Chapitre Trois

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Fin prêts, Arsène et Josh finirent par descendre le grand escalier pour assister au début des festivités. Si l'amérindien s'imaginait pouvoir entrer tout de suite dans la salle de bal, il se trompait. Ils n'avaient pas encore atteint le bas de l'escalier que déjà on les interpellait. Enfin, seulement Arsène. Même avec son meilleur ami, des fois, Josh avait l'impression de passer inaperçu. Mais au fond de lui il savait que ça n'allait pas être autrement ce soir. L'héritier le laissa donc faire son entrée dans la salle seul et alla saluer Elizabeth de la meute des Grands Lacs, la sœur de sa grand-mère. Cette meute était un allié important pour les Eyriss et leur amitié de toujours n'a été que renforcée par le mariage entre l'Héritier de l'époque et l'ainée de la meute, James et Alya. Il était facile de croire qu'il s'agissait d'un mariage arrangé mais c'était peut-être l'une des seules choses qui distinguaient les loups des hommes. Ça n'existait pas. Les loups partaient du principe que pour qu'une alliance et un mariage fonctionnent, il devait y avoir une vraie relation derrière. Ainsi, l'honneur que faisaient les Eyriss à ceux des Grands Lacs était d'autant plus grand que James et Alya s'aimaient vraiment.

Mais aujourd'hui, il y avait tellement de monde venant de tellement de meutes à travers le continent que Josh en perdait déjà le compte. Il passa les portes de la salle et observa aussi bien les gens que le décor. Il n'était peut-être pas capable de se transformer en loup mais néanmoins, il gardait leurs impressionnantes facultés. Il voyait mieux, entendait mieux, sentait mieux aussi. Et rien que cela le différenciait des humains normaux. Mais pour les loups, l'amalgame était trop simple. Il ne pouvait pas changer de forme, il était donc un simple humain. Mais heureusement ce soir, il s'agissait d'une soirée mondaine où personne ne laisserait sa nature lupine apparaitre. Ce soir, il était noyé dans la masse et ça ne le dérangeait pas tant que ça.

Josh ne savait pas trop s'il devait attendre Arsène ou s'il n'allait le voir que très rarement durant la réception. Après tout, le loup blanc avait des obligations et lui non. L'amérindien décida donc de se mêler aux invités et d'essayer de trouver quelqu'un avec qui il pourrait avoir une discussion qui ne tournait pas autour de son infirmité.
Il se dirigea vers le buffet installé près d'un mur de la salle et, un toast à la main, se prit à s'émerveiller devant l'immense tapisserie d'aspect médiévale qui ornait le pan de mur. Il avait beau vivre ici, ce tableau ne cessait de l'impressionner. Il dépeignait un combat que tout le monde ici connaissait. Ils étaient trois ce jour-là pour un duel épique. D'un côté surplombés par la Croix catholique se dressaient deux loups, l'un gris, l'autre blanc qui, côte à côte, combattirent un troisième bien plus imposant et menaçant. Son pelage était noir d'encre et ça et là des touches de couleurs figuraient du sang sur sa fourrure. La tenture était simple mais lourde de sens. Elle représentait l'ultime combat d'Eyriss, le fondateur du Clan, le loup blanc. A ses côtés se tenait Adriel, son fils, ancêtres de tous les alphas jusqu'à aujourd'hui et d'Arsène. Le loup noir, l'histoire n'en retenait d'un nom que l'on prononçait à demi-mot. Gévaudan. Lui aussi avait été le fils d'Eyriss mais d'horribles crimes l'ont éloigné à jamais de sa Meute. Son frère l'a pour la première fois appelé ainsi lors de ce combat à mort car c'était lui qui avait commis la série de massacres dans le Gévaudan. Il n'avait pas non seulement assassiné des femmes et des enfants, il s'en était aussi pris à des membres de l'Eglise. Et pour éviter que le Pape ne relance l'Inquisition contre les Loups garous mais aussi pour rétablir l'honneur de sa famille, Eyriss se lança à la poursuite de son fils. Mais Gévaudan fut bien plus fort que lui et le tua sous les yeux de son frère qui, fou rage, parvint à en finir et à tuer l'horrible Gévaudan.

Cette tapisserie était là comme une commémoration mais aussi un avertissement. Elle rappelait à tous ceux qui la voyaient que la trahison n'était pas envisageable car un loup seul est un loup mort. Mais elle avertit aussi sur l'importance de l'Eglise. Bien qu'elle ne soit plus aussi puissante qu'au Moyen-Age, elle restait la seule institution humaine à connaître l'existence de la société des Loups. Elle était celle qui leur avait permis de survivre durant l'inquisition en les engageant comme chasseurs de sorcières. Et encore aujourd'hui, leur survie ne dépendait que du bon vouloir du Pape.

Versipellis - L'héritier de la MeuteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant