allumé même s'il n'accueillait pas de radios.
Depuis son agression, elle ne se sentait pas bien et était suivie par un psychologue. Stress post-traumatique, c'était ce qu'on lui avait diagnostiqué mais ça faisait deux semaines et elle n'avait pas l'impression que les symptômes qu'elle ressentait en soient tous des conséquences. Arsène lui avait dit de ne pas s'inquiéter. Dans les premiers temps elle avait voulu le croire mais de plus en plus souvent elle se réveillait les nuits pour vomir. Avait-elle attrapé un virus lorsqu'elle était allongée au sol, dans cette rue, à attendre les secours ? Elle avait cru ça au début mais comme ça empirait, sa mère l'avait emmenée à l'hôpital pour avoir un diagnostic. Voilà pourquoi elle était là, dans cette salle. Elle avait effectué plusieurs analyses et examens les derniers jours et on lui avait donné rendez-vous aujourd'hui pour le verdict, qu'elle redoutait sans trop savoir pourquoi.
Sa mère était avec elle, assise sur une chaise contre le mur. Lorsque Marianne la regardait, elle lui souriait comme une mère aimante mais surtout elle lui redonnait un peu d'espoir. Madame Haennel n'avait pas besoin de dire quelque chose. Son regard bienveillant suffisait à lui seul à rassurer sa fille. Ce fut d'ailleurs lorsque Marianne rechercha une nouvelle fois son soutien que la porte s'ouvrit sur le médecin en blouse blanche (encore quelque chose d'éclatant dans cette pièce) ainsi que sur un homme qu'elle n'avait jamais vu et qui détonnait par son costume noir parfaitement ajusté. Il n'y avait pas besoin d'en demander plus pour savoir qu'il n'avait rien d'un médecin. Il avait plutôt l'air d'un homme d'affaire, avec son costume, sa barbe bien taillés et ses cheveux rejetés en arrière. Marianne se demanda ce qu'un tel homme pouvait bien faire ici mais le docteur Schmidt lui apporta la réponse rapidement en lui adressant un sourire bienveillant.

- Je vous présente Monsieur Barclay. J'ai requis son expertise à votre sujet.

Malgré le bonjour cordial et le sourire que lui adressait l'intéressé, Marianne tiqua sur un point que sa mère s'empressa de soulever. Elle aussi avait prêté attention au fait que le médecin le présente en tant que "monsieur" et non "docteur".

- Vous n'êtes donc pas docteur ?

L'homme s'avança vers elle, une expression à mi-chemin entre la contrariété et la délectation, toujours avec son sourire figé.

- Je le suis, madame. Toutefois pas en médecine. Je suis détenteur d'un doctorat en biologie cellulaire et moléculaire.

- Mais qu'est-ce ç'a à voir avec moi ? demanda Marianne soudainement paniquée par l'évocation d'un tel titre.

- Tout, ma chère.

Barclay s'était retourné rapidement vers elle tout en faisant un léger signe de tête au Docteur Schmidt qui s'avança pour présenter un document à la jeune femme. Il s'agissait du compte-rendu d'une analyse. Le docteur s'expliqua :

- Nos analyses ne nous permettent pas de conclure sur l'une ou l'autre pathologie. Toutefois, elles nous ont permis de dire que votre maladie touche vos cellules ou du moins leur fonctionnement. Nous n'avons pas les moyens ici d'effectuer d'autres examens complémentaires. Alors j'ai fait appel au docteur Barclay.

- Je dirige un laboratoire de pointe en recherche génétique, ici à Genève. Je possède les infrastructures nécessaires pour ces analyses et me propose de les mettre à disposition du docteur Schmidt. Néanmoins, ce sont des dispositifs inamovibles.

- Ca veut dire que je vais devoir aller là-bas ?

- Tout à fait, Marianne, reprit le médecin qui sembla hésiter sur la suite. Toutefois nous ne savons pas combien de temps cela pourrait-il prendre. Du coup j'ai bien peur que ça ne fasse pas en un jour. De plus, Monsieur Barclay voudrait vous garder en observation et je le rejoins sur cette idée.

- Et vous serez sur place pour mener ces examens ? demanda froidement la mère de Marianne.

- Je dois avouer que Monsieur Barclay a bien plus d'expertise dans ce domaine que moi. Je ne serais donc pas en permanence sur le site mais je serais là pour quand il le faudra. Sachez que j'ai toute confiance en Monsieur Barclay. Il saura trouver ce que votre fille a, croyez-moi.

Marianne se tourna à nouveau vers sa mère pour trouver son soutien. Elle avait beau être majeure et avoir le droit de prendre les décisions, elle préférait s'en remettre à sa mère car l'âge donnait de l'expérience et surtout parce qu'en ce moment, elle ne savait pas quoi penser et avait peur. Elle savait que si sa mère prenait une décision, ce serait pas bonne.

- Il faut que nous y réfléchissions, trancha-t-elle sur un ton aussi accablé que celui de Marianne.

- Bien sûr, cela va de soi. Néanmoins n'oubliez pas que ça peut être grave. Vous ne devez pas trop tarder à vous décider.

Madame Haennel acquiesça faiblement et se leva.

- C'est tout, donc ?

Le médecin lui indiqua que oui et qu'elles pouvaient y aller. Marianne n'attendit pas plus longtemps pour sortir de cette pièce qui l'oppressait mais lorsqu'elle passa la porte, Barclay lui tendit sa carte de visite. Il y avait l'adresse de son laboratoire ainsi qu'au dos, un numéro de téléphone.

- Si vous avez la moindre question, n'hésitez pas à appeler. Ma secrétaire ou moi-même répondrons à toutes vos interrogations.

Marianne hocha la tête et prit la carte. Puis elle fit volte-face pour sortir le plus rapidement de l'hôpital. Sans savoir pourquoi, elle avait une irrépressible envie de pleurer.

- Un petit chapitre qui fait froid dans le dos, non ? Qu'est-ce que Barclay peut bien vouloir à Marianne ? °w°-

Versipellis - L'héritier de la MeuteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant